La Banque africaine de l’énergie, un projet panafricain destiné à combler le déficit de financement des projets pétroliers et gaziers en Afrique, a déjà réuni près de la moitié de son capital initial. L’Angola, le Nigeria et le Ghana, figurent parmi les premiers contributeurs, illustrant un engagement croissant de l’Afrique à pallier le retrait des bailleurs de fonds internationaux des énergies fossiles.
S.T.
La Banque africaine de l’énergie (AEB), institution panafricaine dédiée au financement des projets pétroliers et gaziers en Afrique, tend, progressivement vers sa concrétisation. Selon Omar Farouk Ibrahim, secrétaire général de l’Organisation des producteurs de pétrole africains (APPO), 45% des 5 milliards USD constituant le capital initial ont déjà été mobilisés, et ce avant même la constitution juridique de la Banque. Ce projet vise à combler la pénurie de financements qui frappe ces secteurs stratégiques en Afrique, particulièrement après le désengagement de nombreux bailleurs de fonds internationaux. Lors de la Conférence Angola Oil & Gas tenue à Luanda, Omar Farouk Ibrahim a précisé que l’Angola, le Nigeria et le Ghana figurent parmi les premiers soutiens financiers de l’AEB. « Je crois que nous sommes la première banque de développement à être passée de la conceptualisation à la quasi-réalisation en un peu plus de deux ans », a-t-il ajouté.
La réunion des ministres africains du pétrole, prévue pour le 1er novembre prochain, devrait finaliser la date de lancement officiel de la Banque, dont le siège sera établi au Nigeria. Annoncée en mai 2022 par la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) et l’APPO, l’AEB ambitionne de réduire la pauvreté énergétique sur le continent en comblant le vide laissé par le retrait de plusieurs bailleurs de fonds traditionnels des énergies fossiles. Ce désengagement est notamment le fruit de pressions environnementales accrues. Durant la COP26 à Glasgow, une vingtaine de pays développés ont annoncé la fin, dès fin 2022, des financements des projets d’énergies fossiles à l’étranger, à moins que des technologies de capture de carbone ne soient intégrées. Une initiative similaire avait été prise en décembre 2017 par le Groupe de la Banque mondiale, qui a mis fin aux financements des activités en amont du secteur pétrolier et gazier après 2019, sauf exceptions pour les pays les moins avancés où l’accès à l’énergie en dépend.
La Banque européenne d’investissement (BEI) a également cessé de financer les projets d’énergies fossiles depuis la fin 2021, accentuant la pression sur les projets pétroliers et gaziers africains. Face à cette situation, les compagnies internationales spécialisées dans l’exploitation des hydrocarbures se retirent de plus en plus des actifs africains, invoquant notamment des risques environnementaux, politiques et sécuritaires. Quant aux compagnies pétrolières nationales africaines, très peu disposent des moyens nécessaires pour combler ce déficit croissant de financements. C’est dans ce contexte que la Banque africaine de l’énergie veut se positionner comme un levier financier, destiné à soutenir les efforts des États africains pour développer leurs ressources énergétiques. Le but affiché est clair : réduire la pauvreté énergétique sur le continent tout en s’assurant que les pays producteurs d’hydrocarbures puissent continuer à exploiter et valoriser leurs ressources malgré la transition mondiale vers des énergies plus vertes.