Rencontre officielle. Le chef de l’Etat béninois, Patrice Talon et le président nigérian Muhammadu Buhari se sont rencontrés effectivement ce mercredi 28 aout 2019 à Yokohama, au Japon. Ceci, en marge des travaux de la 7ème Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD). La question de la fermeture de la frontière de Sèmè-Kraké était au centre des discussions.
Joel YANCLO
Vers la réouverture totale de la frontière à Sèmè-Kraké. C’est ce qu’il convient de retenir de la réunion bilatérale tenue, mercredi 28 aout 2019 à Yokohama, au Japon, en marge de la 7ème Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD) entre les deux présidents béninois et nigérian. Au cours de leurs échanges, le président Buhari a informé le président Talon des motifs de la fermeture. Ainsi, le numéro un nigérian a attribué la fermeture partielle de la frontière entre le Nigéria et le Bénin aux activités massives de contrebande, notamment de riz, se déroulant dans ce corridor. Le Président Buhari, qui a exprimé sa grande inquiétude face à la contrebande de riz, a déclaré que cela menaçait l’autosuffisance déjà atteinte grâce à la politique agricole de son administration. «Maintenant que les ruraux retournent dans leurs fermes et que le pays a économisé d’énormes sommes d’argent qui auraient autrement été dépensées pour importer du riz avec nos rares réserves de devises étrangères, nous ne pouvons plus permettre la contrebande de produit à des proportions si alarmantes pour continuer », a déclaré Muhammadu Buhari, selon des propos rapportés par son Conseiller spécial, Femi Adesina, dans un communiqué du State House. Pour le président nigérian, la fermeture limitée de la frontière occidentale du pays était destinée à permettre aux forces de sécurité nigérianes d’élaborer une stratégie visant à enrayer la dangereuse tendance et ses ramifications plus larges. Répondant aux préoccupations exprimées par le président Talon au sujet de l’ampleur des souffrances causées par la fermeture, le président Buhari a déclaré qu’il en avait pris bonne note et qu’il reconsidérerait la réouverture dans un avenir très proche.
Bientôt un mini sommet entre chefs d’Etat sur la question
Muhammadu Buhari annoncé au cours de ses échanges avec Patrice Talon qu’une réunion avec ses homologues du Bénin et du Niger serait bientôt convoquée pour définir des mesures strictes et complètes visant à réduire le niveau de la contrebande à travers leurs frontières. Un peu plus tôt, le président Talon avait déclaré avoir appelé le président nigérian à la suite des graves conséquences de la fermeture de la frontière nigériane sur le Bénin.
Les importations de riz du pays le plus peuplé d’Afrique, avec plus de 200 millions d’habitants, ont chuté de 95% au cours des quatre dernières années sous le contrôle du gouvernement de Buhari. Dans le même temps, les importations du Bénin, qui ne compte que 11 millions d’habitants, ont bondi pour en faire le principal acheteur de la Thaïlande, le deuxième marché mondial producteur, selon l’Association des exportateurs de riz thaïlandais.
Depuis le mardi 20 aout 2019, il est observé l’application de mesures de restriction à la frontière bénino nigériane de Sèmè. Cette situation qui perturbe les échanges commerciaux entre les deux pays faisait suite à l’exercice conjoint de sécurité des frontières ordonné par le gouvernement et visant à sécuriser les frontières terrestres et maritimes du Nigéria. L’exercice, baptisé «Ex-Swift Response», était codé par le personnel des douanes, de l’immigration, de la police et de l’armée et coordonné par le Bureau du conseiller à la sécurité nationale. Cette fermeture de la frontière a donné un coup d’arrêt aux activités commerciales entre le Bénin et le Nigeria. L’une des conséquences de cette restriction est la flambée du prix de l’essence de contrebande flambe au Bénin. De 325 francs CFA mardi, le jour de la fermeture, il a grimpé jusqu’à 600 francs CFA dans certaines localités, notamment à Cotonou et Porto Novo, la capitale. Dans les communes plus éloignées de Cotonou, le litre d’essence est passé à 900 francs CFA pendant qu’ailleurs il est carrément inexistant avec des répercutions sur le des transports et des denrées alimentaires. Mais le dénouement est tout proche.