Les fausses informations, communément appelées « fake news », dérivées de l’intelligence artificielle (IA), représentent la plus grande menace pour l’humanité à court terme, selon un rapport publié par le Forum économique mondial (WEF) la semaine dernière, en partenariat avec le Zurich Insurance Group et Marsh McLennan.
Issa DA SILVA SIKITI
« Au cours des deux prochaines années, les acteurs étrangers et nationaux exploiteront la désinformation pour creuser davantage les divisions sociétales et politiques. Alors que près de trois milliards de personnes devraient se rendre aux urnes dans plusieurs pays, dont le Bangladesh, l’Inde, l’Indonésie, le Mexique, le Pakistan, le Royaume-Uni et les États-Unis, le recours généralisé à la désinformation et aux outils permettant de la diffuser pourrait saper la légitimité des gouvernements nouvellement élus. Les troubles qui en résulteront pourraient aller de manifestations violentes et de crimes haineux à des affrontements civils et au terrorisme », a prédit le rapport de WEF publié le 10 janvier.
L’avertissement du WEF intervient dans un contexte décrit par les experts comme une « explosion de fausses informations » sur le continent africain, où il devient de plus en plus difficile de distinguer le vrai du faux.
« Les régimes autoritaires utilisent souvent la désinformation pour renforcer leur pouvoir en manipulant l’opinion publique et en réduisant la crédibilité des médias indépendants, pendant que les groupes militants cherchent également à exploiter la désinformation pour susciter des tensions et attiser les conflits. Les entreprises et des individus, tirent également parti de la désinformation en Afrique pour obtenir des avantages économiques ou politiques, par exemple pour discréditer des concurrents, influencer des marchés ou détourner l’attention du public des problèmes réels », a déploré Africa Cybersecurity Magazine.
La fin de la vérité ?
A en croire le rapport de WEF, à mesure que la vérité est mise à mal, le risque de propagande et de censure intérieures vont augmenter, et en réponse aux erreurs et à la désinformation, les gouvernements pourraient être de plus en plus habilités à contrôler les informations en fonction de ce qu’ils considèrent comme étant la « vraie vérité ». C’est ainsi que les libertés liées à l’accès libre à l’internet, à la presse et à l’accès à des sources plus larges d’informations qui sont déjà en risque de déclin, vont sombrer dans un niveau dangereux de répression.
Selon l’Institute for Security Studies (ISS), à mesure que l’accès au numérique se développe en Afrique, on constate que des acteurs extérieurs utilisent de plus en plus les plateformes de réseaux sociaux à des fins géopolitiques. « Les campagnes de désinformation menées par la Russie dans des contextes tels que celui du Mali, en soutien aux putschistes et contre une présence militaire française anti-insurrectionnelle, en sont l’une des illustrations ».