Alors que son utilisation dans la chaîne agricole mondiale ne date pas d’aujourd’hui, le glyphosate, vu comme un « poison », connaît un rejet systématique de part et d’autres. Depuis le 1er février 2020, le Luxembourg est devenu le premier pays de l’Union Européenne à exclure ce produit tant controversé.
Sylvestre TCHOMAKOU
Conformément à l’accord qu’il a conclu en 2018 quant aux herbicides soupçonnés d’être mauvais pour la sécurité alimentaire et même celle de ses terres, le Luxembourg, à compter du 1er février 2020, est devenu le premier pays de l’Union Européenne à bannir le glyphosate. D’après le gouvernement luxembourgeois, d’ici le 31 décembre 2020, les produits phytopharmaceutiques à base de glyphosate seront du passé. Pour ce faire, trois étapes ont été définies. Il s’agit essentiellement du retrait de l’autorisation de mise sur le marché au 1er février 2020 (ce qui est déjà éffectif) ; du délai d’écoulement des stocks défini jusqu’au 30 juin puis un délai de grâce pour l’utilisation de ces produits fixé au 31 décembre 2020. Selon l’Etat du Luxembourg, dans les faits, près de 60% des exploitations agricoles du pays ont déjà renoncé au glyphosate.
Le glyphosate à la touche
Renouvelée en 2017 par l’exécutif européen, la licence d’utilisation du glyphosate dans l’UE est valable jusqu’au 15 décembre 2022. Dans la logique de l’interdiction de cet herbicide de plus en plus désapprouvé, en Belgique, les Régions ont d’abord interdit l’usage du glyphosate. Depuis 2018, la commercialisation, la vente et l’utilisation non professionnelle des herbicides totaux, comme le «Roundup», est interdite. Depuis le 31 décembre 2018, la vente des herbicides sélectifs (par exemple, le désherbant qui permet d’éliminer les pissenlits, pâquerettes, etc. dans une pelouse) est également proscrite. Ainsi, à l’image de certains pays Africains comme le Togo, le Luxembourg s’inscrit dans la dynamique de la sécurité alimentaire de ses citoyens en interdisant l’utilisation du glyphosate. D’autres pays ont déjà entamé un mouvement similaire. En Autriche, le pesticide devait déjà être interdit début 2020 mais le gouvernement a reculé en décembre pour une faute de procédure. La proposition de loi aurait en effet dû être notifiée à la Commission européenne « afin que celle-ci et les Etats membres puissent formuler des observations ». Quant à elle, la France a prévu « de sortir de l’essentiel des usages au 1er janvier 2021, et de tous les usages au 1er janvier 2023 », selon le gouvernement Français. Contrairement à ces pays, le Bénin pour sa part reste ouvert au glyphosate avec comme principal motif qu’il est « peu dangereux ». Pour mémoire, le jeudi 23 août 2018, réagissant par rapport à la polémique suscitée au Bénin après la condamnation aux Etats Unis de la firme Monsanto pour son herbicide Roundup contenant le produit glyphosate, le ministre de l’Agriculture, Gaston Dossouhoui a précisé que 8 à 9 formules de produits utilisant la molécule glyphosate sont utilisées au Bénin. Mieux, tous ces produits sont contrôlés et homologués par le comité national d’homologation des pesticides, soutenait-il. Ainsi, à double sens, le courant évolue autour de cet herbicide longtemps présent dans l’exploitation agricole mondiale.