L’exploitation forestière formelle offre plus de 13,2 millions d’emplois dans le monde, génère plus de 5000 produits différents et engendre une valeur ajoutée brute supérieure à 600 milliards de dollars US par an, selon la Banque mondiale. Cependant, ce secteur étant principalement informel, son inclusion dans le calcul du Produit intérieur brut (PIB) pourrait doubler sa contribution et quadrupler le nombre d’emplois.
Issa SIKITI DA SILVA
Au Bénin, un pays où les forêts sont considérées comme le support même de la production agro-pastorale, le secteur contribue seulement 3% au PIB. Cependant, l’aspect informel de l’exploitation forestière procure des emplois à un nombre considérable de ménages. Ces emplois informels consistent, entre autres, à ramasser du bois, à produire du charbon de bois, à transporter et à vendre ces produits, et à cueillir des plantes médicinales qui vont servir de tisanes.
Chaque année le 21 mars, le monde célèbre la journée internationale des forêts pour mettre en exergue l’importance de cette source d’emplois, de richesse, de guérison, d’énergie et d’ environnement qui est constamment menacée par l’activité humaine, surtout en Afrique, où les forêts représentent environ 16% de la superficie forestière mondiale.
Tisanes
« Les plantes médicinales commencent à se faire de plus en plus rare à cause de la destruction des forêts. A l’allure où vont les choses, on aura plus des tisanes dans dix ans pour se soigner si rien n’est fait pour stopper ce sabotage », déclare Sarah Codjo, une vendeuse de tisanes à Cotonou.
Les béninois, tout comme 80 % des africains, se soignent pour l’essentiel, avec des plantes médicinales locales car les médicaments importés sont beaucoup trop chers et il est très dangereux de les acheter au marché, renseigne Microprojects.org. Mais ces plantes, souvent arrachées, repoussent de moins en moins et la surexploitation entraine leur disparition.
Energie
Pour de nombreux pays, les forêts sont une importante source d’énergie : 65 % de l’énergie primaire produite en Afrique provient de la biomasse solide (bois de chauffage et charbon de bois notamment), selon la Banque mondiale. « Les combustibles à base de bois demeureront l’une des premières sources d’énergie dans les pays à faible revenu et, dans les pays développés, ils sont de plus en plus considérés comme une alternative écologique aux combustibles fossiles », ajoute la Banque mondiale. Au Bénin, la filière bois de feu emploie entre 15000 à 20000 personnes et rapporte un chiffre d’affaires de près de 7 milliards de FCFA.
D’autre part, le service le plus vital rendu à l’humanité par les forêts est sans doute celui de combattre les changements climatiques. « Leur capacité à freiner le changement climatique en absorbant, grâce à la photosynthèse, le CO2 dégagé par les combustibles fossiles fait partie de ces services vitaux, sachant que le déboisement, la dégradation des forêts et les changements d’affectation des terres contribuent à hauteur de 12 % environ aux émissions mondiales de CO2 », révèle la Banque mondiale.
Forêts en danger
Environ 41.2% ou 4,5 millions d’hectares du Bénin sont couvert de forêts, selon la FAO. Le Bénin a aussi 755 espèces d’amphibiens, d’oiseaux, de mammifères et de reptiles, y compris 2500 espèces de plantes vasculaires, selon le World Conservation Monitoring Centre. Les forêts béninoises sont catégorisées en forêts classées, sacrées, protégées et non classées.
« Sacrées, protégées, classées ou non classées, les forêts du Bénin sont en danger », déclare Aqueduc.info, un site suisse des actualités de l’eau.
« Environ 100 000 hectares de forêts au Bénin sont détruits chaque année pour de raisons, entre autres, de feux de brousse, défrichement pour l’agriculture, coupe des arbres pour en faire des bois d’œuvre, de service ou de feu, ou pour fabriquer du charbon de bois », se lamente Bernadette Dossou, présidente de l’ONG OFEDI Bénin lors d’une interview accordée à Adequations.org, un site de développement durable et de diversité culturelle.
« Ainsi, on assiste à de grandes trouées dans les forêts classées de l’Etat, parfois les forêts sacrées ou fétiches, jalousement conservées par les communautés durant des siècles, sont aussi agressées », déplore Bernadette Dossou.
Gestion durable
Le World Resources Institute estime qu’il coûterait 350 milliards de dollars US par an pour restaurer les terres dégradées du globe. À l’échelle mondiale, la gestion durable des forêts nécessiterait entre 70 et 160 milliards de dollars US par an (Banque mondiale, 2014). Cependant, la mobilisation d’un financement adéquat pour le secteur forestier reste difficile. Les forêts doivent jouer un rôle de premier plan face aux enjeux mondiaux que constituent le changement climatique, les pénuries alimentaires et la nécessité d’améliorer les moyens de subsistance d’une population en essor, dixit la Banque mondiale.
Les forêts, tout comme l’eau et l’air, constituent un patrimoine commun à préserver et de véritables trésors y sont cachés, conclut ‘’Patrimoine Bénin.org.’’.