La fiscalité est l’un des instruments les plus importants dont dispose un gouvernement pour atteindre des résultats économiques, politiques et sociaux ; elle joue un rôle primordial dans un pays, notamment dans la mise en œuvre des objectifs de développement fixés par les décideurs, selon la Banque mondiale. Malheureusement, en Afrique, bon nombre de personnes (surtout les riches) et des organisations – bien qu’elles soient conscientes du rôle primordial des impôts sur l’économie – ont mis des stratégies « rusées » en place pour éviter de payer les taxes.
Issa DA SILVA SIKITI
Un récent rapport de la CNUCED indique que l’Afrique perd chaque année 88,6 milliards de dollars à cause des flux financiers illicites (FFI), ce qui représente environ 3,7% du PIB du continent. Cela constitue la moitié du déficit de financement de 200 milliards de dollars nécessaire pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) d’ici 2030 en Afrique.
« Dans la plupart des pays, l’évasion fiscale est monnaie courante et constitue un problème complexe pour les autorités fiscales. C’est un problème typique, notamment dans les pays dotés de systèmes faibles et inadéquats de collecte des impôts », ont souligné Kopeng Obed Richmond et Albert Msimang Mncwango, deux chercheurs de l’université de Cape Town, dans une étude publiée en 2022.
Ils ont renchéri que l’évasion fiscale pourrait être la raison pour laquelle de nombreux pays africains sont surchargés de dettes extérieures parce que leur collecte des impôts est inadéquate.
« Il est nécessaire que les pays africains mettent en œuvre des politiques ciblées pour maximiser la mobilisation des recettes et prévenir les pertes de recettes fiscales », ont insisté deux experts de la Banque mondiale, Dief Reagen Nochi et Fahaoludele Folarin.
Un autre expert, Abbi M. Kedir, a renforcé le clou, soulignant que la fuite des capitaux et l’évasion fiscale sont des problèmes de développement importants qui nécessitent une attention urgente des gouvernements s’ils aspirent à augmenter les recettes publiques et réduire la vulnérabilité aux chocs.
Réduction de la pauvreté
« L’élargissement de l’assiette fiscale augmente les recettes publiques et est essentiel à la réduction de la pauvreté dans les pays africains. Avec la volatilité de l’aide publique au développement, des investissements directs étrangers, des prêts étrangers et des envois de fonds, il est clair que la mobilisation des ressources intérieures via les impôts est une source vitale de revenus pour les gouvernements africains », a-t-il expliqué.
Kopeng Obed Richmond et Albert Msimang Mncwango, déjà cités ci-dessus, lancent un appel solennel aux gouvernements des pays en développement à collaborer avec l’autorité chargée de la collecte des impôts pour s’assurer que ceux qui commettent le délit d’évasion fiscale soient sévèrement punis, condamnés et forcés de payer des amendes afin de donner l’exemple à d’autres personnes qui oseraient leur emboîter le pas. « Ils doivent aussi utiliser les recettes fiscales d’une manière efficiente et réduire le gaspillage, afin qu’un plus grand nombre de particuliers puissent être encouragés à payer leurs impôts ».