La Banque mondiale a publié ce mercredi 31 juillet 2019 son rapport Évaluation des politiques et des institutions nationales (CIPA). Sur une moyenne de 3,1, le Bénin obtient 3,5 points grâce à la bonne gestion économique.
Félicienne HOUESSOU
3,5 c’est la note globale que la CIPA accorde au Bénin après une analyse de la gestion macroéconomique du pays. Plusieurs indicateurs ont favorisés cette tendance. Il s’agit de la gestion économique (qui inclut la qualité de la politique monétaire et de change, la politique budgétaire, la politique et gestion de la dette), des politiques structurelles (constituées du commerce, du secteur financier, du cadre réglementaire des entreprises), des politiques de lutte contre l’exclusion sociale et de promotion de l’équité ( l’égalité des sexes, l’équité dans l’utilisation des ressources publiques, la valorisation des ressources humaines, la protection sociale et main-d’œuvre, les politiques et institutions axées sur la durabilité écologique), de la gestion et institution du secteur public (les droits de propriété et gouvernance fondée sur les règles, la qualité de la gestion budgétaire et financière, l’efficience de la mobilisation des recettes, la qualité de l’administration publique, la transparence, la redevabilité et corruption dans le secteur public). Selon cette étude de la Banque mondiale, de façon globale, la gestion macroéconomique du Bénin n’a pas du tout évolué entre 2010 et 2018. La situation est restée stable avec la note de 3,5.
Une gestion économique solide
De tous les indicateurs de performance, la gestion économique est le groupe le plus performant au Bénin. Elle obtient la plus forte note de 3,8. Ceci grâce aux nombreuses réformes opérées dans le secteur. Il s’agit entre autres de la lutte contre la corruption, l’assainissement de la filière portuaire, la gestion de la dette…). Le rapport CPIA de cette année examine plus attentivement la question de la gestion de la dette, la qualité de la politique budgétaire dans ses fonctions de stabilisation et de répartition, la stratégie de gestion de la dette du pays, la soutenabilité de la dette à moyen terme…Le rapport recommande à ces pays d’améliorer leurs capacités et systèmes de gestion de la dette. Cela contribuerait à accroître la transparence et à stabiliser l’économie à long terme.
Les politiques structurelles et gestion et institutions du secteur public
Les politiques structurelles étudiées dans le rapport CIPA se base sur 3 piliers : le commerce, le secteur financier et le cadre réglementaire des entreprises. Ils ont été noté 3,3 sur une moyenne de 3,2. Légèrement en hausse, les politiques structurelles du Bénin n’ont pas connu trop d’amélioration cette année. Le rapport recommande aux pays IDA d’Afrique d’accélérer la réforme de la réglementation de l’activité économique afin de promouvoir le développement du secteur privé et d’améliorer la mobilisation des recettes publiques intérieures en plus de renforcer leur gestion de la dette. En septembre 2019, l’équipe du rapport a l’intention de participer à des échanges de vues dans plusieurs pays africains sur les résultats et recommandations publiés cette année.
L’indicateur ‘’gestion et institutions du secteur public’’ a été analysé sur la base de la qualité des droits de propriété et gouvernance fondée sur les règles, la qualité de la gestion budgétaire et financière, l’efficience de la mobilisation des recettes, la qualité de l’administration publique, la transparence, redevabilité et corruption dans le secteur public. Une note de 3,5 a été accordée à ce groupe d’indicateurs sur une moyenne régionale de 2,7. Le contexte actuel en matière de primauté du droit, de redevabilité et transparence ainsi qu’en ce qui concerne la qualité des administrations publiques est toujours un obstacle à une utilisation efficiente des ressources publiques au Bénin.
Note CIPA au plan régional : Le progrès pourrait être stoppé dans son élan ?
La note CPIA moyenne attribuée aux 38 pays africains remplissant les conditions nécessaires pour bénéficier de l’aide de l’Association internationale de développement (IDA) est restée inchangée en 2018 à 3,1 sur une échelle allant de 0 à 6. En 2018, la qualité des politiques publiques et des cadres institutionnels des pays les plus pauvres d’Afrique s’est peu, voire pas du tout, améliorée en moyenne. La politique sociale s’est certes améliorée dans certains domaines, mais la gestion macroéconomique s’est détériorée. « Certains pays africains risquent d’hypothéquer l’avenir de leur population en privilégiant la consommation immédiate », avertit Albert Zeufack, Economiste en chef pour l’Afrique à la Banque mondiale. Il poursuit : « lorsque les pays consacrent la majeure partie de leurs recettes au service de la dette, une quantité moindre de ressources est disponible pour l’éducation, la santé et d’autres services essentiels pour les habitants. Le progrès est alors stoppé net dans son élan ».
Les pays fragiles d’Afrique subsaharienne ont légèrement amélioré leurs résultats dans les domaines de l’égalité hommes–femmes, du développement humain et de la stabilité environnementale. Ils ont réalisé de meilleurs résultats en matière d’inclusion sociale que les pays fragiles d’autres régions du monde. La performance des pays africains IDA non fragiles est équivalente à celle des pays de même statut situés dans d’autres régions du monde, en ce qui concerne les politiques d’inclusion sociale, où ils ont obtenu de moins bons résultats notamment en matière d’égalité des sexes. « Traditionnellement, l’amélioration de l’inclusion sociale et de la prestation de services a été un facteur crucial pour que les pays sortent de leur situation de fragilité, donc même quelques modestes pas en avant ont leur importance », estime Gerard Kambou, Economiste senior et principal auteur du rapport CPIA. Pour cet expert, les pays africains, fragiles ou non, doivent continuer de se concentrer sur les questions de genre, d’éducation, de santé, de climat et de gouvernance parallèlement à la gestion macroéconomique s’ils veulent réaliser des progrès réels et durables.