Depuis des années, l’essence frelatée représente un produit à la fois dangereux et très concurrentiel pour les mini-stations. Suite à la décision du gouvernement nigérian mettant fin aux subventions sur le carburant, on s’attendait à ce que la vente d’essence illicite prenne fin. Mais, c’est sans compter le besoin crucial des populations de se procurer de l’essence. L’absence de stations-service dans les régions éloignées du pays a amplifié la problématique.
Certes, le gouvernement a encouragé la création de plusieurs mini-stations dans les principales villes du pays, mais cela n’a pas résolu le problème. Les populations continuent de s’approvisionner en essence frelatée pour satisfaire leur demande. La porosité des frontières du Bénin avec le Nigeria contribue largement à ce phénomène. Certains chauffeurs sont même prêts à parcourir de longues distances, se rendant jusqu’à Kétou ou Owodé pour se fournir en essence frelatée. L’écart de prix entre ces zones frontalières et les principales villes est considérable. Ils peuvent économiser jusqu’à 5000 francs CFA sur 20 litres d’essence frelatée. Bien que le trajet soit long, l’essentiel pour eux reste le bénéfice.
Cette concurrence des prix de l’essence frelatée entre les différentes régions affecte considérablement les mini-stations. Seules les populations aisées et bien éduquées continuent de se fournir dans ces stations, leur priorité étant de garantir la qualité de l’essence pour maintenir leurs moteurs en bon état. Cependant, l’essence frelatée continue de couler, et les populations les plus démunies auront du mal à y renoncer.
Raoul GANDAHO