(Le Bénin, bon élève de l’intégration régionale)
(Marché commun, investissements, santé… des progrès salués)
Après la célébration officielle du 28 mai 2025 à Abuja, la CEDEAO, au niveau des différents États membres, n’a pas voulu passer sous silence son cinquantenaire. À Cotonou, la Représentation de l’institution a célébré, vendredi 30 mai 2025, son jubilé d’or. Discours, témoignages, et évaluation collective des acquis et des défis à venir, ont été les moments forts de cette commémoration.
Sylvestre TCHOMAKOU
Quoiqu’exposée à des chocs de divers ordres (politiques, sécuritaires et climatiques) ces dernières années, la CEDEAO, créée depuis 1975, aura, en un demi-siècle de parcours et d’actions, réussi à faire de la zone ouest-africaine, un modèle d’intégration en Afrique. Fort donc des résultats obtenus, des rêves et ambitions qu’elle continue de nourrir, l’institution régionale, à travers sa représentation au Bénin a célébré, vendredi 30 mai 2025 au Novotel de Cotonou, son cinquantenaire. Mobilisant autorités béninoises, corps diplomatique, acteurs de la société civile, universitaire, etc., ce rendez-vous a été, au-delà du festif, un moment de bilan quant aux progrès enregistrés et d’évaluation des défis. Placée sous le thème « Plus fort ensemble, pour un avenir plus radieux », la célébration de Cotonou a notamment été l’occasion pour le Représentant Résident de la Cedeao, de saluer l’engagement continu du Bénin en faveur de l’intégration régionale.

Dans son intervention, se réjouissant de l’approche proactive du Bénin en matière de libre-circulation des biens et des personnes, Amadou Diongue s’est empressé de relever la réduction significative des postes de contrôle sur les axes routiers et les efforts notables déployés pour fluidifier les échanges intra-communautaires. Des avancées qui font du Bénin l’un des États les plus dynamiques dans la mise en œuvre des politiques communautaires. Pour le diplomate, au-delà d’être également un exemple pour sa coopération étroite avec la représentation résidente de la CEDEAO, son appui à l’Agenda régional, le Bénin est un « champion de la CEDEAO » grâce à son rôle moteur dans la restitution du patrimoine culturel.
50 ans de vitalité économique et politique

Revenant sur le parcours de l’organisation depuis sa création en 1975, Amadou Diongue a rappelé que la CEDEAO, partie d’un projet d’intégration économique, est devenue, aujourd’hui, “une véritable communauté politique”. “Nous avons bâti, a-t-il défendu, un espace où la libre circulation des personnes et des biens est une réalité tangible pour des millions d’entre nous”. Concrètement, au plan économique, l’ambassadeur de la Cedeao en veut pour preuve la mise en place du passeport CEDEAO, la libre circulation effective (même si des insuffisances restes à corriger), le Tarif extérieur commun (TEC), et les efforts de convergence vers la monnaie unique « Eco ». Sur le plan de la gouvernance, il a évoqué les dispositifs mis en place pour la paix, la sécurité et la démocratie, avec des interventions de médiation, des missions de maintien de la paix, et des outils de surveillance de la bonne gouvernance. Des structures telles que le West African Power Pool (WAPP) et le Centre de coordination pour la sécurité maritime ont, selon lui, contribué à positionner la CEDEAO comme un acteur régional incontournable.
Un partenariat renforcé avec le Bénin

Abordant les investissements intra-régionaux, Amadou Diongue va indiquer que le Bénin a été choisi pour bénéficier du Fonds régional pour la stabilisation et le développement (FFRC), avec un financement initial de 2 millions de dollars, destiné à renforcer la résilience des territoires vulnérables dans les Collines, l’Atacora et la Donga. Un fonds soutenu par un appui additionnel de 16 millions d’euros du gouvernement allemand. Aussi, a-t-il rappelé les engagements de l’institution dans divers secteurs : santé, agriculture, alimentation, etc., avec plus de 70 projets achevés en 2024 et d’autres en cours d’achèvement. Se référant au thème du cinquantenaire : “Plus fort ensemble pour un avenir plus radieux”, il n’ pas manqué d’appeler l’ensemble des pays, notamment le Mali, le Niger et le Burkina Faso (AES), à ne pas rompre l’esprit de solidarité voulu par les pères fondateurs de la Cedeao. “Nous sommes convaincus que face au vent contraire, notre seule ancre est la solidarité, notre seul voile est l’action concertée”, a confié Amadou Diongue qui va, par ailleurs, appeler à une action collective plus dynamique, pour répondre aux aspirations des jeunes générations. À travers cette célébration, la CEDEAO a voulu marquer non seulement un anniversaire, mais surtout affirmer la continuité d’un projet régional fondé sur la coopération, l’ambition partagée et la volonté de construire une communauté de destin.
50 ans de la Cedeao : ils ont dit…..
Aminatou Sar, Coordonnatrice résidente des Nations Unies au Bénin
« Une très grande fierté de voir la CEDEAO arriver à 50 ans. 50 ans de construction, 50 ans d’intégration, 50 ans de travail pour créer notre espace ouest africain. En tout cas, en tant que Sénégalaise, je suis fière de faire partie de cet espace. Aussi en tant que coordonnatrice résidente du système des Nations Unies, je suis fière aussi de voir une institution de l’Afrique de l’Ouest célébrer 50 ans de collaboration avec le système des Nations Unies. Je pense que l’intégration passera par les jeunes. La plus grande richesse de notre continent, la plus grande richesse de notre sous-région ouest-africaine reste sa jeunesse, mais aussi ses femmes. Je pense qu’il est important que l’équité de genre, que les femmes occupent l’espace, la place qu’il leur faut, parce qu’on ne peut pas développer nos pays en se passant de la force motrice de plus de la moitié de sa population ».
Maixent Didier Djeigo, Député à l’Assemblée nationale
« Je me réjouis de ce que nous ayons marqué une pause pour célébrer, faire le point de ces 50 ans de communauté, de vivre ensemble, de vie communautaire, d’assurance, de la libre circulation des biens et des hommes, et aussi de collaboration en matière de sécurité, d’éducation, d’emploi, d’agriculture et de sécurité sociale. Le Bénin joue un grand rôle au sein de la CEDEAO, de par son implication dans les politiques de l’institution, mais aussi de par son exemplarité en termes de développement socio-économique et en termes de stabilité politique et de culture de la démocratie. Le bémol, c’est l’avènement de l’AES, mais la CEDEAO se prépare à proposer tous les jours que Dieu fait, parce que les États vont passer, la CEDEAO doit penser au peuple. Quand je dis les États, je parle des gouvernements qui vont passer, mais la CEDEAO, le peuple reste. Donc la CEDEAO se doit de ne pas baisser les bras pour les difficultés qu’elle connaît actuellement ».