Après plusieurs années de formation dans les écoles et centres de formation, les jeunes béninois porteurs de projets d’entrepreneuriat agricole peinent à concrétiser leur rêve. Dépourvus de moyens de toute sorte, ils se sentent de plus en plus oubliés.
Bidossessi WANOU
Jeune diplômé sorti d’un centre de formation agro-pastorale, Roland Sinhou a décidé de se rendre au Nigéria où il a eu vent d’une opportunité de gestionnaire de ferme. Et s’il est vrai qu’il détient les potentialités en la matière, il aurait souhaité mettre ses atouts au profit de son pays. « Je suis sorti du Centre Songhaï depuis 3 ans déjà mais j’ai des difficultés à exercer ce que j’ai appris. A l’instar Roland, Albert Yèhouessi jeune entrepreneur agricole dit vivre les mêmes difficultés. Au fait, explique ce denier, « J’ai fini une formation d’entrepreneur agricole. J’ai monté plusieurs projets mais jusque là, je suis souvent confronté à un problème de moyen et d’espace ». En clair, Albert explique avoir mené des démarches auprès de certaines municipalités pour avoir des espaces à exploiter mais ses efforts sont restés vains pour le moment. « Certains ont promis me revenir mais depuis plusieurs mois, rien ». De son côté, Boris Goudjinou fait la même expérience. A l’en croire, l’accès au crédit est un parcours de combattant, lequel parcours est presque toujours soldé par des échecs. Par rapport à d’autres pays de la sous-région, Boris déplore même l’absence de banques agricoles susceptibles d’accompagner les jeunes entrepreneurs agricoles dans leurs projets. Toute chose qui amène Albert à conclure que l’Etat ne tire pratiquement aucun bénéfice de leur savoir faire alors qu’ils sont capables de beaucoup de choses. Selon lui, il y a des défauts de politique pour accompagner les jeunes sortis des centres de formation agricoles dans leur installation alors que le Bénin dispose d’énormes atouts dans le secteur.
Et pourtant la vallée de l’Ouémé est là
Au cœur de ces difficultés, les jeunes rencontrés accusent une volonté manifeste de l’Etat de ne pas les accompagner. Et pour cause, Albert Yèhouéssi trouve par exemple qu’avec la valorisation de la Vallée de l’Ouémé, plusieurs centaines de jeunes entrepreneurs agricoles pourraient valoriser leurs talents et savoir-faire et soulager le Bénin de l’importation de plusieurs biens tels le riz, les légumes et autres denrées qu’on a la capacité de produire suffisamment sur place. Mais, on a comme l’impression que l’Etat ne nous accorde aucune importance déplore par exemple Boris lui, qui estime qu’« à l’instar des zones dites cotonnières, l’Etat connait des spécificités de certains milieux et sur la base de cela, peur réquisitionner des domaines, y installer des jeunes porteurs de projets d’entreprise avec des modalités de ristourne d’exploitation au besoin ». Au fait, les initiatives privées de demande de domaines à exploiter ne prospèrent pas explique-t-il au motif que certains propriétaires terriens craignent que vous ne leur exproprier ou déposséder à la longue de leur bien. Et pourtant, le gouvernement sait exproprier des terres quand il en a besoin. Comment comprendre donc qu’il ne puisse prendre des initiatives au profit de ces jeunes entrepreneurs agricoles qui ne demandent pas plus que de l’espace pour accompagner le développement de leur pays? Si l’Etat a pu initier un projet de reconversion des conducteurs Zémidjan en exploitants agricoles dans la Vallée de l’Ouemé, même si le projet a du toujours du plomb dans l’aile, identifier des domaines à mettre à la disposition des jeunes entrepreneurs agricole ne serait aussi que faire œuvre utile.