L’éloquence devient une vraie capacité demandée et évaluée en entreprise.Pour accéder au financement, les jeunes qui participent aux concours entrepreneurial sont désormais soumis à des tests d’art oratoire.
Félicienne HOUESSOU
Aujourd’hui la parole est un passeport pour l’intégration entrepreneuriale.Trop longtemps délaissé au détriment de « l’écrit », l’oral redevient une vraie force.Un pouvoir pour communiquer avec émotion des messages clés, des projets de changements et des innovations. Oser prendre la parole et réussir ses présentations orales, savoir « vendre » ses idées ouvre des portes pour l’accès au financement de l’entrepreneuriat. Aldred Dogué, un jeune entrepreneur béninois, spécialisé dans l’agroalimentaire a participé à deux différentes compétitions pour décrocher un financement à son business. Il confie qu’à tous les niveaux, intervient une phase oratoire dans le but de tester la capacité du jeune entrepreneur à vendre son idée devant un public. « Avant de décrocher le deuxième prix du concours d’entreprenariat ‘‘Best Business Plan compétition’’ initié par la Jeune Chambre Internationale (JCI) Bénin et d’être sélectionnés parmi les 20 plus jeunes entreprises africaines dans le cadre du concours d’entreprenariat ‘‘The Anzishaprize’’, il m’a fallu un travail ardent sur l’éloquence », révèle-t-il.Il poursuit : « nous avions fait la présentation de nos entreprises devant un panel de jury, puis nous avions été distingués lors d’une soirée de gala digne du nom. Nous étions 20 lauréats à partager la somme de 100.000 dollars américains et à bénéficier d’un programme de mentorat ». La tâche n’a pas été facile pour Aldred qui a dû vaincre le trac et l’envie de tout stopper.
Art de toucher et de persuader par le discours, l’éloquence est une force qui est accessible pour tous. Seuls le travail personnel et la volonté doublée d’une part de confiance en soi seront les ingrédients d’une réussite annoncée. « Au début démarre le trac, l’envie de tout stopper,…Arrive ensuite la confiance en soi, l’envie de se dépasser et surtout de se prouver que l’on est capable de le faire et réussir sa prestation devant un jury professionnel. Le training révèle les capacités de chacun et fait émerger les potentiels trop souvent cachés ou dissimulés par la peur de ne pas réussir….. Les résultats sont surprenants », martèle Iris, un jeune entrepreneur ayant participé au concours entrepreneurial ‘’Boss accadémy ». A l’en croire, parler c’est bien, mais bien parler c’est encore mieux. Le pouvoir de la parole ne réside pas dans les mots, mais dans la manière de les dire. « L’éloquence sert donc toujours, en tout temps, en tout lieu. Tout entrepreneur devrait être éloquent », martèle-t-il.
Un facteur d’accès au financement
Le financement des jeunes pousses est une étape difficile à surmonter pour la plupart des jeunes, diplômés sans emploi qui décide de se lancer dans l’entreprenariat. Créer son entreprise, c’est une chose. Plaider à la manière d’un avocat, ç’en est une autre. Pour appuyer financièrement ces jeunes qui sautent le pas, plusieurs investisseurs organisent des concours dans le but de former à l’éloquence entrepreneuriale. Certain de ces compétitions sont dénommées ‘’éloquence entrepreneuriale’’ dans l’objectif d’amener les startupeurs à prendre la parole en public tout en montrant leurs capacités à s’exprimer, convaincre et émouvoir l’auditoire. Lors de la finale du concours d’éloquence entrepreneuriale Ifag 2018, le consultant Hervé Lustemberg expliquait qu’un bon orateur connaît son pouvoir : il sait naturellement donner du sens à son message et laisse une trace dans l’esprit de ses auditeurs.Une formation qui paye bien. Car, nombreux sont les jeunes entrepreneurs qui émergent grâce à ces opportunités.
C’est le cas de Aldred Dogué qui a pu accéder au financement nécessaire pour installer une réelle usine de transformation agroalimentaire afin d’intégrer le marché nigérian. « Nous aurons des terres propres pour développer la filière production et transformation des fruits. Avec l’usine que nous ambitionnons mettre en place, nous allons créer 120 emplois directs et plus de 600 emplois indirects », informe-t-il. L’éloquence est une capacité demandée et évaluée en entreprise, car, elle laisse découvrir la maitrise que le jeune créateur a de son idée d’entreprise, sa connaissance du marché et ses stratégies de réussite. Ce qui justifie sa place dans le système d’appui financier.