Lors du sommet climatique de la COP28 à Dubaï en 2023, près de 200 pays s’étaient engagés à tripler la capacité mondiale en énergies renouvelables d’ici 2030, dans le but de limiter le réchauffement à 1,5°C. Cependant, tout en reconnaissant que plusieurs pays fournissent des efforts pour les déployer, les experts et les activistes craignent que le rythme actuel ne soit pas suffisant pour atteindre les objectifs de Dubaï. En mars 2024, la capacité totale des énergies renouvelables dans le monde se chiffrait à 3 870 gigawatts (GW), selon l’Agence pour les énergies renouvelables (IRENA). Le spectacle est désolant en Afrique car sa capacité n’a atteint que 62,10 GW en 2023.
Issa DA SILVA SIKITI
« Le monde sera à 13,5% en dessous de l’objectif mondial de 2030. La pénurie de financements pour les énergies renouvelables dans les pays en développement est l’une des principales raisons de ce déficit. L’Afrique, par exemple, a reçu moins de 2% des investissements mondiaux dans les énergies renouvelables au cours des vingt dernières années, malgré le vaste potentiel de ressources éoliennes, solaires, hydrauliques et géothermiques du continent », a regretté le World Resources Institute (WRI) la semaine dernière, sur son site.
A en croire Bruce Douglas, PDG de la Global Renewables Alliance, cité par le site du WRI, cela est en grande partie dû au fait que les investisseurs sont rebutés par les coûts d’emprunt élevés et les profils de risque des pays. « La modernisation des infrastructures de réseau et les processus d’octroi de permis pour les projets d’énergie renouvelable posent également des défis pratiques majeurs. Nous ne devrions pas nous réjouir. Cette croissance est loin d’être suffisante et elle n’est pas au bon endroit », a déclaré Douglas.
Le directeur-général de l’IRENA, Francesco La Camera, a souligné que les énergies renouvelables surpassaient de plus en plus les combustibles fossiles. Il a ensuite lancé un appel à l’humanité de ne pas se reposer sur ses lauriers. « Les énergies renouvelables doivent croître à une vitesse et à une échelle plus élevées. Pour maintenir le cap, le monde devra désormais accroître sa capacité en énergies renouvelables à un taux annuel minimum de 16,4% jusqu’en 2030 », a-t-il indiqué dans un communiqué.
Défis
Dans un rapport publié en décembre 2023, intitulé « Remedies to the Challenges of Renewable Energy Deployment in Africa », Samuel Chukwujindu Nwokolo, Rubee Singh, Shahbaz Khan, Anil Kumar et Sunil Luthra ont soutenu la déclaration de Douglas (cité ci-haut), expliquant que les problèmes de financement réduisaient considérablement la compétitivité des sources d’énergie renouvelables en Afrique et faisaient qu’il était difficile pour les investisseurs de les considérer comme des alternatives viables aux sources conventionnelles. « Cela est dû à divers problèmes, notamment l’accès limité aux capitaux et au financement ainsi que les obstacles réglementaires qui rendent difficile le démarrage des projets d’énergie renouvelable. En outre, il y a souvent un manque d’infrastructures pour promouvoir la création et l’utilisation de technologies énergétiques durables, ce qui peut entraver la croissance économique locale ».