Environ 266 millions de salariés gagnent moins que le salaire minimum, soit en raison de l’inéligibilité, soit de la non-conformité, selon l’Organisation internationale du travail (OIT). Récemment, le Forum économique mondial (WEF), ce lobby puissant des affaires basé en Suisse, a lancé un appel aux entreprises et aux gouvernements de lutter contre les inégalités salariales en garantissant des salaires plus équitables.
Issa SIKITI DA SILVA
« Alors que la grande majorité des pays du monde ont des politiques de salaire minimum, ces politiques ne sont pas toujours respectées. De plus, les salaires minimums ne reflètent pas toujours les salaires décents, ce qui signifie que le salaire minimum ne permet pas aux travailleurs de subvenir à leurs besoins fondamentaux », a martelé le WEF dans une analyse sur les salaires décryptée par sept experts et récemment publiée sur son site.
A en croire ces experts qui se sont confiés au WEF, les entreprises et les gouvernements bénéficient du paiement de salaires équitables ; les recherches montrent que l’augmentation du salaire minimum peut réaffecter les travailleurs vers des organisations plus productives.
« Augmenter les salaires pourrait servir à lutter contre la pauvreté et les inégalités sociales et stimuler le dynamisme économique. De plus, cela peut aider à démontrer l’engagement à créer des sociétés plus prospères et épanouies en s’alignant sur les indicateurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) et les mesures du capitalisme des parties prenantes », a indiqué le WEF.
Selon Anna Thomas, directrice de l’ Institute for the Future of Work, une organisation britannique de recherche et de développement, une rémunération équitable, dans des conditions claires et transparentes, est fondamentale pour bâtir un avenir de travail meilleur.
« Pour maintenir et démontrer leur engagement, les entreprises devraient divulguer tous les indicateurs de performance et autres indicateurs pertinents pour déterminer la rémunération, que des systèmes décisionnels automatisés soient ou non impliqués », a-t-elle souligné.
Modèle de salaire progressif
Annie Koh, professeure émérite de finance à la Singapore Management University, recommande aux dirigeants des entreprises d’offrir des salaires plus justes en mettant en œuvre un modèle de salaire progressif.
« Un modèle de salaire progressif est un outil à trois fonctions nécessaire pour équilibrer le perfectionnement stratégique, l’amélioration de la productivité et le développement de carrière avec des augmentations salariales progressives. Le modèle fonctionne en fixant les salaires en fonction du niveau de compétence du travailleur tout en offrant une formation continue afin que le travailleur puisse devenir plus hautement qualifié et mieux payé au fil du temps », a-t-elle indiqué.
C’est une méthode qui convient aussi bien aux travailleurs qu’aux entreprises ; verser des salaires plus élevés aux travailleurs qualifiés garantit que les entreprises bénéficient d’une productivité accrue des travailleurs à court et à long terme, a renchéri Annie Koh, affirmant qu’un modèle salarial progressif avait été mis en place à Singapour en 2018 dans des secteurs de services essentiels comme le nettoyage, l’aménagement paysager et la sécurité, et il s’est étendu à d’autres secteurs pendant la pandémie de COVID-19.