En dépit de sa contribution de près de 15% au Produit intérieur brut (PIB) agricole du Bénin, le sous-secteur de l’élevage continue de faire face à de nombreux défis, et semble peu valorisé au niveau national.
Issa SIKITI DA SILVA
L’histoire de cette sous-valorisation pourrait être racontée en tenant compte de la forte dépendance du Bénin en produits carnés sur le niveau élevé des importations de viande et abats comestibles.
Selon SOS Faim, trois freins économiques existent : les prix offerts pour la production sont peu rémunérateurs, les équipements manquent pour valoriser les produits, notamment le lait, et enfin, les financements manquent aux éleveurs pour investir.
D’autre part, poursuit l’ONG belge de développement, deux blocages sociaux découragent les éleveurs béninois. Ils souffrent de préjugés à leur égard et sont mal intégrés dans la société béninoise. Il y a aussi l’accès aux ressources qui n’est pas suffisamment sécurisé pour bien produire et éviter les conflits. Enfin, leur situation foncière reste précaire.
Ce n’est donc pas par hasard que l’élevage au Bénin est loin d’atteindre la contribution moyenne de près de 45% au PIB agricole comme dans de nombreux pays de la CEDEAO.
Les années glorieuses
Malgré les hauts et les bas, il serait évident, à en croire les chiffres de la FAOstat, que ce sous-secteur avait continué à performer remarquablement entre 1961 et 2012, période pendant laquelle la production bovine (en tonnage) avait augmenté de 661%. Ceci pourrait donc être la raison pour laquelle en 2013 on dénombrait déjà un effectif de 2.166.000 bovins. Quant aux ovins et caprins, leur nombre s’élevait à 860.000 ovins et 1.716.000 caprins.
Recensement National de l’Agriculture
Si on devrait analyser les résultats du Recensement National de l’Agriculture (RNA) au Bénin qui ont été publiés en janvier 2022, il serait nécessaire de faire une remarque pertinente. Le Bénin compte actuellement un effectif de 1. 773.157 bovins, 2.295.522 ovins, 2.362 001 caprins et 681.885 porcins, selon les derniers chiffres du RNA.
Bien que toute comparaison ne soit pas une raison, il est triste de constater que dans dix ans l’effectif des bovins a fortement diminué par rapport à l’effectif de 2013.
Cependant, la bonne nouvelle est que l’effectif des ovins et caprins a considérablement augmenté pendant la même période, passant respectivement de 860.000 à 2.295.522 et de 1.716.000 à 2.362 001.
Indifférence politique ?
Bien que les experts déplorent une indifférence politique vis-à-vis de l’élevage comme partout en Afrique de l’ouest, le gouvernement béninois fait de son mieux pour améliorer la contribution de ce sous-secteur à la croissance économique dans un pays où les productions animales ne couvrent pas les besoins en protéines animales de la population.
Le lancement l’année dernière du projet de sédentarisation des troupeaux de ruminants au Bénin (ProSeR), avait, entre autres, pour objectif de réduire les effets pervers de la transhumance.
Que faire ?
Devant l’essor démographique et l’urbanisation qui influencent la demande des produits laitiers et de la viande, et la baisse des revenus des éleveurs, SOS Faim préconise à court terme d’augmenter la taille des troupeaux. La question qu’on va se poser est de savoir si le Bénin a suffisamment des pâturages pour nourrir tous ces troupeaux.