De gauche à droite : Benmohamed, Benakmoum, Louhab, et, debout, Benbraika
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L’économie circulaire a pignon sur rue. Le plus récent événement à l’inscrire à son ordre du jour a été organisé, jeudi 8 juin, au siège du Groupe Elsecom (Bab Ezzouar, à Alger), par l’Association algérienne de Management de Projet (Apma), présidé par Samir Benmohamed, en collaboration avec le Réseau algérien de l’Economie Circulaire (Calec). Deux conférenciers ont animé la thématique retenue » enjeux de ‘économie circulaire dans le développement stratégique de l’Algérie » : le Professeur Krim Louhab, également président du Calec, et le Professeur Amar Benakmoum, spécialiste en agro-industrie, alors que le Professeur Kamal Mohammedi, prévu initialement, s’est abstenu pour des indispositions personnelles. Quant à la modération, elle a été confiée à Mohamed Benbraika, Secrétaire général de l’Apma.
Tour de l’économie circulaire en 4 définitions
Dans son intervention, Pr.Krim Louhab a passé en revue les 6 définitions de l’économie circulaire (EC). Nous en citerons quatre.
La première, de l’ADEM (Agence de maitrise de l’énergie) : « L’économie circulaire peut se définir comme un système économique d’échange et de production qui, à tous les stades du cycle de vie des produits (biens et services), vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources et à diminuer l’impact sur l’environnement tout en développant le bien être des individus.»
La deuxième définition est de Walter R. Stahel, considéré comme le père de l’EC, aappelé économie de boucles, il proposait de substituer de l’énergie par la main-d’œuvre dans une logique qui « consiste à faire usage de ce qui est disponible en abondance (taux de chômage élevé) en réduisant l’utilisation de ce qui manque (le pétrole). »
Walter Stahel, poursuit Pr.Louhab, propose aux entreprises un nouveau modèle d’affaires: l’économie de performance connue sous les termes de l’économie de la fonctionnalité que l’école anglo-saxonne désigne comme le modèle Product-Service System (PSS)
La troisième émane de la Fondation britannique Ellen Mac Arthur, considérée comme un centre de référence en EC au niveau international : « L’EC vise à proscrire la notion de fin de vie des produits, en s’appuyant sur l’usage des énergies renouvelables et les matières exemptes de composants toxiques nuisibles aux êtres vivants et à la nature. »
Quatrième définition présentée par Pr.Louhab est de Vincent Aurez et Laurent Georgeault (2016) qui attribuent à l’EC un cadre permettant la mise en pratique du développement durable : « l’EC porte la volonté d’instaurer la création de valeur en s’appuyant sur des modèles d’affaires circulaires ‘business models (créer, délivrer et capturer de la valeur à partir de boucles fermées de matières) qui puissent se substituer aux modèles d’affaires traditionnels. »
Economie circulaire = consommation responsable
L’économie circulaire, peut également être expliquée notamment comme :
- un circuit fermé de la matière qui minimise la consommation de ressources et les rejets associés (consommation responsable).
- un circuit fermé qui nécessite d’optimiser l’utilisation de la matière (éco-conception, recyclage, réutilisation),
- augmenter la durée de vie des produits (économie de la fonctionnalité, réparation, réemploi)
- limiter les pertes induites en ressources en optimisant leur circulation au niveau territorial (circuits courts, écologie industrielle).
Les 7 piliers de l’Economie circulaire :
L’approvisionnement durable : (extraction/exploitation et achats durables) concerne le mode d’exploitation/extraction des ressources visant une exploitation efficace des ressources en limitant les rebuts d’exploitation et l’impact sur l’environnement notamment dans l’exploitation des matières énergétiques et minérales (mines et carrières) ou dans l’exploitation agricole et forestière tant pour les matières/énergie renouvelables que non renouvelables ». Ce pilier recouvre les éléments relatifs aux achats privés et publics (des entreprises et des collectivités).
L’écoconception : vise, dès la conception d’un procédé, d’un bien ou d’un service, à prendre en compte l’ensemble du cycle de vie en minimisant les impacts environnementaux.
L’écologie industrielle et territoriale, dénommée aussi symbiose industrielle, constitue un mode d’organisation interentreprises par des échanges de flux ou une mutualisation de besoins.
L’économie de la fonctionnalité privilégie l’usage à la possession et tend à vendre des services liés aux produits plutôt que les produits eux-mêmes.
La consommation responsable doit conduire l’acheteur, qu’il soit acteur économique (privé ou public) ou citoyen consommateur, à effectuer son choix en prenant en compte les impacts environnementaux à toutes les étapes du cycle de vie du produit (biens ou service).
L’allongement de la durée d’usage par le consommateur conduit au recours à la réparation, à la vente ou don d’occasion, ou à l’achat d’occasion dans le cadre du réemploi ou de la réutilisation.
Le recyclage vise à utiliser les matières premières issues de déchets.
Quelques chiffres clés :
- A partir de 50 000 téléphones portables, 1 kg d’or et 10 kg d’argent peuvent être extraits, d’une valeur de 40 000 euros
- Les industriels algériens produisent annuellement une quantité de 325.100 tonnes de déchets, tous types confondus, y compris les déchets spéciaux dangereux, et l’analyse avance un chiffre avoisinant les 50% de déchets recyclables
- La production mondiale de déchets solides municipaux est estimée à environ 1,2 milliards de tonnes,
- Cependant, plus de 80% des déchets sont mis en décharge et contribuent à hauteur de 12% aux émissions mondiales de méthane, soit 45 millions de tonnes par an (sachant qu’une tonne de méthane est 25 fois plus néfaste pour le climat qu’une tonne de CO2) ;
- Environ 65 milliards de tonnes de matières premières ont été consommées par le système économique mondial en 2010. Ce chiffre a atteint environ 82 milliards de tonnes en 2020.
Economie circulaire : système régénérateur et efficacité matière
Pr Ahmed Ketab
Pr.Krim Louhab, indique également : « Une économie circulaire est un système régénérateur dans lequel l’apport de ressources et de déchets, les émissions et les fuites d’énergie sont réduits au minimum. »
Il conclut, « l’EC est porteuse en efficacité matière », notamment en :
- amélioration de 25 % de l’efficacité matière,
- remplacement de 50 % des matières vierges utilisées par des matières recyclées,
- doublement de la durée de vie des biens durables.
« On peut y parvenir grâce à une conception durable, à l’entretien, à la réparation, à la réutilisation, au reconditionnement, à la remise à neuf et au recyclage« , conclut-il