L’économie bleue est une branche de l’économie qui traite de l’exploitation durable des océans, des mers, des lacs et de toutes sortes de ressources marines. Mondialement, le secteur vaut 24 000 milliardsde dollars US, selon le WWF. L’Afrique regorge d’une zone côtière de plus de 47 000 km et son industrie maritime est évaluée à 1 000 milliards de dollars par an, selon les Nations-unies. Mais malgré ce potentiel, l’économie bleue reste un terrain très peu exploité dans plusieurs pays africains.
Issa SIKITI DA SILVA
Au Bénin, un pays longé au sud par l’Océan Atlantique et dont la zone côtière mesure 125 km et couvre environ 375 km2 (0,5% de la superficie du pays), les projets d’investissement dans l’économie bleue sont à compter sur les bouts du doigt.
Composantes
Selon Sophie de Saint Denis et Margaux de Fix, l’économie bleue comprend, entre autres, les secteurs suivants qui sont interconnectés et regorgent un potentiel de croissance considérable : la production d’énergies bleues renouvelables (notamment au large des côtes), l’extraction de richesses minières en eaux profondes, la production de pétrole et de gaz au large, l’activité portuaire, les constructions et les réparations navales, le transport maritime à courte et à longue distance, la pêche (dont la lutte contre la surpêche et contre la pêche illicite, non déclarée et non règlementée), l’aquaculture, la bio-prospection, la biotechnologie, le tourisme côtier, maritime et de croisière, l’action contre la pollution des nutriments océaniques (notamment liée à l’agriculture et à la gestion des eaux usées).
La pêche au Bénin
La pêche au Bénin, plus particulièrement la pèche continentale (celle qui concerne les poissons destinés à la consommation humaine et à d’autres formes d’activité économique), contribue seulement à la hauteur de 2% du Produit intérieur brut (PIB) et génère plus de 600 000 emplois directs et indirects et une production annuelle de 250 000 tonnes, selon les chiffres officiels. Et pourtant, ce secteur pourrait générer plus que cela avec toutes les riches ressources marines que le pays possède. Le secteur est déjà confronté à des problèmes de changement climatique (ensablement des lacs et autres), de la pêche illégale, la surexploitation, la pollution des ressources marines et le manque de renforcement des capacités, sans oublier le manque de soutien des pécheurs artisanaux. Ce domaine a grandement besoin d’investissements conséquents pour réaliser son potentiel et créer de nombreux emplois.
Le transport maritime
Les Nations-unies ont déclaré que l’industrie maritime africaine, qui vaut actuellement 1 000 milliardsde dollars par an, pourrait potentiellement valoir près de trois fois plus que deux ans seulement. Le transport maritime est dominé par le Port de Cotonou, l’un des plus importants de l’Afrique de l’Ouest, quia clôturé l’année 2018 avec un tonnage total de 10,3 million de tonnes (dont environ 88% en import), selon son site web. Mais le port, déjà confronté à de nombreux défis, a été récemment confié à la Société Port of Antwerp International (Belgique) pour le moderniser et le gérer. Quant au transport fluvial, il n’est pas très développé au Bénin et se concentre essentiellement autour du lac Nokoué, selon l’INSAE.
Comment créer une économie bleue durable
Il faut d’abord définir des objectifs clairs, mesurables et cohérents qui prennent en compte les différents aspects économiques, sociaux et écologiques pour éviter les conflits et les contradictions, renseigne le WWF. « Il faudra aussi évaluer et communiquer la performance sur ces objectifs et ses cibles. Surveiller leurs progrès et les communiquer à toutes les parties prenantes, y compris le grand public, dans une manière transparente et accessible. Il faudra aussi créer un niveau économique et législatif, un terrain de jeu qui fournit l’économie bleue avec suffisamment des incitations et des règles. Les instruments économiques tels que les taxes, les subventions et les redevances devraient viser à internaliser l’environnement et les avantages sociaux, coûts et risques pour les sociétés. Les lois et les accords internationaux et nationaux, y compris les accords privés, devraient être encadrés, mis en œuvre, appliqués et continuellement amélioré de manière à soutenir une économie bleue durable », ajoute le WWF.
L’Afrique francophone s’organise
Conscients de l’importance capitale de l’économie bleue qui est la nouvelle source de la sécurité alimentaire, d’éradication de la pauvreté, de moyens de subsistance, d’emplois, de santé et de stabilité politique, les pays africains francophones se sont récemmentmobilisés pour lancer à Lomé un nouvel instrument de promotion de l’économie bleue appelé le Cluster maritime d’Afrique francophone (CMAF).
Le cluster va créer un espace d’échanges et de promotion de l’économie bleue dans sa zone de couverture, va également développer le réseau et valoriser le potentiel de l’activité marine, selon Charles Gafan, un togolais, qui a été choisi pour diriger cette institution.
Les pays membres sont : Benin, Burkina-Faso, Burundi , Cap Vert, Cameroun, Centrafrique, Congo, RDC, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée, Guinée-Bissau, Guinée Equatoriale, Mali, Mauritanie, Niger, Rwanda, Sao Tome et Principe, Sénégal, Tchad et Togo.