Au Kenya, le revenu mensuel moyen a augmenté plus rapidement en six ans pour atteindre 20 123 kenyans shillings (près de 103 000 FCFA), après la reprise des difficultés économiques liées à la pandémie de Covid-19, selon les dernières données du Bureau national des statistiques du Kenya (KNBS), citées par le journal économique « Business Daily ».
Jo DA COSTA
« Les revenus ont augmenté à un rythme plus rapide l’année dernière, les entreprises ayant rouvert ou repris leur pleine activité après la contraction de 2020, lorsque les mesures de confinement de Covid-19 ont restreint l’activité économique et supprimé des centaines de milliers d’emploi », explique ce quotidien de Nairobi.
Cependant, poursuit le journal, le revenu moyen – qui tient compte de l’argent gagné à la fois dans le secteur formel et informel – révèle la profonde inégalité de richesse et de revenus au Kenya, une inégalité qui a engendré une classe moyenne minime et des super-salariés, lesquels se distancent de plus en plus de la majorité qui reste coincée avec une tranche de revenu inférieure, a souligné le quotidien.
Malgré le statut économique qu’arbore le pays (sixième économie la plus grande du continent, avec près de 110 milliards USD de Produit intérieur brut), bon nombre de travailleurs kényans vivent encore dans une extrême pauvreté, ne parvenant même pas à joindre les deux bouts.
Coût de la vie
« Face à la flambée fulgurante du coût de la vie, il devient pratiquement impossible de survivre tout le long du mois avec ce salaire de misère. Il faut toujours s’endetter par-ci par-là pour le soutenir, sinon on devient fou. Franchement, ces salaires doivent être ajustés chaque trois mois pour qu’ils reflètent le niveau de l’inflation », a déclaré Julius, travailleur d’une compagnie de téléphonie mobile.
De son côté, Florence se plaint de l’écart qui ne cesse de se creuser entre les riches et les pauvres. « Les gens aisés que je connaissais depuis que j’étais à l’école sont devenus super riches, et les pauvres qui vivaient dans mon quartier se sont plus appauvris et d’autres sont même sans aucun sou. Et puis on nous dit que nous sommes un pays à revenu intermédiaire ! », s’exclame-t-elle.
Selon la Banque mondiale, au cours de la dernière décennie, l’économie du Kenya a surpassé celle des autres pays à revenu faible et intermédiaire (LMIC), grâce au nombre croissant de Kenyans mieux éduqués et en meilleure santé dans la population active contribuant plus que tout autre facteur à la hausse du PIB.
« Mais où se trouve tout cet argent ? En tout cas, il doit y avoir anguille sous roche », rétorque Florence.
Un rapport d’Oxfam International indique que les inégalités sociales sont hors de contrôle au Kenya et la pauvreté affecte encore la vie de millions de personnes.
« Il semble qu’une minorité d’individus et d’investisseurs fortunés profitent des rendements de la performance économique du pays. Alors que cette minorité de Kényans super riches accumule richesse et revenus, les fruits de la croissance économique ne parviennent pas à se répercuter sur les plus pauvres », regrette Oxfam.