L’eau est au centre du développement économique et social, il est essentiel pour la santé, cultiver des aliments, générer de l’énergie, gérer l’environnement et créer des emplois, selon la Banque mondiale. Mais il faut savoir la gérer et la mettre à la disposition de tout le monde en vue de combattre la pauvreté et l’injustice sociale.
Issa SIKITI DA SILVA
Au Bénin, la gestion de l’eau est encore sujette à des nombreux problèmes d’autant plus que les populations rurales sont moins desservies en eau potable par rapport aux grandes villes.
Selon les chiffres du comité du programme de suivi de l’OMS et de l’UNICEF, le taux d’accès à l’eau potable dans les zones rurales béninoises est seulement de 30% contre 57% en milieu urbain. Cependant à l’échelle nationale, le taux d’accès était de 82% à la fin de 2015, selon la Soneb.
Calvaire en milieu rural
Elizabeth Ado, âgée de 15 ans, raconte le calvaire pour s’approvisionner en eau dans son village : « Chaque matin, mes amies et moi faisions de longues distances pour amener de l’eau. Apres ça, il faut se préparer pour aller à l’école malgré cette fatigue et parfois nous ratons une journée de cours. Ici à Cotonou il y a plein d’eau et c’est dans la maison. Je ne vais pas retourner, je vais étudier ici ».
« Au village, c’était le calvaire pour avoir accès à l’eau potable. Au fil du temps, mon petit commerce n’y tenait plus par manque d’eau potable car il en dépendait à 100%. Alors ma famille et moi avons dû quitter pour venir à Cotonou parce que la vie devenait de plus en plus difficile. Ici, l’eau potable coule du matin au soir pendant que chez nous il y a presque rien. C’est injuste », affirme Catherine Dossou.
Plus de 55% de la population du Benin vit dans les milieux ruraux.
En mai 2018, la Banque mondiale semblait avoir entendu les cris de cœur des populations rurales du Bénin car elle avait approuvé un financement de 220 millions de dollars par le biais de l’Association internationale de développement (IDA) pour aider le Bénin à étendre l’accès à l’eau à tous les habitants des zones rurales.
Gestion de l’eau
« La disponibilité et la gestion de l’eau ont une incidence sur la scolarisation des filles pauvres, sur le fait que les villes soient des lieux de vie sains et sur le fait que les industries en croissance ou les villages pauvres peuvent résister aux conséquences des inondations ou des sécheresses », renseigne la Banque mondiale.
« À l’heure actuelle, les problèmes liés à l’eau aggravent les inégalités existantes. Ce ne doit pas être comme ça. La mauvaise gestion de l’eau peut aggraver l’inégalité. Certains groupes déjà marginalisés sont encore plus marginalisés par les problèmes liés à l’eau. Pour ces groupes, les injustices auxquelles ils sont confrontés à cause de l’eau aggravent les pressions économiques et sociales déjà subies », soulignent Leah Schleifer et Betsy Otto, deux experts de l’Institut mondial des ressources (WRI), lequel indique que la gestion des ressources en eau reste également un grand défi.