A degré différent, les Etats africains tout comme les Etats des autres parties du monde ont d’énormes défis à relever pour offrir de meilleures conditions de vie à leurs populations, et par conséquent, connaître une croissance forte. Pour le compte du continent africain, sur la décennie naissante (2020-2030), cinq (05) facteurs sont à maitriser par les Etats concernés, selon Kwame Senou, expert des services marketing.
S.T.
Recul démocratique, massive ruée d’investisseurs, insécurité humaine liée à la croissance démographique, renforcement de la carte de souveraineté des grands Etats vis-à-vis des pays voisins. Ce sont là, les situations que relève Kwame Senou sur la décennie naissante des Etats africains, notamment l’horizon 2020-2030, dans son billet publié sur « Financial Afrik » le 02 mars 2020. En effet, portant une réflexion prospective sur les scénarios futurs de l’Afrique, le Fondateur et Vice-président d’Opinion & Public, Kwame Senou soutient qu’il faudra investir dans le développement humain sur le continent en raison des agissements enregistrés çà et là tout au long de la précédente décennie. « Le recul de la démocratie est la toute première force avec laquelle il faudra compter », souligne-t-il. A l’en croire, ce point se manifeste déjà par des élections contestées du fait de l’exclusion, de l’élimination des adversaires politiques par la loi et son interprétation partisane. Ces problèmes qui constituent selon lui, un élan de remise en cause de la démocratie, se renforcent avec les révisions opportunistes des constitutions avec la levée des verrous de 2 mandats. « Les transmissions monarchiques ouvrent un contexte de crise politique qui augmentera considérablement le risque politique pour les organisations choisissant d’opérer dans ce contexte. Ce sont des situations dont l’impact sera négatif à moyen, long terme au-delà des actions d’éclat du court terme », analyse-t-il. Du point de vue de la massive ruée d’investisseurs vers l’Afrique, se tablant sur les analyses du magazine «The Economist » dans son dossier « The New Scramble for Africa », Kwame Senou note une concentration des investissements dans les « hubs économiques » du continent tels que : Maroc, Côte d’Ivoire, Nigeria, Kenya, Afrique du Sud. La finalité, note l’analyste, est d’envahir chaque partie du continent pour profiter de cette croissance démographique rapide. Les conséquences, à l’en croire, ne sont rien d’autres que l’adoption de l’Anglais, les alliances stratégiques, les rachats mais aussi les disparitions des acteurs qui ne se seront pas adaptés. De même, grâce aux services facilités par la technologie, cette ruée, ne manquera point d’impacter les consommateurs.
La croissance non incluse comme source d’insécurité
S’il est une réalité que la croissance non inclusive a marqué presque tous les pays africains au cours de la précédente décennie, il en est de même que la crise politico-sécuritaire a aussi dicté sa loi.Conséquences: « les africains les plus talentueux sont de moins en moins résilients face au climat socio-économique et souhaitent vivre au Canada, en Europe ou même au Moyen Orient et en Asie. Les problèmes du Sahara Sahel peineront à trouver solutions et seront alimentés davantage par les situations politiques internes aux pays et la précarité de la grande majorité restée sur place », avertit-il. Pour lui, c’est la plus intense en raison de la croissance de la démographie et de l’amplification de l’insécurité humaine qui s’en suivra.
Renforcer l’intégration économique
La dynamique des Etats africains qui est celle d’une intégration économique intégrale n’est pas sans susciter l’admiration de Kwame Senou. « C’est un pas important », évoque-t-il quant à la zone de libre-échange continentale (Zlecaf). « Cette volonté d’intégration, poursuit-il, continuera d’influencer les décisions au cours de la décennie naissante, avec comme conséquence la naissance de plus de géants panafricains opérant sur plus de la moitié des pays du continent à chaque fois. ». Au titre de ces nombreux avantages, on note également l’apparition des synergies entre producteurs locaux et industriels chargés de créer de la valeur sur place.
Repenser la souveraineté des Etats
A l’avènement de la fermeture çà et là des frontières terrestres entre les Etats, les organisations sont appelées à une adaptation rapide, mais surtout la mise en place d’alliances dans le secteur privé créant des interdépendances de telle façon qu’il soit impossible aux pays de se fermer. Se référant aux récents cas du Nigeria en Afrique de l’Ouest ou encore du Kenya en Afrique de l’Est qui parlent de mesures protectionnistes en fermant leurs frontières aux pays alliés, « il apparaît clairement que l’investissement dans le développement humain doit devenir une priorité pour les organisations quelles qu’elles soient. » conclut-il. Pour lui, c’est en l’homme africain que réside la solution aux menaces crédibles qui semblent embrouiller toutes les opportunités qui se dessinent sur la décennie. Pour un continent plus prospère et riche de ses atouts, il s’avère donc indispensable la construction de la confiance entre les Etats et les peuples africains.