Créée en 1994 avec la volonté de faciliter l’intégration socio-économique entre les peuples et Etats de la sous-région, l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) a désormais trois décennies d’existence. A Ouagadougou où s’est déroulée la célébration de cet évènement le 10 janvier 2024, la Commission de l’Uemoa a relevé les avancées ainsi que les défis.
F.V.
Conçue depuis déjà 30 années, l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), quoiqu’ayant connu un parcours en pointillés, aura eu le mérite de contribuer à l’amélioration de la compétitivité des activités économiques et financières des États membres, avec un marché relativement ouvert et concurrentiel et un environnement juridique partiellement stable. Ce bilan, l’institution, par la voix de son Président en exercice, l’assume et ne doute point de l’urgence de repartir sur de nouvelles bases en prenant en compte les défis et besoins actuels de la sous-région. « Des progrès réels ont été enregistrés grâce au dynamisme des différentes instances de notre Union, avec le fonctionnement régulier de tous ses organes décisionnels, juridictionnels et consultatifs ainsi que celui de nos institutions spécialisées autonomes », a exprimé Abdoulaye Diop dans son allocution d’ouverture avant d’exprimer sa gratitude aux Chefs d’Etat qui se sont succédé à la tête des différents pays de l’Union « pour leur engagement sans faille en faveur de la construction et de l’approfondissement du processus d’intégration ». Avec pour thème central « UEMOA, 30 ans : une expérience d’intégration résiliente face aux chocs exogènes », ces noces de perle de l’institution ont été pour le Président Diop de reconnaître que « malgré les succès indéniables enregistrés, nous faisons face aujourd’hui à des défis notamment sécuritaires et économiques avec un environnement régional et mondial de plus en plus perturbé ». Ces défis ont été abordés au cours des différentes communications qui ont meublé la célébration. Il s’agit entre autres de : « Modèle économique de l’UEMOA et résilience », « contribution des femmes à la résilience de l’Union », « perspectives d’approfondissement de l’intégration régionale face aux chocs exogènes », présentées respectivement par Souleymane Diarra, Directeur de la Stratégie et de l’Evaluation, Barbara Rosine Ky, Directrice du Genre et Paul Koffi Koffi, Commissaire chargé du Département du Développement de l’Entreprise, des Mines, de l’Energie et de l’Economie Numérique. Les communications modérées par le Commissaire Filiga Michel SAWADOGO, chargé du Marché Régional et de la Coopération, ont été enrichies par les contributions des participants, tant en présentiel qu’en visio-conférence. Les réflexions, à en croire le Président de la Commission de l’Uemoa, se poursuivront tout au long de l’année et déboucheront sur des propositions concrètes et consensuelles pour l’avenir de la sous-région.
Une économie dynamique au cours des dernières années
Avec une étendue de 3 506 126 km2, l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) abrite une population de 123,6 millions d’habitants. En 2019, le taux de croissance du Produit intérieur brut (PIB) à prix constants a atteint 6,1%. Selon les projections de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), le PIB réel de l’UEMOA devrait s’établir à 5,4% au troisième trimestre 2023 et à 4,9% au quatrième trimestre, après avoir enregistré une croissance de 5,7% au deuxième trimestre 2023. Ces chiffres témoignent du dynamisme économique de cette région. Entre 2011 et 2019, la zone UEMOA a enregistré un taux de croissance moyen du PIB réel dépassant les 5,7% annuellement. En 2020, malgré la pandémie de coronavirus, la région a démontré une résilience notable avec un taux de croissance de 1,7%. La croissance a légèrement ralenti en 2022 à 5,7%, portée par les investissements et la consommation finale. Suite à la crise découlant du conflit russo-ukrainien, la zone a de nouveau démontré sa résilience et sa capacité à rebondir économiquement. En ce qui concerne les services marchands non financiers, une croissance de 7,7% a été enregistrée en août 2023, comparativement à 6,8% le mois précédent. L’augmentation du chiffre d’affaires des services marchands est observée dans tous les pays de l’UEMOA, avec des hausses significatives au Mali (+12,2%), au Togo (+11,4%), en Côte d’Ivoire (+10,6%), au Sénégal (+7,5%), en Guinée-Bissau (+4,6%), au Bénin (+3,2%), et au Niger (+0,8%). Les prix des matières premières exportées par les pays de l’Union ont augmenté en septembre 2023, reflétant les inquiétudes liées aux conditions d’approvisionnement et à la baisse de l’offre. En revanche, les prix des produits alimentaires de base importés ont connu une baisse. En termes de production industrielle, une augmentation de 4,3% a été enregistrée en glissement annuel, après une hausse de 3,1% en juillet 2023.