Les experts et les défenseurs de l’environnement ont accueilli avec soulagement les nouvelles régulations de l’Union Européenne (UE) visant à interdire dans son espace la vente des produits spécifiques associés à la déforestation et à la dégradation des forêts, comme le soja, le bœuf, l’huile de palme, le bois, le cacao, le café et certains produits dérivés, tels que le cuir, le chocolat et les meubles.
Issa SIKITI DA SILVA
« Avec l’introduction de mesures réglementaires larges et innovantes, le projet de législation envoie un signal fort aux pays et aux entreprises impliqués dans la production, l’importation et le commerce de matières premières à risque forestier », a souligné mardi le World Resources Institute (WRI), un think-tank des questions environnementales basé à Washington.
Avec plus de 60% du cacao mondial et environ 50% de son café vendus en Europe en 2016, l’UE est l’un des plus grands importateurs de matières premières liées à la déforestation. Et le cacao et le café sont deux des sept produits agricoles qui ont entraîné le plus du quart de la perte mondiale de couverture de forêts entre 2001 et 2015, selon le WRI.
Les nouvelles régulations pourraient avoir des conséquences néfastes sur des pays tels que la Côte d’Ivoire et le Ghana qui fournissent à eux seuls 60% de la production mondiale de cacao. Plus de 80% de la production nationale ivoirienne est acheminée vers l’Europe.
Et c’est justement la façon dont ce cacao est produit dans ces deux pays qui représente la pomme de discorde entre ces pays et les défenseurs de l’environnement.
En février, un rapport de l’ONG environnementale Mighty Earth a révélé que 19 000 et 39 000 hectares de forêts ont été détruits depuis 2019, respectivement, en Côte d’Ivoire (2% de son couvert forestier) et au Ghana (4% du couvert forestier). Les experts attribuent ce rythme monstrueux de déforestation à la culture du cacao.
Génocide forestier
Entre 1990 et 2020 seulement, le monde a perdu 420 millions d’hectares de forêts, une superficie plus vaste que celle de l’Union Européenne. Face à ce génocide forestier qui n’en finit pas, L’UE a donc décidé de passer à la vitesse de croisière en adoptant des lois qui bouleverseraient les normes établies dans le commerce international.
« Ce règlement ambitieux, visant à réduire l’empreinte internationale de l’UE sur les forêts, contribuerait considérablement à réduire les émissions de gaz à effet de serre, tant en Europe que dans le monde. Cela pourrait également avoir un impact positif sur la biodiversité et promouvoir des modes de production et de consommation durables », a indiqué le WRI.
En vertu de la proposition de ces lois, les entreprises sont tenues de faire preuve de diligence raisonnable pour s’assurer que les marchandises doivent également avoir été produites légalement et seuls les produits sans déforestation sont autorisés sur le marché de l’UE.
Désormais, les entreprises devront prouver qu’aucune marchandise n’a été produite sur des terres déboisées ou dégradées.