En Afrique, la cryptomonnaie s’invite à pas de géant dans les transactions financières. Dans son nouveau rapport sur la blockchain en Afrique subsaharienne, « Chainalysis » révèle que plus de 100 milliards de dollars ont été transférés dans la région au cours des dernières années.
S.T.
Quoique déconseillées par les Nations Unies, les cryptomonnaies qui, selon certaines opinions offrent plus de liberté financière aux utilisateurs, intègrent avec rapidité les habitudes en Afrique, notamment en Afrique subsaharienne. D’après l’étude réalisée et publiée fin septembre, par Chainalysis, une société spécialisée dans l’analyse de données relatives à la blockchain, les transactions en cryptomonnaies ont atteint 100,6 milliards de dollars en Afrique subsaharienne, entre juillet 2021 et juin 2022, soit plus de 6.700 milliards FCFA. En hausse de 16% par rapport à la période juillet 2020 – juin 2021, ce montant ne représente cependant, que 2% des transactions en cryptomonnaies recensées dans le monde. Chainalysis explique qu’en dépit de sa faible part dans les transactions en cryptomonnaies, l’Afrique subsaharienne abrite des marchés parmi les plus développés à l’échelle planétaire. Il s’agit notamment du Nigeria et du Kenya, qui occupent respectivement les 11e et 19e rangs dans l’indice mondial d’adoption des cryptomonnaies élaboré par Chainalysis. L’Afrique du Sud, qui arrive en tête du classement des pays de la région en termes de volume de transactions brutes en cryptomonnaies, est également classée dans cet indice (30è, rang mondial). Selon l’étude, le paysage crypto d’Afrique subsaharienne se caractérise par un marché de détail prédominant et une utilisation massive des plateformes P2P. Mieux, les transferts de détail représentent 95% de l’ensemble des transferts.
En se limitant aux transferts de détail inférieurs à 1 000 dollars, cette proportion atteint 80 %. Selon des interviews réalisées par Chainalysis avec des utilisateurs de cryptomonnaies en Afrique subsaharienne, la prédominance du marché de détail est un reflet du choix de nombreux jeunes de la région de se tourner vers les cryptomonnaies comme un moyen de préserver et de construire leur richesse, par opposition à d’autres pays où les jeunes utilisent les cryptomonnaies comme un moyen de multiplier leur richesse existante. « Nous voyons beaucoup de traders qui échangent au quotidien pour joindre les deux bouts. Nous n’avons pas de gros traders de niveau institutionnel en Afrique subsaharienne. Les personnes qui font tourner le marché ici sont des particuliers », a expliqué Adedeji Owonibi, fondateur de Convexity, un cabinet nigérian de conseil en produits blockchain.
Chainalysis précise, par ailleurs, que les cryptomonnaies sont un des outils les plus utilisés pour les transferts de fonds transfrontaliers et les transactions commerciales, tout en estimant que l’utilisation des cryptomonnaies en Afrique subsaharienne continuera de croître tant que les habitants de la région seront confrontés à des problèmes que ces monnaies virtuelles peuvent résoudre, tels que la préservation de l’épargne en cas de volatilité économique et la possibilité d’effectuer des transactions transfrontalières dans des endroits où les contrôles des capitaux sont stricts.