Dans une région (Afrique subsaharienne) où près de 240 millions de personnes vivent dans des bidonvilles à cause notamment des politiques inadéquates de logement, l’urbanisation rapide et incontrôlable et la corruption au sommet de l’État, toutes les solutions pour se taper une habitation « soi-disant décente » sont permises. Les maisons en conteneurs sont l’une de ces solutions.
Issa DA SILVA SIKITI
Au Nigeria, la quatrième économie du continent en proie à un déficit de logement de plus de 20 millions par an et à une crise économique sans précédent et où les matériaux de construction coûtent les yeux de la tête, les maisons-conteneurs offrent une alternative sûre pour ceux qui ne sont pas financièrement capables de louer ou d’acheter des maisons « originales ». « It’s better than nothing (c’est mieux que rien) », a répondu d’emblée Ekene, un commerçant transfrontalier de passage à Cotonou. « Cela fait deux ans que nous vivons dans une maison-conteneur, moi, mon épouse et notre enfant. C’est confortable et la vie est belle. Je ne me plains pas parce que nous sommes en sécurité et à l’abri des bandits et des intempéries ». Avant de s’installer dans ce conteneur qu’il appelle fièrement « my home » (ma maison), Ekene a vécu dans l’un des plus grands bidonvilles de Lagos, la capitale économique du Nigeria, dont il refuse de citer le nom à cause de la honte et la douleur qu’il ressent juste en citant le nom de ce « ghetto ».
« C’était horrible. J’ai fait dix ans dans ce coin maudit, vivant et dormant dans des conditions plus qu’inhumaines jusqu’à ce qu’un ami m’a suggéré l’option d’une maison-conteneur. Au début, je croyais que c’était une blague mais quand on m’amené là où ces gens produisent ces maisons, c’était incroyable. Le reste appartient à l’histoire », raconte-t-il.
Populaires et abordables
La popularité des maisons-conteneurs ne cesse de monter en flèche un peu partout en Afrique subsaharienne, y compris au Kenya et en Afrique du Sud, deux des plus grandes économies d’Afrique.
Une tribune publiée par Big Box Containers, un fournisseur sud-africain de ce type de maisons, témoigne : « Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles les maisons-conteneurs deviennent de plus en plus attrayantes pour les acheteurs potentiels. L’un des principaux atouts est leur prix incroyablement abordable par rapport à l’achat ou à la construction d’une maison ordinaire en brique et mortier. De plus, les maisons-conteneurs ont souvent des coûts prévisibles, car la plupart du travail est effectué pour un prix fixe et convenu à l’avance à l’usine ».
Ekene appelle ses compatriotes nigérians et ses « frères et sœurs » africains à privilégier la solution de maison-conteneur, au lieu de continuer à vivre dans des taudis et à attendre des logements délivrés à travers les programmes de l’État, qui selon lui, prennent du temps et sont inaccessibles à cause de la corruption et du népotisme.
Lagos compte plus de 157 bidonvilles, selon les chiffres révélés par Taibat Lawanson, du Département de l’Aménagement Urbain et Régional, citée par le journal Premium Times.
Une maison-conteneur. Photo by Vecteezy.