Dans cet entretien, Youssouf Camara, Directeur Général de la Maison de l’Afrique à Paris passe en revue, la mission et le bilan des actions que mène la Maison de l’Afrique pour le développement du secteur privé.
Présentez-nous la Maison de l’Afrique à Paris ?
L’appellation Maison de l’Afrique date des années 70 parce que ce lieu se veut un cadre où les Africains sont contents de se retrouver pour travailler ensemble. La Maison de l’Afrique est une entreprise créée sous l’impulsion de trois chefs d’Etat : Pompidou ; Senghor ; Houphouët-Boigny pour doter les pays africains d’un véhicule qui leur permet de faire la promotion de l’économie des cultures et de l’art africain à Paris et en Europe. C’était cela la vocation de la Maison de l’Afrique. Autrement dit, la Maison de l’Afrique vient compléter la cartographie d’organisation qui existait dans les années 70 pour permettre aux porteurs de projets culturels et artistiques de s’appuyer sur la Maison de l’Afrique pour faire rayonner l’Afrique en Europe. C’est cela la vocation de la Maison de l’Afrique. Le savoir-faire africain ; le talent africain ; l’économie africaine, la culture africaine se font en intelligence de ce que l’histoire africaine et la France ont de positifs. Ce que j’ai perçu des documents auxquels j’ai eu accès quand j’avais pris la direction générale de cette Maison ; c’est une vraie volonté d’accompagner les porteurs de projets culturels ; artistiques ; économiques au bénéfice de l’Afrique. C’est ce qu’on retrouve dans le fil de ce que l’Afrique a fait depuis ces trois décennies à Paris et en France. C’est-à-dire que la Maison de l’Afrique s’est mise au côté des porteurs de projets pour leur permettre de faire changer d’échelles à leurs initiatives.
Que fait concrètement la Maison de l’Afrique ?
La Maison de l’Afrique en tant que société anonyme appelle des projets économiques. Nous ne sommes pas dans une institution publique ; nous ne sommes pas dans une association ; nous sommes bien au cœur d’un véhicule entrepreneurial pour accompagner des entrepreneurs parce que derrière la culture, il y a des entrepreneurs ; derrière l’art il y a des entrepreneurs ; derrière la gastronomie il y a des entrepreneurs et derrière l’économie il y a des entrepreneurs. Il y a des situations emblématiques qui font la particularité de cette maison. C’est la seule entreprise qui existe depuis 48 ans et qui a onze pays au sein de son Conseil d’administration ; c’est déjà une très bonne réussite. Deuxièmement, c’est une entreprise qui est autonome financièrement ; elle génère ses propres ressources ; elle est à l’équilibre. Elle a eu, comme toute entreprise, des difficultés pendant la crise sanitaire de la Covid-19. Nous avons un important plan de relance de son économie sur trois ans, donc c’est une entreprise viable et fiable ; je pense que c’est aussi ça qui fait sa singularité. La troisième singularité, c’est qu’elle parle d’Afrique à partir de Paris.
Quel bilan pour la Maison de l’Afrique ?
A Paris ; dans le bureau où nous recevons, les porteurs de projets peuvent prendre la parole au nom de l’Afrique en toute sérénité. La Maison de l’Afrique est en train de devenir au fil du temps une vraie agence d’intelligence stratégique au service des pays africains. Evidemment nous avons des partenariats avec des entreprises, des Chambres de commerce qui sont nos actionnaires.
Qu’est-ce qui explique votre présence au Bénin ?
Je constate depuis quelques mois que la diaspora béninoise et la Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin (CCI Bénin) et l’Etat du Bénin sont dans une dynamique extrêmement enthousiasmante. C’est l’une des raisons de ma présence ici à Cotonou pour quelques jours. La deuxième raison, c’est pour des projets très concrets avec la CCI Bénin. Nous avons un très grand projet sur la promotion et la protection de la marque africaine. Nous avons un véhicule prototype de projet qui est un projet africain. La Chambre de Commerce du Bénin est partenaire au projet. Nous cherchons un véhicule prototype pour prototyper ce projet, donc c’est un projet panafricain. L’absence de préservation de la marque africaine est source de déficit économique pour l’Afrique. Je mets au défi tout Africain qui pourra citer cinq marques africaines, spontanément la plupart des gens en sont incapables. La culture de la marque n’est pas une culture complètement partagée en Afrique. Alors que la réalité économique nous montre tous les jours que si vous n’êtes pas une marque vous n’êtes rien. Un savoir-faire, un produit quelle que soit sa qualité, s’il n’est pas soutenu par une marque crédible, il n’a pas la valeur de son concurrent-marque. La Maison de l’Afrique initie à ce niveau un grand projet africain d’identification, de reconnaissance et de promotion des marques africaines à partir du Bénin. On parle de centaines de milliards d’Euro lorsqu’on parle des marques, cela touche tous les secteurs de la vie économique. On pense à la mode ; au design ; l’art. On peut avoir plein d’idées de ce que les autres peuvent faire mais je pense qu’on devrait d’abord commencer les choses par soi-même et être ce changement qui éclaire les autres. Ce qui peut être une bonne raison sur le chemin de la transformation de l’écosystème dans lequel on évolue.
Quelle est votre appréciation de l’initiative Choisir le Bénin initiée par la Chambre consulaire du Bénin pour le développement du secteur privé ?
La Chambre de commerce et d’industrie du Bénin, fidèle à sa mission d’assurer la représentation, la promotion des intérêts communs des opérateurs économiques de la République du Bénin a lancé l’initiative Choisir le Bénin. Choisir le Bénin, pour profiter ensemble de la dynamique de transformations profonde dont le Bénin est l’épicentre depuis 2016. Choisir le Bénin, pour élargir les réseaux des partenaires pour une diversification des opportunités au profit du secteur privé du Bénin. Choisir le Bénin et nouer des relations durables avec des entreprises du pays afin de saisir depuis le Bénin des opportunités immenses qu’offre toute l’Afrique.
Transcription : Belmondo ATIKPO