La 55ème session de la Conférence des Ministres des Finances, de la Planification et du Développement Économique de la Commission Économique pour l’Afrique (CEA) s’est tenue du 15 au 21 mars 2023 à Addis-Abeba en Ethiopie. Au nombre des invités de marque, Dr Edoh Kossi AMENOUNVE, Directeur général de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) a présenté, mardi 21 mars 2023, ses ambitions pour le développement des marchés de capitaux en Afrique.
« L’accélération de la reprise et de la transformation de l’Afrique pour réduire les inégalités et les vulnérabilités ». C’est le thème de la Conférence des Ministres des Finances, de la Planification et du Développement Économique de la Commission Économique pour l’Afrique. L’objectif de cette conférence est de renouveler l’attention portée à la réduction de la pauvreté, des inégalités et autres facteurs qui rendent la population africaine continuellement vulnérable à ces fléaux, et de relancer des actions à cet égard.
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A cette occasion, Dr Edoh Kossi AMENOUNVE, Directeur général de la Bourse régionale des valeurs mobilières a partagé son point de vue, pour que les marchés de capitaux africains puissent contribuer réellement à la réalisation des ambitions de l’Afrique. Il s’agit pour lui : d’améliorer la mobilisation de l’épargne à long terme sur notre continent en adoptant des réformes structurelles pour accroître la collecte de l’épargne par les fonds de pension, les fonds souverains, les compagnies d’assurance-vie et organismes de placement collectif etc. ; Profiter de la digitalisation pour accéder à l’épargne disponible auprès des particuliers; Mener une lutte vigoureuse contre la fuite des capitaux.
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Le patron de la BRVM a également suggéré qu’il faille Encourager l’actionnariat populaire en ouvrant de façon volontariste le capital des sociétés à participation majoritaire des Etats et des entreprises ayant une forte contribution à la formation du PIB dans nos économies notamment celles du secteur financier qui font appel à l’épargne publique. Le DG de la bourse régionale de l’Uemoa a aussi recommandé de réformer le marché de la dette publique et privée avec des mécanismes et instruments nouveaux et innovants (adaptés aux PME et au développement durable) et favoriser une meilleure rémunération du risque; Le rôle et l’indépendance des agences de notation locales doivent ainsi être renforcés. Pour Dr AMENOUNVE, il faut accélérer l’intégration financière (Union monétaire et bancaire) et boursière (AELP) réelle pour accompagner utilement la ZLECAF. « C’est dans l’optique de mieux prendre en compte les marchés de capitaux dans l’agenda de développement de l’Afrique que j’ai signé le 21 juillet 2022 à Lusaka, en ma qualité de Président de l’Association des Bourses Africaines (ASEA), un accord de partenariat avec l’Union Africaine », a conclu le DG de la BRVM dans son intervention. En effet, la Conférence des Ministres des Finances, de la Planification et du Développement Économique de la Commission Économique pour l’Afrique est l’une des plus importantes instances de dialogue et d’échanges de vues entre les ministres africains chargés des finances, de la planification et du développement économique et les gouverneurs des banques centrales sur des questions relatives au programme de développement de l’Afrique. Ainsi, le Président de la Conférence, Monsieur Mouhamadou Bamba DIOP a expliqué qu’il faut trouver des sources et des mécanismes innovants de financement pour l’Afrique en renforçant notamment le rôle des marchés de capitaux ; réduire les risques liés aux chaînes d’approvisionnement en stimulant la production manufacturière et agricole ; tirer un meilleur parti de la ZLECAF pour réaliser une intégration économique plus large et plus profonde ; adopter des politiques qui tiennent compte de l’évolution climatique pour un développement durable. « La question de l’amélioration du financement à long terme est donc au cœur des préoccupations majeures de notre continent. Et les bourses africaines sont interpellées pour trouver de véritables solutions dans ce cadre », a-t-il exhorté.
La situation socioéconomique en Afrique passée en revue
Les crises socio-économiques récentes en Afrique ont été passées au scanner lors de la conférence. Il faut dire que l’Afrique est confrontée à une série de crises qui se chevauchent et sont récurrentes. Il s’agit de : la pandémie de COVID-19, la guerre en Ukraine et le changement climatique qui ont exacerbé la pauvreté et les inégalités, déjà importantes sur le continent. La pauvreté et l’inégalité créent des risques pour l’atteinte des ODD et pour la prospérité, la paix et la sécurité de l’Afrique ainsi que pour le contrat social. Pour mettre fin à la misère à laquelle le continent est confronté, il faut favoriser un modèle de développement centré sur les populations et intégrer la pauvreté et les inégalités dans les stratégies de développement nationales et régionales. Noter que l’Afrique représente la plus forte proportion des pauvres du monde, 54,8 % en 2022 (devant l’Asie du Sud – 37,6 %). 546 millions de personnes vivaient dans la pauvreté en 2022, soit une augmentation de 74 % depuis 1990. 149 millions d’Africains non pauvres (dont la consommation était supérieure de 20 % au seuil de pauvreté) risquaient de tomber dans la pauvreté en 2022. L’Est et l’Ouest du continent représentent un nombre élevé de personnes non pauvres qui risquent de tomber dans la pauvreté en 2022 (48 et 52 millions, respectivement).
Les principales recommandations de la Conférence
Pour booster le développement durable et inclusif en Afrique, des recommandations ont été faites par les participants. Il s’agit de : poursuivre des politiques macroéconomiques inclusives en faveur des pauvres, avec des dépenses ciblées sur les filets de sécurité pour soutenir les pauvres et les plus vulnérables; assurer la mobilisation des ressources pour une reprise inclusive, y compris par le biais d’impôts équitables et en tirant parti du financement climatique pour créer des emplois décents; élaborer une voie de développement structurel qui est juste et qui répond aux besoins des populations, l’industrialisation et l’AfCFTA pouvant agir comme catalyseurs; faire avancer les réformes pour une architecture financière mondiale plus juste et inclusive; réviser le cadre commun du G20 et améliorer le cadre réglementaire de la dette; réformer le mécanisme de recanalisation des DTS afin de promouvoir une plus grande utilisation et de faire en sorte que les allocations de DTS soient considérées de manière analytique; favoriser le financement à coût faible et à long terme pour le développement; renforcer la flexibilité des critères d’éligibilité et de qualification de la résilience; mettre en place un Sustainability Trust qui devra jouer un rôle de catalyseur dans le financement vert ; actualiser la boîte à outils du FMI en réponse à des chocs de plus en plus fréquents; améliorer le cadre réglementaire des agences de notation de crédit et utiliser des instruments de réduction des risques pour améliorer l’accès au marché de capitaux.
Abdul Wahab ADO