Le Ghana mise sur le développement de sa production du niébé. Ainsi, le pays pourrait devenir le deuxième Etat d’Afrique de l’Ouest à commercialiser du niébé génétiquement modifié. Ainsi, ce pays constitue un exemple à suivre par les Etats de la sous-région ouest africaine pour le développement économique et durable.
Abdul Wahab ADO
L’agriculture est le premier secteur de développement pour la plupart de pays africains. Avec la biotechnologie, l’agriculture s’est rapidement développée depuis la dernière décennie. Si la plupart des pays d’Afrique sont encore réticents à adopter les produits des organismes génétiquement modifiés (OGM), les promesses du génie génétique attirent de plus en plus les gouvernements. Au Ghana, par exemple, l’Institut de la recherche agricole de Savannah (SARI) du Conseil de la recherche scientifique et industrielle (CSIR) a soumis une requête à l’Autorité nationale de biosécurité (NBA) pour obtenir l’autorisation de commercialiser une variété de niébé génétiquement modifiée, une première dans l’histoire du pays. L’information a été rapportée le mercredi 13 juillet 2022 par le quotidien Business and Financial Times. Dénommée « PBR », ladite variété est particulièrement résistante aux attaques de parasites dont « Maruca vitrata », principal ravageur de la culture, communément appelé le foreur de gousses. Selon les chercheurs du SARI, ce matériel végétal, s’il est approuvé, permettra aux agriculteurs d’obtenir un rendement de 2 tonnes par hectare pour la légumineuse, soit un niveau quatre fois supérieur à celui des variétés conventionnelles. « Si vous regardez les variétés normales que nous leur distribuons habituellement, nous disons toujours que pour chaque hectare, un agriculteur devrait être capable de récolter pas moins de 20 sacs. Mais sur le terrain, ils sont à peine capables d’obtenir 5 sacs par hectare. Cela signifie qu’ils perdent environ 15 sacs à cause du Maruca Vitrata. Une fois que ce matériel sera disponible, les agriculteurs pourront multiplier leurs rendements par quatre au moins », a déclaré Jerry Nboyine, chercheur principal du projet niébé OGM au CSIR-SARI.
Si en Afrique de l’Ouest, la majorité des pays ne sont pas favorables à l’adoption du niébé PBR, la faiblesse de la production pourrait faire pencher la balance dans l’ex-Gold Coast. En effet, le pays ne produit que 57 000 tonnes de niébé par an, soit environ 3 fois moins que les besoins de consommation qui avoisinent 170 000 tonnes. Pour rappel depuis 2019, le Nigeria est le seul pays de la sous-région qui commercialise le niébé PBR.
En effet, au Bénin, malgré les conditions agro-climatiques favorables au niébé, les rendements sont généralement faibles dans les systèmes traditionnels de culture, entre 500 kg et 650 kg/ha (INRAB, 1996). Or, dans des conditions favorables, le potentiel de rendement peut atteindre 1200 à 1500 kg/ha. Au Bénin, le niébé est la légumineuse la plus cultivée. Il constitue une source importante de revenu des paysans pauvres. Selon une étude, la production du niébé est déterminée par plusieurs facteurs. Neuf variables au total ont été introduites dans le modèle. Car, l’agriculture est le premier secteur économique du Bénin après celui des services. Elle contribue pour 32,7 % en moyenne au PIB, 75 % aux recettes d’exportation, 15 % aux recettes de l’État et fournit environ 70 % des emplois. Elle contribue aussi et surtout à assurer la sécurité alimentaire du pays. Bien que le Bénin dispose des conditions agro-climatiques favorables au niébé, une politique pour augmenter la production comme ce fut le cas de certains produits agricoles tels que le maïs, le soja, le haricot rouge etc, pourrait avoir des retombées pour l’économie béninoise et les autres pays de l’Afrique de l’Ouest.