Dans le cadre de la célébration de la première journée mondiale consacrée à la lutte contre la pêche illégale, non déclarée et non règlementée (INN), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a fait remarqué que de plus en plus de pays ont décidé de rejoindre un accord mondial visant à mettre un terme aux activités de pêche illégale. Selon le communiqué publié par l’organisation ce mardi 5 juin 2018, un poisson pêché sur cinq serait affecté par la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, dont le coût annuel avoisinerait les 23 milliards de dollars.
A ce jour, 54 Etats, ainsi que l’Union européenne, sont devenus parties de l’accord relatif aux mesures du ressort de l’Etat du Port (PSMA) et nombreux sont ceux à avoir déjà commencé à mettre en œuvre ses dispositions. C’est l’information publiée par la FAO dans son communiqué qui précise que les parlements de nombreux autres pays sont en passe de ratifier l’accord. Entré en vigueur en 2016, le PSMA est le premier accord international contraignant à cibler la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN). « A travers le monde, des milliers de personnes sans scrupules pillent les stocks de poissons et vident nos océans. Ce ne sont pas seulement les poissons à en payer le prix, les populations aussi. Vider les océans revient à vider les estomacs et les portefeuilles, » a déclaré Karmenu Vella, Commissaire européen à l’environnement, aux affaires maritimes et à la pêche, lors de l’événement qui se tenait ce mardi au siège de la FAO. En effet, le PSMA tend à décourager les navires qui souhaiteraient exercer des activités illégales, en leur refusant l’accès aux ports et donc en les empêchant de décharger leurs prises et de bénéficier des services portuaires. L’accord empêche également les produits provenant de la pêche INN de parvenir jusqu’aux marchés nationaux et internationaux. Ainsi, de plus en plus de pays choisissent de bloquer les navires transportant des prises illégales. Pour la FAO, c’est la première fois qu’on observe une volonté croissante de mettre un terme à la pêche INN, avec notamment la mise en place d’une série d’instruments internationaux qui permettront de rapprocher la communauté internationale de cet objectif. D’autres instruments tels que les Directives volontaires de la FAO pour la performance de l’Etat du pavillon adoptées en 2014 et les Directives volontaires de la FAO pour un système de documentation des captures adoptées en 2017 servent de complément au PSMA afin d’obtenir une meilleure traçabilité du poisson tout au long de la chaîne de valeur, la rendant par ailleurs plus harmonisée. Le fichier mondial des navires de pêche, des navires de transport réfrigérés et des navires de ravitaillement, opérationnel depuis 2017, est un répertoire d’informations sur les navires participant à des opérations de pêche, qui contribue à la mise en œuvre du PSMA, au suivi des pêches, à leur contrôle et à leur surveillance de manière générale. «Nous avons tous les instruments nécessaires pour réaliser notre objectif mais nous avons également besoin de l’implication de tous les gouvernements et de l’ensemble des principaux acteurs du secteur», a souligné José Graziano da Silva. Selon le communiqué de la FAO, la pêche INN a un impact négatif sur les moyens d’existence, les stocks de poissons et l’environnement. Elle est aussi souvent liée à d’autres activités illégales, telles que le trafic de produits stupéfiants et d’armes, la traite des personnes, l’exploitation des travailleurs et même l’esclavage.
La pêche INN fait perdre des milliards aux pays d’Afrique de l’Ouest
En Afrique de l’Ouest, le poisson représente une importante source de protéines et génère du revenu et des emplois pour quelque 7 millions de personnes. L’épuisement des stocks de poisson a des répercussions extrêmement préoccupantes sur la sécurité alimentaire et l’économie de pays de la région. En raison de la pêche INN, « de 2010 à 2016, la Mauritanie, le Sénégal, la Gambie, la Guinée-Bissau, la Guinée, la Sierra Leone, le Togo et le Bénin ont perdu environ 2,3 milliards de dollars par an en chiffre d’affaires. La pêche INN menace également les progrès accomplis en vue de parvenir à une gestion durable des pêches, soit l’un des Objectifs de développement durable. La pêche illégale est un fléau, une véritable criminalité maritime auxquels la sous-région souhaite vivement mettre fin. Les 06 et 07 décembre 2017, la Direction de la Production Halieutique du Bénin, avec l’appui des forces navales, passe à la répression sur le chenal de Cotonou, à Ouidah et à Grand-Popo. 12 engins ont été saisis. Les filets présentent des mailles de 5 à 10 millimètres, en deçà de celles recommandées qui sont normalement de 70 mm pour les poissons et 50 mm pour les crevettes. La situation est devenue si inquiétante au point de susciter la prise en 2008 de l’arrêté 2008-518, portant interdiction de la pêche aux mysidaces, signé du Ministre en charge de la pêche d’alors, Roger Dovonou. Rappelons qu’au Bénin, la façade maritime s’étend sur 121 km, de la frontière nigériane à la frontière togolaise. Selon les informations contenues dans le Plan d’actions national visant à prévenir et à éliminer la pêche illicite élaboré en avril 2007, la faune d’origine marine comprend plus de 257 espèces de poissons, en plus des espèces de crustacés et autres. On y retrouve essentiellement, entre autres des sardinelles, le poisson rasoir, les maquereaux, les thons et assimilés, les carpes grises, les dorades et les crevettes.
Félicienne HOUESSOU