La sécurité est une denrée indispensable au bon fonctionnement du climat d’affaires au sein d’une nation. Autrefois une prérogative de l’administration publique, elle s’est muée en un business qui fleurit au rythme du besoin grandissant des citoyens de se faire protéger et protéger leurs investissements. Depuis plus d’une décennie l’Agence privée d’investigations et d’analyses stratégiques (Apias) s’est donnée pour mission de relever le challenge de la sécurisation des biens et personnes au Bénin. A travers une interview, le Président directeur général (PDG) de ce groupe, l’ex chef de la Brigade économique et financière (Bef) et contrôleur général de Police à la retraite, Clovis Adanzounon, lève un coin de voile sur les réalités du secteur, ses difficultés et ses alternatives.
L’économiste: Comment peut-on vous présenter ?
On m’appelle Monsieur Clovis Adanzounon, je suis contrôleur général de Police à la retraite. Je suis le PDG d’un groupe, Apias (Agence privée d’investigations et d’analyses stratégiques) et fondé de l’Ecole internationale de détective et de stratégie (EIDS). Je totalise plus de 30 ans d’expérience et j’ai reçu plusieurs distinctions honorifiques nationales dont : la médaille d’honneur de la Police nationale du Bénin et chevalier de l’Ordre du mérite du Bénin.
Durant ma carrière j’ai été : dirigeant de commissariat de Police ayant pour fonction les investigations policières et le maintien de l’ordre ; assistant du conseiller technique à la sécurité du ministère de l’Intérieur, de la sécurité et l’administration territoriale (MISAT) ayant pour fonction l’élaboration en relation avec le conseiller technique, de la politique béninoise en matière de sécurité et de l’administration du territoire ; chef de la Brigade économique et financière ayant en charge la lutte contre la criminalité économique ; directeur départemental de la Police nationale Zou-Collines, ayant pour mission la coordination de la lutte contre la criminalité dans lesdits départements ; conseiller technique chargé de la lutte contre la mafia foncière auprès du ministre en charge de la Décentralisation en République du Bénin.
A ces différentes expériences s’ajoutent celles découlant de mes missions tant au sein des commissions interministérielles telles que la commission nationale de lutte contre la piraterie ou les expériences de mes participations aux conférences internationales et ou enquêtes judiciaires m’ayant conduit à l’extérieur du Bénin.
Comment peut-on présenter l’Agence privée d’investigations et d’analyses stratégiques (Apias) ?
Apias est un cabinet créé en 2008 composé d’experts pluridisciplinaires, sérieux et rapides qui sont des hauts gradés de la Police, de l’ex Gendarmerie et des anciens fonctionnaires civiles de l’administration publique. Il est situé dans la ville de Cotonou au Carré 1115, Wologuèdè. Notre site web est le suivant :www.apiasbenin.com.
Vos activités et les domaines dans lesquels vous intervenez constituent une innovation au Bénin. Pourquoi et comment avez-vous pu initier ce projet ?
J’ai une longue expérience en matière de sécurité et de renseignements. Pour avoir géré des commissariats et des directions départementales de la Police, j’ai pris le temps de mesurer les besoins qui sont ceux de nos compatriotes en matière de sécurité.
Et conscient que la sécurité est essentielle à l’économie je me suis employé à analyser constamment comment adapter tout ce que j’avais comme expériences pour apporter un plus aux concitoyens notamment les opérateurs économiques.
Alors que j’étais en service je ne pouvais donc pas les aider outre mesure. Mais depuis mon départ à la retraite, j’ai toute la latitude de leur apporter mon appui.
Par ailleurs, comme moi, ils sont nombreux les agents permanents de l’Etat admis à la retraite qui sont des compétences avérées dont les opérateurs ont besoin pour davantage faire prospérer leurs activités. Ainsi, le cabinet est la réponse juste et le creuset favorable à l’éclosion de cette deuxième vie après celle professionnelle au service de l’Etat.
Enfin, pour permettre un mixage réussi entre l’expérience et la force de l’âge, nous associons des jeunes qui apprennent à l’ombre des anciens et tout ceci permet d’apporter un plus aux acteurs économiques ainsi qu’aux particuliers.
Quels sont les objectifs qui sous-tendent sa création ?
Disons simplement, que l’objectif premier en initiant le cabinet APIAS, est de mettre mon expérience professionnelle au profit de mes concitoyens. Une expérience et un savoir-faire dont nous avons gratifié la République durant des décennies. Une fois à la retraite, toute cette expérience était appelée à sombrer dans l’oubli. Pour que cela n’arrive et surtout conscient que les populations font constamment face à des besoins qui s’inscrivent dans la droite ligne de nos compétences, nous avons initié le cabinet.
Quels sont vos outils et matériels de travail ou d’investigations ?
Il est vrai que nous sommes dans les domaines de la sécurité, de l’investigation et de l’analyse. Donc, les outils que nous utilisons sont fonction des missions à exécuter. Le cabinet dispose depuis 2014 d’une infrastructure numérique de plus de 13 To dans le cadre de l’activité de renseignement numérique et de veille pour l’intelligence économique. Nous avons un réseau d’agents chevronnés qui facilite l’exécution des missions d’investigation.
Ces agents sont pour la plupart des détectives formés au niveau de l’Ecole internationale de détective et de stratégie.
Quels sont vos partenaires stratégiques dans ce travail qui constitue une 1ère au Bénin et dans la sous région ?
Nos premiers partenaires, c’est d’abord ceux qui ont cru en nos compétences et à qui nous avons apporté notre expertise. Il s’agit des multinationales et clients étrangers (Oryx, Sobebra, SGB, UBA, France créances, JLR conseils, etc.) mais aussi de grands groupes nationaux (SCB, Isocel, Bouclier, Sonacop, ASMAB, Coserci, etc.) des particuliers aussi.
Ensuite la deuxième catégorie de nos partenaires est constituée des consultants de tous ordres et de tous horizons avec qui nous travaillons depuis 2008 ; nos collaborateurs et nos fournisseurs.
Quels sont vos projets à court, moyen et long termes ?
Notre principal projet est de nous positionner comme un leader dans notre domaine dans la sous-région et en Afrique. Et dans le même sens, œuvrer que cette initiative béninoise soit pérenne afin de rompre avec le schéma habituel de la disparition des entreprises africaines après le départ du promoteur.
Quels sont les secteurs dans lesquels vous intervenez ?
Nous offrons des prestations dans les domaines suivants : Expertise en hygiène Sécurité Environnement (HSE) ; intelligence économique ; investigations économiques et civiles ; renseignements commerciaux ; audit sécuritaire, expertise et conseils en sécurité ; audit social et organisationnel ; sondage d’opinions; intelligence électorale.
Quel est le regard que la société béninoise porte sur vos activités ?
Quand bien même nous existons depuis plusieurs années, nous sommes très peu connus par nos concitoyens.Pour ceux qui ont connaissance de notre existence, ils ne manquent pas de s’émerveiller et de s’étonner qu’il puisse exister au Bénin une société comme la nôtre.
Il faut avouer que le béninois est un peu frileux par rapport à tout ce qui est local. La preuve en est que depuis l’extérieur, nos services sont sollicités mais, nos compatriotes eux-mêmes nous sollicitent très peu.
Quel bilan pouvez-vous faire de vos activités ?
Le cabinet Apias existe et exerce depuis plus de dix ans. Le bilan qu’on peut en faire n’est pas négatif. Nous avons collaboré et continuons de collaborer avec des sociétés nationales et internationales, ainsi que des particuliers.
Au titre du bilan d’activités, nous pouvons retenir qu’en dix ans, d’autres entités ont vu le jour. Ainsi, Apias est devenu un groupe composé de cinq entités économiques. Les autres entités du groupe sont:EIDS (Ecole Internationale de Détective et de Stratégie), une école de formation professionnelle; KAF (Kether Assistance Finances), une structure de microfinance en constitution;Les Résidences (LRN), un établissement dont les principales activités sont : opérations de change manuel, guest-house, guide touristique, service traiteur, agence d’évènementiel, BTP, commerce général et divers;EPS-ONG (Education par le sport), une organisation non gouvernementale dont l’objectif social est d’aider les enfants et surtout ceux des milieux pauvres à accéder et à pratiquer des sports de masse (tennis, handball, etc.).
Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?
La principale difficulté est bien évidemment la visibilité auprès des concitoyens. Ces derniers ne nous connaissent pas assez. En tout cas, pas autant qu’on souhaite qu’ils le soient.
Quelles solutions préconisez-vous ?
La première solution est de leur permettre de nous connaître davantage. Et sur ce plan, un travail se fait.L’autre chose qui est fondamentale est d’inviter nos concitoyens à changer de mentalité pour être convaincus que quelque chose de mieux se fait juste à côté d’eux pour répondre à leurs préoccupations de sécurité dans toute son amplitude et toute la profondeur possible.
Avez-vous un appel à lancer ?
La meilleure manière de connaître quelqu’un, c’est de se rapprocher de lui. A tous ceux qui entendent parler de Apias et souhaitent la connaître, nous disons que nos portes sont ouvertes. Ils peuvent venir nous voir. Nous avons sûrement réponse à leurs préoccupations.