Le mouvement des biens et des personnes fait face à des mesures plus restrictives à la frontière bénino nigériane de Sèmè-Kraké. Ainsi depuis le mardi 20 août 2019 des centaines de camions chargés de marchadises sont bloqués de part et d’autres de la frontière de Sèmè-Kraké.
Joel YANCLO
De nombreux voyageurs et véhicules sont forcés au stationnement à la frontière de Sèmè-Kraké entre le Bénin et le Nigeria. Un tour sur les lieux ce jeudi 22 août 2019 a permis de faire cet amer constat, un coup aux échanges commerciaux entre les deux pays. Ainsi, au poste de contrôle juxtaposé de Sèmè-Kraké, des mesures restrictives sont imposées aux déplacements des biens et des personnes. Cette restriction est dans le cadre d’un un exercice conjoint de sécurité des frontières ordonné par le gouvernement fédéral nigérian et visant à sécuriser les frontières terrestres et maritimes du Nigeria. L’exercice baptisé «Ex-Swift Response», est mené par des éléments des douanes nigérianes, de l’immigration, de la police et de l’armée et coordonné par le Bureau du conseiller à la sécurité nationale au pays de Buhari. Dans les faits, ces agents de la sécurité dépêchés à la frontière procèdent à des fouilles minutieuses des voyageurs et des véhicules, ce qui a entraîné de longs délais d’attente. De nombreux véhicules utilitaires transportant des passagers à destination du Bénin comme du Nigeria ont reçu l’ordre de stationner au poste frontière pendant plusieurs heures, tandis que des centaines de camions à destination du Nigéria sont restés garés. Lawal Babaédou, passager d’un bus de transport, a déclaré que leur véhicule avait été garé pour inspection pendant plusieurs heures. «Nous ne savons pas ce qui se passe. Notre bus a été arrêté pour inspection depuis midi, ils nous ont juste demandé d’attendre. Nous avons passé près de trois heures maintenant et personne ne nous dit ce qui se passe. Nous ne sommes pas au courant de la restriction, nous sommes allés en excursion au Ghana et, de retour dans le pays, ils ont simplement demandé au chauffeur d’attendre », a-t-il déclaré. Quant à Daniel Avoseh, un commerçant de noix de coco, il dira que ses quatre camions de noix de coco en provenance du Ghana étaient bloqués au poste frontière depuis le début de l’exercice, mardi 20 aout 2019 et que «jusqu’à présent, ils ne permettaient pas aux camions de passer. Je ne suis au courant d’aucune restriction avant d’acheter des noix de coco au Ghana », a-t-il déclaré. Face à cette situation, le porte-parole des douanes nigérianes, Joseph Attah, a déclaré dans un communiqué à Abuja que l’opération entre dans le cadre des mesures visant à sécuriser les frontières terrestres et maritimes du Nigéria, le service des douanes nigérianes (NCS) et le service nigérian de l’immigration (NIS), en collaboration avec les forces armées du Nigéria (APN) ainsi que la police du Nigéria (NPF) et d’autres agences de sécurité et de renseignement organiseront un exercice conjoint sur la sécurité de la frontière, baptisé «EX-SWIFT RESPONSE».
L’exercice conjoint est coordonné par le Bureau du Conseiller pour la sécurité nationale (ONSA) et se déroulera dans 4 zones géopolitiques, à savoir: Sud-Sud, Sud-Ouest, Nord-Centre et Nord-Ouest. On s’attend à ce que l’exercice favorise la coopération inter institutions et renforce la préparation aux problèmes de sécurité transfrontalière tels que le terrorisme, le banditisme armé, la contrebande, la prolifération des armes légères et de petit calibre, entre autres. L’exercice impliquera également la circulation du personnel, des véhicules et du matériel dans les régions touchées du pays. Par conséquent, nous appelons les membres du public à ne pas paniquer et à continuer à s’acquitter de leurs tâches habituelles. L’objectif général est d’assurer un pays pacifique et sécurisé dans l’intérêt de notre sécurité nationale.Cet execice est prévu pour prendre fin le 15 septembre 2019 voire au-delà.
Opération réccurante
Ce n’est pas la première fois que cette situation a lieu entre le Bénin et son voisin de l’Est, le Nigeria. Fréquemment, pour une raison ou une autre, ce pays procède ainsi avec ses voisins. Actuellement c’est le Bénin et le Niger qui seraient visés par le présent éxercice. Seulement que, aujourd’hui, la Zone de libre échange continental se déploie progressivement en Afrique, ce comportement du Nigéria pourrait susciter des interrogations. L’on se demande si cela va amener les peuples des deux pays, les mêmes d’un côté comme de l’autre de la frontière, à cesser les activités commerciales dont certaines sont illicites, par exemple, la contrebande qui utilise des voies de contournement. D’aucuns estiment que cette attitude des autorités nigérianes peut répondre à des besoins de politique intérieure de sécurité. C’est d’ailleurs ce que laissent entendre des sources nigérianes. Ainsi, il ne s’agirait pas d’une décision dirigée contre le Bénin ou le Niger, juste des mesures visant à garantir la sécurité sur son territoire au regard de la conjoncture politique actuelle au Nigeria. Il est temps pour le Bénin de prendre aussi des mesures protectrices de son économie, une économie si vulnérable chaque fois que le voisin nigérian tape du poing sur la table.