L’entrepreneuriat est l’un des défis importants de notre ère. Aussi bien des hommes que les femmes s’y investissent avec le soutien de diverses organisations. Mais compte tenu d’un certain nombre d’obstacles, les femmes, elles rencontrent parfois bien de difficultés et ont besoin d’être accompagnées. C’est le diagnostic qu’a fait un groupe de femmes entrepreneures béninoises qui a décidé d’appuyer les femmes avec des formations, financements et autres apports avec l’appui des PTF en créant le Women investment Fund (WIFunb) en août 2021. Une conférence a permis de mieux développer les ambitions dudit Fonds le jeudi 30 juin 2022 à Cotonou où nous avons rencontré, Christiane Codjo Tossou, Présidente de WIFund-Bénin qui s’est ouverte à nous sur les ambitions de l’organisation et l’intérêt de la conférence consacrée au financement innovant de l’entrepreneuriat féminin en Afrique.
Vous avez organisé le jeudi 30 juin 2022 à Cotonou, une conférence-débat sur l’entrepreneuriat féminin. Qu’est ce qui a motivé cette initiative ?
En tant que présidente WIFund-Bénin, avec tout le bureau, nous avons voulu organiser une conférence-débat pour échanger avec les partenaires techniques et financiers, le gouvernement, les associations sœurs, tous les acteurs de l’écosystème entrepreneuriale au Bénin parce que notre objectif au niveau de WIFund-Bénin c’est de financer de manière innovante et surtout des financements adaptés qu’on va plus apporter à l’entrepreneuriat des femmes. Nous avons fait le diagnostic sur le terrain que nous avons besoin d’accompagner les femmes, de les former, structurer, renforcer leurs capacités, leur faire comprendre même le financement participatif afin que leurs entreprises soient prêtes pour recevoir nos fonds quand nous allons lancer notre fonds d’investissement en 2024. Mais ça ne peut pas se faire sans les partenaires parce que c’est une synergie d’actions qu’il faut pour qu’on en arrive à avoir des entreprises prêtes pour recevoir des financements innovants.
Parlant d’entreprise, il y en a plus aujourd’hui dans l’informel que dans le formel. Comment arrivez-vous en ce qui concerne les femmes, à les sortir de l’informel en vue de les faire adhérer au WIFund ?
Merci. Vous savez WIFund-Bénin a pour vocation de travailler sur deux segments. Nous avons le segment qui concerne l’entreprise qui est dans l’informel et nous avons un segment qui concerne les entreprises qui existent déjà et qui fonctionnent. C’est vrai que quand on prend aujourd’hui l’entrepreneuriat des femmes, la majorité, à près de 80%, elles sont dans l’informel et nous n’allons laisser personne sur le bas-côté. Nous faisons un travail pour en arriver à créer de la richesse de manière inclusive et donc nous avons des projets. Nous avons notre projet « Formaliz your business » qui est un projet qu’on mettra en œuvre avec les partenaires et qui va servir formellement à essentiellement amener les femmes qui sont dans l’informel vers le formel. On va les aider à se formaliser, leur montrer surtout les avantages qu’elles ont à se formaliser, les aider à faire le pas, les accompagner à avoir de la formation, les aider même à clairement identifier les AGR (les Activités Génératrices de Revenu) et à affiner leurs visions et plan d’actions.
Alors quand on parle aujourd’hui de formalisation dans l’entrepreneuriat, beaucoup pensent qu’il faut avoir beaucoup d’argent. Comment arriver aujourd’hui en tant que femme à avoir de l’argent pour créer son entreprise ?
L’entrepreneuriat, c’est d’abord une idée, une vision, un rêve. C’est ça la première chose. Ensuite, il y a des femmes. Votre question me pose la problématique vraiment qu’on a besoin de montrer des « Success Stories » aux femmes parce qu’on a l’impression qu’il faut beaucoup d’argent pour commencer l’entreprenariat, non. Nous avons des femmes qui ont commencé l’entrepreneuriat avec 5000f CFA. Nous avons l’exemple célèbre du président de la Chambre de commerce et d’industrie du Bénin, l’un des barons pétroliers du Bénin qui a dit dans une conférence qu’il a commencé son entreprise avec 5000f et donc on n’a pas besoin de beaucoup d’argent. On a besoin d’avoir la bonne idée, la formation qu’il faut, la bonne information parce que c’est vraiment l’information qui est la denrée première parce que quand vous décidez d’investir dans une activité, il faut avoir les informations, qu’est-ce qui marche, qu’elle est la chaîne de valeur de cette activité-là. Parce que si vous rentrez dans une activité par exemple que ce soit une activité qui est dans une chaîne de valeur, et si ça marche, vous n’avez pas besoin de beaucoup d’argent. De toute façon, vous avez entendu pendant la conférence, les panélistes l’ont dit, le gouvernement a des initiatives, les Partenaires techniques et financiers (PTF) et donc nous aussi, on a pris l’initiative. Ces femmes-là qui vont se formaliser, auront les capacités, si on les accompagne et qu’on sait maintenant qu’elles ont les outils pour être de bons chefs d’entreprise et qu’elles ont des projets à fort potentiel de croissance, on va les accompagner. Tout à l’heure à la fin de la conférence, nous avions dit, que nous lançons bientôt le « Projet Challenge Fund » pour l’entrepreneuriat féminin et donc c’est ce projet-là, ce sera un téléthon pour essayer de récupérer des fonds près des Moyennes et grandes entreprises et les fonds de WIFund-Bénin également. Nous allons les mutualiser et investir dans les micros entreprises. Mais pour la première expérience, nous allons faire avec les micros entreprises qui sont dans la transformation, dans l’agro-business pour pouvoir impacter la politique de consommons local du gouvernement donc c’est là que nous allons commencer. A titre échelle nous allons avoir comme objectif 50 micro entreprises pour le moment. Nous allons après, évaluer, faire des actions correctives s’il le faut. Cette année ce sera un maximum de 50 millions de fonds et nous allons faire acte, deux actes, trois et nous pouvons aller jusqu’à 200, 300 millions en attendant de créer le fonds. En 2024, notre fonds va naître et nous souhaitons que ce fonds naisse à un milliard pour financer l’entrepreneuriat féminin.
Je le souhaite également. Vous le savez, femme-entrepreneure, il y a forcément des obstacles qui peut-être sont au-delà de ceux que rencontrent les hommes. Quels sont, en tant que femme, les obstacles que vous rencontrez ?
Il est difficile de parler de soi-même. Je pense qu’en général, globalement les obstacles que rencontrent les femmes chefs d’entreprise, c’est déjà sur l’environnement. Nous avons l’environnement des affaires dans nos pays en Afrique en général qui est très masculin, donc les femmes ont des difficultés à se frayer de la place. C’est vrai que aujourd’hui, nous avons des femmes engagées qui ont dépassé ces stéréotypes et c’est à ça que WIFund-Bénin va travailler également parce que nous allons travailler à montrer aux femmes qu’elles doivent se prendre en charge, qu’elles doivent dépasser les stéréotypes, avancer, se positionner et c’est pour ça que nous avons WIFund Académie qui va former les femmes, les accompagner, les structurer de manière à ce qu’elles soient aguerries pour aller valablement sur le marché de l’entrepreneuriat. Notre objectif, c’est d’avoir d’ici 5 ans, le pourcentage que nous avons aux grandes entreprises qui passe au-dessus de 5%. Nous n’avons pas la prétention de tout faire mais nous allons nous battre quand même pour avoir des « success stories » que nous pouvons partager avec les jeunes filles.
Par Bidossessi Oslo WANOU