Le chômage des jeunes menace la cohésion sociale et la stabilité en Afrique, surtout dans les pays à faible revenu, où il sembleavoir engendré des inégalitéssociales inquiétantes. En période de conjoncture économique favorable, les jeunes qui travaillent aident à réduire les inégalités, déclare le Fonds monétaire international (FMI).
Issa SIKITI DA SILVA
En période de prospérité, la réduction du chômage explique en général 41% de la réduction des inégalités dans les économies de marché émergentes et à faible revenu, a affirmé le FMI cette semaine.
« Les jeunes qui travaillent davantage expliquent plus du tiers de cette réduction. En période de crise, 28% de l’augmentation des inégalités est due à une augmentation du chômage. L’augmentation du chômage chez les jeunes est un facteur clé de la hausse des inégalités », a renseigné l’institution de Bretton Woods après avoir dévoilé les résultats d’une étudemenée sur un groupe de 71 pays à faible revenu et des économies émergentes sur les inégalités créées par le chômage des jeunes.
Un jeune universitaire de 27 ans prénommé Aimé déclare avoir de grands projets pour sa vie mais le chômage le contraint à vivre dans le dénuement. « Si je peux avoir ne fut-ce qu’un petit boulot qui va me payer 80 000 francs, je pourrais louer une petite chambre de 20 000 et commencer à construire ma vie petit à petit. Continuer à vivre dans la maison familiale à cet âge et attendre qu’on me donne à manger me stresse nuit et jour », se lamente-t-il.
Au Bénin, le chômage des jeunes continue d’atteindre des proportions inquiétantes malgré une croissance économique stable du pays durant ces quatre dernières années. Commel’éducation tertiaire ne garantit pas une transition rapide au Bénin, le taux de chômage est particulièrement élevé (39,3%) chez les jeunes qui ont complété l’éducation tertiaire, selon des études réalisées par l’Institut national de la statistique et de l’analyse économique (INSAE)sur la transition vers la vie active (ETVA) en décembre 2012 et en décembre 2014.
Les mêmes enquêtes avaient aussi révélé que le taux de chômage des jeunes au Bénin est de 14,3%, taux plus élevé chez les femmes (18,1%), et que la durée du chômage des jeunes est longue au Bénin, puisque 42,7% des chômeurs passent plus d´un an à la recherche d´un travail.
Aggravation des inégalités
« Lorsque la croissance ralentit et que des emplois sont perdus, plus de jeunes sans emploi dans les pays à faible revenu entraînent une aggravation des inégalités », a souligné le FMI dans un document intitulé ‘’Inequality in Good and Bad Times: A Cross-Country Approach’’.
Pour faire face à ce fléau qui ronge bon nombre des pays en développement, les experts du FMI, Burcu Hacibedel, Priscilla Muthoora, Nathalie Pouokam et Pierre Mandon proposent, d’abord que la qualité des emplois créés et les politiques en faveur de l’emploi soient importantes pour réduire les inégalités dans ces sociétés.
De plus, ont-ils ajouté, les réformes de la structure de l’économie d’un pays visant à accroître la productivité et la croissance à long terme devraient permettre d’élaborer des politiques permettant de réduire considérablement les écarts de répartition des revenus.
En outre, étant donné que le chômage des jeunes a principalement des répercussions sur la croissance, les gouvernements devraient élaborer des politiques visant à accroître l’employabilité des travailleurs les plus jeunes et à réduire leur vulnérabilité aux récessions.