La période de l’année qui pourrit la vie aux producteurs de charbon est là. Les fines pluies à longueur de journée semblent ne pas faire l’affaire du secteur de la production du charbon, ce qui se ressent déjà sur le prix du sac.
Bidossessi WANOU
Assoupissement rapide des feux de production, difficulté à consumer, lenteur dans la production avec un résultat insignifiant ; les producteurs de charbon de bois passent avec ces dernières pluies, une période de réelles difficultés. Et pour cause, si ce n’est pas la pluie qui empêche la consumation du tas, c’est plutôt le tas déjà mouillé qui traine à consumer. En effet, les producteurs de charbon chaque saison pluvieuse au Bénin, font face à des tourments. Agriculteur et producteur dans Agbangnizoun au Sud du Bénin, Agbé Albert Batossi explique avec peine : « Quand la pluie commence, c’est comme ça nous essuyions des difficultés ». En précisant que le phénomène n’est pas nouveau, Albert confesse qu’il n’y a pas de solution outre mesure. « Nous subissons car nous sommes habitués ». Mais pour Suzanne Lammanlia, productrice à Massi dans la commune de Zogbodomey, la seule possibilité qui s’offre est d’anticiper avec une forte production en stock, la saison sèche. Selon les explications de cette dernière, la demande à la veille des saisons pluvieuses est très forte, car, les consommateurs eux-mêmes sont conscients des difficultés en saison de pluies, lesquelles difficultés se traduisent dans le coût pratiqué.
De la contre-performance à l’enchère
Sans ambages, affirme Suzanne, la production chute considérablement en saison pluvieuse. « En temps normal, quand nous trouvons de bons bois, nous arrivons à produire en moyenne, une vingtaine de sac le mois. Mais avec le temps qu’il fait actuellement avec ces pluies incessantes, on peut passer cinq jours avant d’obtenir un sac. Le ratio mensuel se trouve d’emblée affecté et le chiffre d’affaires touché. Sachant que des producteurs paient des bois à crédit et comptent sur la rentabilité du marché pour espérer vite régler leur fournisseur, cette situation leur crée des ennuis. S’il est vrai que la demande est forte, la capacité de production s’amenuise malheureusement, ce qui conduit à l’enchère. D’ailleurs, les consommateurs en sont tous autant conscients, et procèdent à des réserves avant cette période de difficultés. Vendeuse de nourriture à Abomey-Calavi, Madeleine Allô explique avoir payé cinq sacs en réserve depuis février. Consommatrice à l’échelle domestique, Vanessa Sokadjo explique avoir elle réservé un sac pour suppléer comme d’habitude son gaz domestique. Dans un élan de justification de cette alternative, Elvire explique qu’elle ne saurait tout faire avec sa bouteille de gaz qui la lâche aussi sans prévision. Un tour sur le marché de distribution, et le constat semble tout de même leur donner raison, d’avoir choisir dans ce choix destiné à échapper à l’enchère. Distributeurs en gros à Zogbadjè, Tundé Roméo Ajovi dit livrer maintenant le gros sac à 7500FCFA contre 6500FCFA voire 6000FCFA il y a quelques mois. Il en est de même du petit sac qui a subitement grimpé de 2500 à 3000FCFA à Massi dans la commune de Zogbodomey et qui est livré à 4000FCFA par les revendeurs notamment à Abomey-Calavi Cotonou et environs. De fil en aiguille, cette cherté se ressent sur les menues mesures de 100Fcfa, fait savoir Imelda Ouinsoussi, étudiante et consommatrice à Abomey-Calavi,. C’est donc clair que la pluie continue de ces derniers jours, comme chaque année, à nouveau influencé ce marché.