Le changement climatique dévaste l’Afrique, provoquant des cyclones, des inondations et des milliards de dollars de dégâts chaque année, décrie Greenpeace Africa, qui ajoute que dans certaines parties du continent, les effets du changement climatique sur l’Afrique signifient que la température moyenne a déjà dépassé la référence mondiale de 1,5°C.
Issa DA SILVA SIKITI
Si les causes du changement climatique sont un secret de polichinelle, c’est son impact qui inquiète plusieurs observateurs qui redoutent une sorte d’Armageddon sur les populations vulnérables déjà confrontées à des malheurs de toutes sortes comprenant, entre autres, les conflits armés interminables, la corruption au sommet de l’État, la pauvreté et la carence des infrastructures.
Hospice, agriculteur à petite échelle, se fait des soucis sur l’avenir de sa ferme dont la production continue de s’amoindrir chaque année. « La vérité est que les rendements ne sont plus les mêmes par rapport à dix ou vingt ans passés, et c’est en dépit des innovations de toutes sortes que nous apportons de temps en temps. La qualité du sol se détériore de plus en plus même si on augmente l’utilisation des engrais, et les précipitations ne cessent de régresser à cause du changement imprévisible des conditions météorologiques », se lamente-t-il.
A en croire le Centre du commerce international (ITC), les petites exploitations agricoles jouent un rôle essentiel dans la promotion de l’agriculture durable, surtout dans les pays en développement et les pays les moins avancés. « Bien qu’ils n’exploitent que 12% de l’ensemble des terres agricoles, les petits exploitants agricoles assurent pourtant près de 35% de l’approvisionnement alimentaire mondial », explique l’ITC sur son site.
L’agriculture est le pilier des moyens de subsistance et des économies nationales de l’Afrique – soutenant plus de 55% de la main-d’œuvre, selon l’Organisation météorologique mondiale (WMO). « Mais sa croissance de la productivité agricole a diminué de 34% depuis 1961 en raison du changement climatique. Cette baisse est la plus élevée par rapport à ce que les autres régions du monde ont vécu ».
Greenpeace Africa souligne que les effets du changement climatique en Afrique signifient que certaines parties du continent récolteront 30% de nourriture en moins au cours des 10 prochaines années.
PIB menacé
Le changement climatique pourrait réduire le Produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique subsaharienne de 3% d’ici 2050, selon Charles A. Ray, membre du conseil d’administration et président du programme Afrique au Foreign Policy Research Institute, qui ajoute que les milieux ruraux seront les régions les plus affectées.
Ray explique : « Les crises dans les zones rurales conduisent souvent à une dislocation des populations rurales vers les zones urbaines. Et l’agriculture étant un élément essentiel à la croissance économique de l’Afrique, le changement climatique pourrait déstabiliser les marchés locaux, augmenter l’insécurité alimentaire, limiter la croissance économique et augmenter le risque d’investisseurs du secteur agricole ».
« Les données racontent une histoire effrayante qui devrait faire en sorte que tout le monde – notamment les dirigeants des principaux pays polluants et des pays donateurs, ainsi que les dirigeants des nations africaines – engagent la mise en œuvre de politiques, l’allocation des ressources et la prise des mesures nécessaires pour répondre à la situation », renchérit-il.