Le Bénin a célébré, hier lundi 1er août 2022, son 62e anniversaire d’indépendance. Dans ce cadre, L’économiste a réalisé un dossier spécial qui aborde les secteurs d’hier à aujourd’hui qui a ont connu une évolution de développement et ceux qui sont encore à la traine.
A 62 ans d’indépendance, le Bénin a réalisé des progrès dans certains secteurs de développement. Au nombre de ces secteurs, figure l’agriculture. En effet, l’agriculture est le premier secteur économique du Bénin après celui des services, selon les statistiques de l’Institut National de la Statistique et de la Démographie (Instad). L’agriculture contribue pour 32,7 % en moyenne au PIB, 75 % aux recettes d’exportation, 15 % aux recettes de l’État et fournit environ 70 % des emplois. Elle contribue aussi et surtout à assurer la sécurité alimentaire du pays. Depuis 2020, le secteur agricole béninois a connu des avancées en matière de production.
Avec les efforts déployés par l’ensemble des acteurs du secteur agricole, les productions ont connu des bonds à tous les niveaux. Ainsi, la production céréalière est passée de 2.177.787 tonnes en 2019 à 2.203.105 tonnes en 2020, soit un accroissement de 1,2%. Quant aux cultures industrielles, la production cotonnière a atteint un nouveau record en Afrique en passant de 714.714 tonnes en 2019 à 731.073 tonnes en 2020, soit un taux d’accroissement de 2,3% ; la production de l’anacarde est passée de 130.276 tonnes en 2019 à 137.926 tonnes en 2020 soit un taux d’accroissement de 6% ; la production de l’ananas est portée à 362 964 tonnes en 2020, soit un accroissement de 3,6%.
Pour ce qui est de la production animale (viande, lait et œufs de table), il se dégage une production totale de viande estimée à 78 224 tonnes en 2020 contre 76 161 tonnes en 2019 (2,7% d’augmentation); une production de lait estimée à 128.415 tonnes en 2020 contre 125.145 tonnes en 2019 (2,54% d’augmentation) et une production des œufs qui est passée de 17.341 tonnes en 2019 à 17.902 tonnes en 2020. Les productions halieutiques en général sans les thons sont évaluées à 82417,40 tonnes en 2020 contre 89 248,9 tonnes en 2019. On note par contre la stagnation de la production des légumineuses autour de 586.470 tonnes en 2020 et des baisses des productions au niveau des racines et tubercules, qui sont passées à 7.955.450 tonnes en 2019 à 7.370.731 tonnes en 2020. Idem pour la production des cultures maraîchères. Il est enregistré une production de 706.346 tonnes en 2019 contre 634.167 tonnes en 2020. Ces performances ont permis au Bénin d’être classé premier producteur de coton d’Afrique depuis 2021 selon les progrès substantiels dans ses récoltes d’or blanc. Quel record ! Les autres secteurs comme ceux de soja, d’anacarde ou encore de riz ont également réalisé des performances. Le 26 juillet 2022, le Bénin a été sélectionné à l’Initiative 50.2030 de la Banque Mondiale dans le cadre du Système National Intégré des Statistiques Agricoles, Alimentaires et Nutritionnelles (SNISSAN). L’initiative 50.2030 de la Banque Mondiale fournira au Bénin fournira un appui conséquent pour le renforcement des capacités des acteurs du SNISSAN. Abdul Wahab ADO
Evolution des lois de finances de 2016 à 2022
Le budget de l’Etat a oscillé entre 1423 et 2500 milliards FCFA
Les lois de finances sur la période allant de 2016 à 2022 ont présenté des chiffres différents en suivant globalement une tendance haussière. Après avoir hérité d’un budget de l’Etat de 1.423 milliards de francs CFA, les budgets élaborés sous la présidence de Patrice Talon ont varié entre 1.406,318 milliards de FCFA en 2018 et 2.541,2 milliards de FCFA pour 2022.
Jean-Claude KOUAGOU
Les dépenses publiques obéissent au vote d’une loi de finances. Le parlement béninois s’attèle chaque année à la tâche pour mettre à la disposition de l’Exécutif les instruments qu’il faut pour le fonctionnement de l’appareil d’Etat de même que le financement des projets de développement. Ainsi, en décembre 2016, les députés ont adopté un budget général de l’État pour l’année 2017 se chiffrant à 2.011 milliards de francs CFA contre 1.423 milliards en 2016, soit un accroissement de 41,24%. L’année suivante (2018), les prévisions de dépenses du budget général de l’Etat, s’établissaient à 1.406,318 milliards de FCFA contre 1.697,986 milliards de FCFA en 2017, en diminution de 291,668 milliards de FCFA (17,2%). En élaborant le budget général de l’Etat pour l’année 2019, les orientations ont permis de prévoir des dépenses budgétaires d’un montant de 1.373,041 milliards de FCFA contre 1.406,318 milliards de FCFA en 2018, soit une baisse de 2,4%. De même, l’Assemblée nationale a adopté le 8 décembre 2020, la loi 2020-33 portant loi de finances, gestion 2021. Ladite loi de finances relative au budget général de l’Etat pour l’exercice 2021 présente un budget qui s’équilibre en ressources et en charges à 2.452 milliards 192 millions de FCFA. Et pour le compte de l’année 2022, les députés ont voté un budget de 2.541,2 milliards de francs CFA. En début d’exercice, le Directeur général du budget, Rodrigue CHAOU après avoir fait un aperçu de l’exécution du budget de l’État gestion 2021, a évoqué quelques instructions et modalités d’exécution du budget 2022. En termes chiffrés, la loi de finances pour la gestion 2022 est équilibrée, en ressources et en charges, à la somme de 2.541,2 milliards de FCFA et est structurée comme suit : dépenses ordinaires : 1 098,9 milliards FCFA ; dépenses en capital : 812,9 milliards de FCFA ; charges de trésorerie : 513,5 milliards de FCFA ; fonds national des retraites du Bénin : 99,0 milliards FCFA et compte d’affectation spéciale : 16,90 milliards FCFA. Pour Hermann Orou TAKOU, Directeur de cabinet du Ministre d’État, Ministre de l’Économie et des Finances, contrairement aux années antérieures, le lancement de l’exécution du budget exercice 2022 a « une empreinte particulière, voire historique. Elle porte sur une loi de finances votée pour la première fois en mode programme et qui sera également exécutée en mode programme. Notre pays vient ainsi de marquer une rupture définitive avec l’approche classique de gestion budgétaire ». Partant, il a exhorté les acteurs concernés à être davantage attentifs aux nouvelles règles établies conformément à la gestion budgétaire en mode programme.
De grands chantiers pour l’amélioration du cadre de vie
Entre construction et rénovation, l’amélioration du cadre de vie devient une priorité pour l’Etat béninois. Alors que le Bénin célèbre ses 62 ans d’indépendance, tous les compartiments de l’environnement changent de visage.
Félicienne HOUESSOU
Le cadre de vie est au cœur des actions de développement menées par le gouvernement. L’aménagement du territoire, l’assainissement du cadre de vie ou la protection côtière, le Bénin améliore ses performances avec la construction des logements sociaux, le Projet de construction de bâtiments administratifs, la mise en œuvre du programme d’assainissement pluvial de la ville de Cotonou, la construction des marchés, le vote de lois en faveur de la protection de l’environnement. La liste n’est pas exhaustive ! Sur l’émission « le Gouvernement en action », le ministre du Cadre de vie et du Développement durable, José Tonato a fait savoir que les fruits tiennent la promesse des fleurs ! Avec le Projet de modernisation du système de collecte et de gestion efficace des déchets dans le grand Nokoué, les populations voient que leur ville est beaucoup plus propre avec des voies balayées et désensablées. A en croire le ministre, Cotonou sera définitivement hors de l’eau d’ici 2026, et les inondations seront conjuguées au passé, après la gestion efficiente de la question relative à l’érosion côtière.
Dans le domaine de la gestion de l’environnement, des changements climatiques et des ressources naturelles, on peut citer, comme projets réalisés, la restauration du couvert forestier à travers l’installation de nouvelles plantations forestières sur une superficie de 4108,5 ha, l’entretien et le regarnissage de 8385,18 ha de plantations forestières (teck, gmelina) ; le nettoyage des plages à travers l’enlèvement des ordures collectées sur la plage et le transport vers les lieux d’enfouissement sanitaire et la réalisation du dragage de l’embouchure du fleuve Mono à Avloh ; l’ intensification des activités de collecte des déchets solides ménagers et de salubrité publique par la SGDS ; la surveillance pédestre et surveillance aérienne des parcs nationaux à travers des patrouilles (31) et des heures de vol de surveillance (54,3 Heures de vol) des braconniers et bouviers arrêtés afin de réduire le braconnage, le pâturage illicite et la pêche illégale, etc.
Le domaine du Développement urbain et d’Aménagement du Territoire a été marqué par le démarrage des travaux de construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale, de la Cité ministérielle et d’un SOFITEL Hôtel ; l’achèvement et la réception des travaux de construction de 09 stades omnisports sur les 22 stades omnisports de standing international prévus; la réception et l’achèvement de la plupart des travaux de la phase A du projet « Asphaltage » avec 199 km de voies pavées équipées desservant plus de 300 infrastructures sociocommunautaires ; l’exécution à 58% des travaux de modernisation de marchés urbains et régionaux avec l’installation en cours des charpentes métalliques pour les 20 premiers marchés de la 1ère phase dans les villes de Cotonou, Porto-Novo, Ouidah, Abomey-Calavi, Parakou, Abomey, Houègbo, Glazoué, Azovè, Natitingou et Djougou, etc. Le projet Asphaltage a permis l’amélioration de la voirie et de l’assainissement à Cotonou et dans les principales villes du Bénin. Au-delà de l’infrastructure, Asphaltage représente un programme d’amélioration de la mobilité urbaine, de la circulation dans nos villes, et donc de dynamisation de l’économie. Dans le domaine des logements sociaux, un lot de 3.035 joyaux a été construit dans la nouvelle Cité de Ouèdo dans la commune d’Abomey-Calavi, sur les 20.000 logements sociaux et économiques prévus.
Infrastructures et transports
Le réseau routier accéléré en 15 ans
L’un des facteurs de développement économique et social est le développement des routes. De 1960 à 2006 le niveau de développement des routes était bien faible. Mais à partir de 2006 les visions de développement des présidents Boni Yayi et Patrice Talon ont accéléré de manière notable le niveau de développement des infrastructures routières pour faciliter la circulation des personnes, des biens et des marchandises.
Jean-Claude KOUAGOU
Les investissements financiers consentis dans le sous-secteur des routes sous la présidence de Yayi Boni et de Patrice Talon ont contribué à la mobilité urbaine et interurbaine. Ces quinze dernières années, le réseau routier s’est densifié de plus de 2000km linéaires. « En dix ans, le président Boni Yayi aura contribué à étendre le réseau routier national de 1.000 km, contre seulement 1.820 km en quarante-cinq ans pour ses prédécesseurs », soulignait en fin de mandat, Gustave Sonon, alors ministre des Travaux publics et des Transports du président Boni Yayi. Pour sa part, Hervé Hêhomey, ministre des Infrastructures et des Transports faisant le bilan global du sous-secteur routier du premier quinquennat du président Patrice Talon, déclare au journal L’événement précis du 27 avril 2022 : « Nous avons achevé 771 kilomètres de routes bitumées. Nous avons aujourd’hui 1385 kilomètres de routes en chantier en cours d’exécution ». Les choix et les caractéristiques des routes sous chacune des présidences ne sont pas les mêmes. En effet, Yayi Boni privilégiait les routes inter-Etats alors que le président Patrice Talon privilégie les routes urbaines. A l’actif du président Yayi Boni, on retiendra que plus de 950 km de routes bitumées ont été construites entre 2006 et 2015 (pour un montant total de 395 milliards de F CFA, soit plus de 600 millions d’euros). De même 675km de routes ont été réhabilitées, modernisées ou élargies pour une valeur de 458 milliards de F CFA autour des principaux corridors qui relient Cotonou aux capitales sous régionales : deux en direction du nord (l’un vers Niamey, l’autre vers Ouagadougou et Bamako), trois selon un axe est-ouest, permettant de mieux connecter le pays à ses voisins togolais et nigérian. La desserte de Cotonou et la circulation dans la capitale économique ont été considérablement améliorées, avec notamment la construction de trois échangeurs et d’un troisième pont. Beaucoup fustigent cependant les conditions d’attribution de certains marchés et leur coût. Par exemple, celui de la route Akassato-Bohicon (desserte de l’hinterland), qui a été « réévalué » de 52 milliards à 107 milliards de F CFA, soulevant de virulentes critiques de la part du Syndicat national des travailleurs de l’administration des transports et des travaux publics (Syntra-TTP). L’autre grande faiblesse de la politique de grands travaux de Boni Yayi aura été le retard pris dans la livraison de nombreux ouvrages, comme la route Godomey-Pahou, qui devait être achevée en 2013 et les axes routiers Pahou-Tori-Allada, Akassato-Bohicon, Pahou-Hillacondji, etc.
Le point partiel sous la Rupture
A l’occasion des 4ans de présidence de Patrice Talon, le ministre des infrastructures, Hervé Hêhomey en faisant le point du sous-secteur infrastructures dans le Programme d’actions du gouvernement (PAG) de Patrice Talon, a fait savoir qu’entre les chantiers réalisés et ceux en cours, le gouvernement s’apprête à lancer de nouveaux projets concernant 445 km de routes, qui sont en phase de démarrage. « Quand je parle de démarrage, c’est que les marchés sont signés », clarifie-t-il. Conformément aux capacités de mobilisation des fonds élaborées dans le PAG, « il n’y a pas de raisons qu’avant la fin du quinquennat en 2021, le reste ne soit pas exécuté », rassurait le ministre. A cet effet, en fin de premier quinquennat du président Talon, le nombre de kilomètres de routes bitumées est passé à plus de 770km. A travers ces chantiers routiers qui complètent l’offre maritime et aérienne, le Benin veut devenir un carrefour sous régional incontournable en se dotant d’un système intégré d’infrastructures et des services de transport performants. « Nous allons cesser de servir que de corridor pour les autres. Nous allons vers une véritable plateforme de services logistiques et d’exportation ». Hervé Hêhomey voit d’ailleurs une forte corrélation entre le secteur des infrastructures et des transports et la croissance économique du pays. « Nos résultats sont en lien direct avec le taux de croissance du Bénin et ce taux en 2018, pour les derniers chiffres que nous avons, était de 6,7% et en 2019 tous les spécialistes s’accordent sur un chiffre autour de 7,6%. Il s’agit de taux jamais atteints dans notre pays et qui témoignent de la vitalité de notre économie qui, aujourd’hui, est fortement tirée par les investissements dans les infrastructures de transport. »
Projet de 21 chantiers routiers pour 2022
Pour l’année 2022, la vision du gouvernement relative à la construction des routes, la libre circulation des personnes et des biens n’a pas changé. Devant la commission budgétaire de l’Assemblée nationale, le ministre des Infrastructures et des transports, Hervé Hêhomey, a annoncé la réalisation de 21 grands chantiers inscrits dans le budget de l’année 2022. Ces projets nécessitent un budget de 155 milliards 699 millions 451 mille francs CFA. A en croire le ministre, cette somme inclut les dépenses en fonctionnement pour un montant de 3 milliards 863 millions 552 mille francs CFA et les dépenses aux investissements pour un montant total de 151 milliards 835 millions 899 mille francs CFA. Pour ce qui est des 21 nouveaux grands projets routiers inscrits au budget 2022 par le ministère des Infrastructures, on peut noter : Construction d’une route de contournement Nord de Cotonou (37 Km) et son barreau de liaison (5,2 Km); la reconstruction en 2×2 voies de la RNIE2: Tronçon Cotonou-Bohicon-Dassa (207 Km); le dédoublement de la route Sèmè-Porto Novo (10 Km) et construction d’un nouveau pont en 2×2 voies ; l’aménagement et bitumage de la route Nikki-Kalalé (47,531 Km) ; l’aménagement et bitumage de la route Kota-Kouandé-Péhounco (81,08 Km) ; la réhabilitation et renforcement de la RNIE 2 – Tronçon Parakou-Béroubouay (142 Km) ; l’aménagement et bitumage de la route Ouidah-Kpomassè (14 Km); l’aménagement et bitumage de la route Tiélé-Matéri-Cobly (45 Km); l’aménagement et bitumage de la route Guéné-Karimama, l’aménagement et le bitumage de la route Vakon-Avagbodji-Aguégués (13, 20 Km); l’aménagement et bitumage de la route Anséké-Ouèssè (49, 631 Km); l’aménagement et bitumage de la route Bohicon-Tindji-Zakpota (18, 7Km); l’aménagement et le bitumage de la route Djougou-Péhunco-Kérou-Banikoara (209,68 Km); la réhabilitation et renforcement de la RNIE 2- Tronçon : Béroubouay-Kandi-Malanville; la construction de l’échangeur de Vèdoko; l’aménagement et bitumage de la route des pêches (Phase 2): Tronçon Adounko-Porte de Non-Retour (23 Km) et aménagements connexes (Route de l’Esclave et la Corniche Est de Cotonou); l’aménagement et bitumage de la RNIE 7- Tronçon Banikoara-Kérémou-Frontière-Burkina-Faso; l’aménagement et bitumage d’une section de la route Bétérou-Tchaourou (66, 325 Km) ; l’aménagement et bitumage de la route Ouèdo-Tori (15, 5 Km); construction d’un pont sur le lac Toho au Pk0+500 de la route Pahou-Tori. En 15 ans de gouvernance des présidents Boni Yayi et Patrice Talon, le niveau de développement des routes s’est considérablement amélioré. S’il est encore loin d’être parfait, il faut reconnaître que cette évolution permet aujourd’hui de rallier le nord et le sud en une journée. Le gros défi après la route Natitingou-Boukombé est celui de la route Natitingou-Kouandé-Péhunco-Kérou. A cela s’ajoutent les projets de construction d’aéroports à Parakou et à Glo-Djigbé qui relèvent de rêves.
Secteur privé, un levier de création d’emplois
La relance économique engagée par le Président Patrice Talon ces dernières années a permis l’instauration d’un climat d’affaire attractif. De nombreuses actions ont été menées ces dernières années afin de promouvoir un secteur privé capable de faire face à la problématique de l’emploi.
Félicienne HOUESSOU
Le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG) se caractérise par des investissements massifs dans tous les domaines en vue d’impulser le secteur économique. Ainsi, l’Etat béninois crée les conditions favorables au développement du secteur privé, créateur de richesses et d’emplois. Dans un entretien accordé à la presse, le Ministre des Petites et Moyennes Entreprises et de la Promotion de l’Emploi, Modeste Tihounté Kérékou a souligné que, depuis plusieurs années, l’action gouvernementale a été orientée vers une seule finalité : assainir le climat des affaires, permettre au secteur privé d’être à l’aise et de jouer fondamentalement son rôle. Une batterie de mesures législatives, réglementaires et administratives ont été prises et exécutées en collaboration avec le Ministère de l’Economie et des Finances, l’APIEX, l’ANPE, l’ANMPE, Sèmè-City et autres agences de promotion de l’entrepreneuriat et de l’emploi. Entre autres mesures, la loi sur la procédure d’embauche et de résiliation, la loi à l’initiative du Gouvernement pour la promotion et le développement des petites et moyennes entreprises, la nouvelle Politique nationale de l’emploi, le programme de volontariat, le Programme spécial d’insertion dans l’emploi, la mise en service du Tribunal de commerce et son opérationnalisation, des réformes engagées dans le domaine foncier, dans le domaine fiscal, dans le domaine de la création de l’emploi, dans le domaine de la simplification des impôts et autres taxes à payer, dans le domaine du partenariat public – privé… Aujourd’hui, grâce aux efforts de l’APIEX, il est facile de créer son entreprise en un laps de temps.
Une bactérie de réformes et d’actions
Avec le soutien de l’USADF, la Fondation des Etats-Unis pour le développement en Afrique, plusieurs coopératives et groupements ont été accompagnés dans la formation, dans les appuis en équipements, pour leur permettre d’augmenter leurs capacités de production, de mieux vendre et d’accroître leurs revenus et donc de contribuer à un meilleur niveau de vie. Sous la conduite de la Direction Générale de l’Agence Nationale pour la Promotion de l’Emploi (ANPE), des entreprises nationales comme étrangères ont procédé au recrutement de milliers de main d’œuvre qualifiée. Le Président de la République, lors de son adresse à la Nation, à la veille de la célébration du 59ème anniversaire de la fête nationale, le 31 juillet 2019, a annoncé que l’Etat, chaque année, va recruter 2000 jeunes à sa charge qu’il va mettre essentiellement dans le secteur privé productif. Un programme exécuté sous le leadership de l’ANPE.
De son côté, la Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin (CCI-Bénin) représente, protège et assure la promotion des intérêts communs des opérateurs économiques béninois. S’alignant sur le PAG, l’ANPME a mis en place un répertoire des petites et micro entreprises sur toute l’étendue du territoire national. L’agence a établi un diagnostic sommaire de l’environnement des entreprises, mis en place différentes formations pour la qualité des produits, la gestion managériale, commerciale des entreprises. L’institutionnalisation et l’opérationnalisation imminentes du Guichet Unique de promotion des PME/PMI viennent concrétiser la vision du gouvernement en matière de promotion et d’appui aux petites et moyennes entreprises, à rapprocher le service public d’appui, d’accompagnement et de financement des cibles. Il permettra aussi d’élargir l’offre de services publics au profit des PME/PMI et à coordonner un continuum d’accompagnement et de financement à leur profit.
En ce qui concerne l’Administration publique, un réaménagement des horaires de travail a été institué par décret n° 2020-577 du 09 décembre 2020 portant réaménagement des horaires du travail en République du Bénin par le Gouvernement pour donner suite aux conclusions des travaux d’études et d’enquête réalisés. Les diverses actions menées ont permis d’opérer des réformes au niveau de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) qui travaille à la dématérialisation des procédures et formalités, à la liquidation automatique des pensions comme à la fonction publique. Le Projet d’Alimentation des Comptes Individuels des Travailleurs a été initié pour numériser toute la carrière des travailleurs à partir des archives et le Projet d’Assainissement des Comptes des Cotisants Employeurs. Après 62 ans d’indépendance, on peut dire que l’’avenir des PME-PMI est très radieux, marqué par l’engouement, l’innovation et l’atteinte de l’Afrique.
Le pari du « Quartier numérique de l’Afrique »
62 ans après son accession à l’indépendance, le Bénin, grâce aux efforts des gouvernements qui se sont succédé, en l’occurrence celui du Président Patrice Talon (I et II), peut s’enorgueillir d’être un parfait modèle en matière de révolution numérique.
Tchomakou Sylvestre
En effet, prenant conscience du retard du pays à faire des TIC un moteur de croissance, au même titre que l’agriculture, le commerce et le tourisme qui représentent les piliers traditionnels de l’économie béninoise, le Président Talon, depuis 2016, a engagé des actions, des projets et des réformes qui permettent de placer le Bénin dans le concert des nations où le numérique n’est incantation mais du réel. Concrètement, de 2016 à ce jour, plus de 250 services en ligne via la plateforme d’interopérabilité de services publics ont été lancés dans plusieurs secteurs et sous-secteurs dont : le domaine et le foncier, les transports, le commerce, les opérations portuaires, l’état civil et la citoyenneté, l’immigration et l’émigration, les investissements publics et privés, etc. Grâce à ses innovations, le Bénin, en 2020, a été désigné par la CNUCED, comme le pays où le processus de création d’entreprise est le plus rapide au monde. Dans le secteur de l’éducation, le numérique mis à contribution permet désormais aux écoles et universités d’inscrire en ligne leurs candidats aux examens et concours nationaux. La mise en place de la plateforme www.eresultats.bj, permet quant à elle de consulter en ligne les résultats de tous les examens et concours nationaux, toutes catégories confondues. Mieux, le e-learning est devenu effectif dans plusieurs établissements publics d’enseignement supérieur. Si aujourd’hui ces résultats sont notés, cela a été possible grâce : au déploiement de plus de 2 200 km de fibre optique à travers le Bénin, de nouvelles zones étant encore à couvrir ; à des points numériques communautaires (PNC) installés dans de nombreuses localités en dehors des agglomérations urbaines dans le but d’améliorer l’accès au haut débit ; au taux de pénétration d’Internet mobile qui est passé de 53 % en 2019 pour se porter à 67,36% au 31 décembre 2021, selon le dernier rapport 2021 de l’Autorité de Régulation des Communications Electroniques et de la Poste (ARCEP-BENIN).
Mettant un accent sur le développement du capital humain, le gouvernement béninois a mis un point d’honneur sur la formation des compétences devant conduire et accélérer cette modernité. C’est ainsi qu’a été créée « l’école de la fibre optique et du numérique » dont l’objectif est de soutenir le déploiement et la maintenance de réseaux très haut débit ainsi que le développement des usages du numérique dans l’économie. Cette ambition de faire du Bénin une plateforme numérique dynamique sur le continent a, par ailleurs, amené le gouvernement à construire un data center et plusieurs infrastructures de dernière génération, dont un incubateur de start-ups baptisé Sèmè-One. Il s’agit d’un laboratoire technologique qui accueille déjà des entrepreneurs, chercheurs, porteurs de projets et étudiants spécialisés dans les nouvelles technologies. Appelée aussi « La cité Internationale de l’innovation et du Savoir », Sèmè City se construit par phases successives jusqu’à l’horizon 2030. Elle affiche l’objectif de créer à terme plus de 100.000 emplois, dont au moins 1/3 d’auto-emplois et 40% par des femmes.
Pour une mise en œuvre intelligente de sa stratégie de numérisation de l’économie, le Bénin, sur la période 2021-2026, investira 369 milliards FCFA. Ceci devrait permettre de boucler la phase II du projet de déploiement d’Internet très haut débit sur l’ensemble du territoire, et aussi la mise en œuvre de l’administration intelligente ou smart gouv. Avec cette immense avancée, le Bénin, outre son statut de « quartier latin » de l’Afrique, vise à être un hub numérique en Afrique de référence en Afrique.
Secteur maritime
La modernisation du Port autonome de Cotonou
Servant d’interface entre les pays du Nord et ceux de l’hinterland (Mali, Burkina, Niger), le Port de Cotonou dont la contribution au PIB est évaluée à plus de 50% avec une part d’environ 45% aux recettes fiscales, est en pleine mutation depuis quelques années. Pour tirer profit de sa position géographique qui lui donne accès au marché nigérian de plus de 220 millions habitants sans oublier les pays privés du Littoral, le Président Talon, depuis 2018, a confié la gestion du Port autonome de Cotonou, la structure administrative, au Port d’Anvers international (PAI), aux fins d’une meilleure réorganisation et restructuration de l’administration : informatisation des services, diffusion d’un code de bonne conduite, formation du personnel, etc. Sur le plan opérationnel, d’importants travaux de modernisation ont été réalisés permettant d’accueillir de grands navires tels que le Mærsk Sarat d’une capacité totale de 9 000 EVP. Conscient de la nécessité d’offrir un meilleur service à ses usagers, le PAC, en septembre 2021, a enclenché le processus de digitalisation de ses services avec un nouveau système d’information portuaire. Il s’agit d’une plateforme technologique de traitement des demandes et de fourniture des différents services portuaires, de manière intelligente, centralisée, fiable et dématérialisée. Ce nouveau système est désormais utilisé par les acteurs portuaires que sont les agents maritimes, la douane, les prestataires logistiques, les transitaires, les agences gouvernementales, les transporteurs, les opérateurs de terminaux et d’entrepôts. Fort de ses ambitions, en Novembre 2019, le Bénin a intégré l’Association des Armements Africains (3A), une organisation spécialisée de l’Organisation maritime de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (OMAOC), par le biais d’un accord de siège signé par le Secrétaire général du Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération (MAEC) Hervé Djokpé, et le Secrétaire général de l’OMAOC Alain Luvambano. L’objectif phare de ce partenariat est de dynamiser le domaine de transport maritime. Toujours dans la dynamique de modernisation de la plateforme portuaire, Bénin Terminal, opérateur du terminal à conteneurs du Port de Cotonou, a réceptionné en septembre 2020 deux nouveaux portiques ; des équipements devant permettre de soutenir la compétitivité du pays et de dynamiser les échanges commerciaux en Afrique de l’Ouest.
Dans une vision futuriste, le 25 Juillet 2022, le Projet d’extension du bassin et de rénovation des quais Nords du port de Cotonou a été acté. Investissement de plus de 106 milliards FCFA, ce projet dont l’exécution est confiée aux compagnies françaises Eiffage, Spie batignolles et béninoise Adéoti SARL, devrait permettre au port de Cotonou d’accueillir plus tard les grands navires de 350m de long et 45 m de large en moyenne. Ce qui, en toute logique, devrait permettre au PAC d’accueillir plus de trafics. Avec les travaux d’aménagement et d’extension planifiés, la dématérialisation des procédures à tous les niveaux, le Port de Cotonou s’inscrit dans une vision à long terme et devrait pouvoir, d’ici quelques années, prendre le pas sur bon nombre de Port de la sous-région et du continent.
Le Cinéma en berne
En 62 ans, bien que certains secteurs aient connu des évolutions spectaculaires, l’industrie cinématographique est en berne. La promotion de ce secteur d’espoir pour les acteurs du cinéma a connu une chute comparativement à certains secteurs de développement. Si les autres pays ouest africains ont entrepris des réformes pour donner plus de visibilité au cinéma, un secteur pourvoyeur de devises et de richesse, cela semble ne pas être une des priorités au Bénin. Bien que le gouvernement ait entrepris des réformes dans plusieurs secteurs, cela n’est pas encore le cas du cinéma. Falco VIGNON
Energie
Après une navigation à vue, la décennie de la métamorphose
Entre 1960 et 2006, le Bénin a passé plusieurs décennies dans la totale dépendance énergétique. On n’a compté jusque-là que sur l’achat et l’importation depuis le Nigéria, le Ghana ou encore le Togo. 2006 sera cependant l’année du déclic avec l’avènement du président Thomas Boni Yayi. Sur un site réservé à Maria-Gléta, le projet de centrale thermique mixte (gaz-carburant) 80 mégawatts a vu le jour. Le chantier va effectivement démarrer en 2008 sur le site de Maria-Gléta, à Abomey-Calavi. C’est un investissement de 40 milliards de F CFA entièrement financé par l’État sur fonds propres. Mais malheureusement, le chantier bouclé, l’infrastructure installée va très tôt se révéler un marché de dupe. A ce jour, le pays n’a pu tirer le moindre mégawatt de ce site. La situation de dépendance que comptait pallier le projet est demeurée ainsi. Les dépenses se sont même accrues car, des groupes électrogènes de grandes capacités ont été mobilisés pour suppléer à la rupture. C’est à l’accession au pouvoir de Patrice Talon en 2016 que la panacée a été trouvée : transformer le secteur. Face à l’éléphant blanc qu’est devenue la centrale initiée par son prédécesseur, Patrice Talon a décidé en 2018 d’initier un nouveau projet, Maria-Gléta 2. Une capacité de 127 mégawatts est annoncée avec ce nouveau projet qui sera une réalité en août 2019. Pour la première fois de l’histoire, le Bénin va amorcer son autonomisation en énergie avec le démarrage effectif de cette unité qui, contre une prévision de 127 mégawatts, a offert une capacité de 129 mégawatts. C’est indubitablement le fruit d’une vision. D’ailleurs, dans son PAG 1, Patrice Talon a consacré 10% des projets prioritaires au renforcement de la capacité de production électrique du Bénin. En plus de la centrale lancée, les mini-centrales solaires de 30 mégawatts, la turbine à Gaz de la CEB d’une puissance de 23 MW en panne dans le pays ont été réhabilitées. Très tôt, la capacité de production est passée de 0 Mégawatt (MW) à au moins 180 MW vers l’an, 2020. Avec le MCA-Bénin II, un autre projet d’électrification hors réseau a été initié avec des projets de centrales solaires. Le projet des énergies renouvelables a pris un envol avec des chantiers significatifs. Le 20 juillet 2022, une centrale solaire photovoltaïque de 25 MWc a également été mise en service à Illoulofin (Pobè). Le sous-secteur est ouvert au privé grâce au partenariat public-privé et dans les zones rurales, des merveilles se font grâce au solaire. De moins de 03% dans les années 1960, le taux d’électrification au Bénin est passé au-delà de 30% en 2020 et avoisine à ce jour, les 60, 70%. Le réseau est en pleine extension avec des branchements promotionnels voire gratuits, ce qui permet d’accroître sensiblement le taux d’accès. Le dynamisme historique impulsé en 2016 a permis aux Béninois de rompre avec le délestage « sauvage », les retards dans les opérations de dépannage et de branchement. Au plan administratif, la dénomination de la Société en charge du secteur a évolué et à ce jour, elle est connue sous le nom de la SBEE. En plus de cette dernière qui se dévoue à la commercialisation, une nouvelle société a vu le jour pour gérer le volet production; la Société béninoise de production électrique (SBPE) à qui est confiée la gestion des infrastructures installées. Le Bénin a donc beaucoup progressé notamment sur la dernière décennie et surtout depuis l’avènement de Patrice Talon qui entend non seulement assurer l’autonomie du secteur mais produire pour en revendre dans la sous-région.
Industrie : de la dénationalisation aux zones franches et à la GDIZ
Si les pays africains regorgent de nombreuses ressources et potentialités, leur secteur industriel n’est souvent pas développé par défaut de vision claire ou de valorisation. A l’indépendance au Bénin, on a enregistré (07) industries datant de la colonisation (1952 à 1959). Au lendemain des indépendances, la situation va évoluer avec une certaine amélioration. Entre 1960 et 1972, on a noté dix-neuf (19) industries créées, une prédominance des industries alimentaires (50%) et une « forte » concentration (74%) à Cotonou et dans le Département de l’Atlantique. Entre 1982-1988, on a noté de nouvelles mesures notamment, la dissolution, la liquidation et la privatisation de la plupart des entreprises publiques souvent mal gérées. L’Etat a maintenu cependant le contrôle des industries des branches du textile, de la brasserie, de l’agroalimentaire, des matériaux de construction, etc. Le secteur privé était concentré dans les petites et moyennes industries de fabrication d’aliments, de bétail, de minoterie, de parfumerie et de transformation de métaux. On a noté la création d’entreprises publiques ou d’économie mixte. A cela s’ajoute la densification du tissu industriel avec une quarantaine (40) d’entreprises industrielles publiques et une centaine (100) d’unités industrielles, de petite et moyenne importance détenues par les opérateurs économiques privés. C’est le cas jusqu’en 1990, où à la sortie de la Conférence nationale marquant l’ère du renouveau démocratique, un programme de dénationalisation va s’ouvrir. Le portefeuille de l’Etat dès lors, s’est trouvé réduit à quelques grandes entreprises (SBEE, SONAPRA, SITEX, ONIGBOLO…). Des projets industriels verront le jour dans le privé avec une augmentation du portefeuille du secteur privé, plus de 527 unités industrielles entre 1990 et 2003. Avec le changement de régime politique en 2006, une vision plus cohérente a vu le jour avec un projet Zone franche industrielle (ZFI) dotée d’une agence de gestion ainsi que l’identification de sites de zones industrielles; départementales à viabiliser. Quelques autres unités industrielles ont également vu le jour mais ont eu des difficultés à fonctionner à cause de l’indisponibilité de l’énergie électrique. Mais Depuis février 2021, c’est la métamorphose avec l’historique projet de Zone économique spéciale, la ville industrielle pour d’autres, avec une forte concentration de grandes unités de production dans les cultures phares du pays (Coton-textile ; soja, cajou, ananas,…). Cette zone dénommée Glo-Djigbé industrial zone (GDIZ) est la toute première en Afrique de l’Ouest. Installée sur plus de 1200 hectares pour la première phase, le pays attend d’importantes retombées. On annonce avec la GDIZ, une augmentation de 500% des produits manufacturés, une croissance de l’ordre de 5 à 10 milliards de dollars des exportations du Bénin et 4 à 7 milliards de dollars de PIB d’ici 10 ans. A ce jour, près d’une quarantaine d’industrie ont signé pour s’implanter sur le site, une première partie de 400 hectares entièrement occupée avec 32 unités dominées par le textile où la formation des employés a déjà démarré. Après 62 ans, donc, le secteur industriel béninois a percé et connaît une fulgurante ascension qui devrait se poursuivre notamment avec l’historique projet de la GDIZ qui continue.