L’hérédité dans le monde des affaires est aisée dans les pays occidentaux. Mais tel n’est pas encore le cas dans les pays africains où, quoiqu’ayant réussit en affaires, les parents hésitent à initier leur progéniture.
Bidossessi WANOU
Les idées d’entreprise en Afrique gagnent de plus en plus le terrain mais arriver à maintenir les entreprises en vie sur une longue durée reste encore un défi entier. Pour cause, initier sa progéniture aux affaires ou à leur business n’est pas encore encré dans l’habitude des hommes d’affaires du continent qui pour la plupart, les laissent dans le système éducatif à la quête de hauts diplômes pour ensuite finir chômeur ou demandeur d’emploi et être sous-traités. En Afrique, pendant que des hommes d’affaires ou entrepreneurs se battent pour développer leurs affaires et faire prospérer leurs entreprises, ils préfèrent envoyer leurs enfants dans le système étatique ou encore les laisser se battre seuls, sans penser à assurer leurs arrières. En clair très peu d’homme d’affaires africains sinon, ils sont quasi inexistants à donner le pli à leurs enfants. Approchés, certains parents évoluant dans les affaires, justifient cet état de chose par la liberté donnée à chaque enfant de choisir sa carrière. En s’inscrivant dans cette logique, certains enfants estiment eux aussi savoir qu’on n’est pas tenu de partager la vocation de ses parents même si la réalité est là qu’ils ont réussi. Opérateur économique exploitant du bois, Wabi Egounwolé confie par exemple qu’il n’a pas manqué d’impliquer ses enfants dans ses activités sans jamais la leur imposer. Par contre, promoteur d’une scierie, Loukman Ahouandjinou dit ne pas vouloir voir ses enfants évoluer dans ce domaine compte tenue des difficultés que lui il a rencontrées jusque-là notamment, les conflits avec des tierces. Pour lui, autant laisser les enfants se battre pour découvrir leur vocation plutôt que de vouloir les intéresser coûte que coûte à ce qu’on fait. Cependant, conscient de la nécessité de la relève, Loukman Ahouandjinou dit avoir déjà inscrit un de ses enfans à l’école technique dans le but de le voir poursuivre dans la conception de charpente et en tant que technicien de haut niveau dans ce domaine. Mais toujours est-il que, inculquer les gènes de ses activités entrepreneuriales à sa progéniture dans la vision de les voir assurer la relève n’est pratiquement pas une habitude en Afrique pour diverses raisons.
Des conséquences certaines
Des entreprises concentrées sur la personnalité du seul et unique promoteur, c’est le record en Afrique. A l’image du système éducatif qui peine à former les apprenants aux reflexes de entrepreneuriat, les géniteurs qui ont fait l’option se préoccupent très peu d’y entraîner leur enfants. En tant que tel, beaucoup d’entreprises en Afrique ne font long feu juste parce que les promoteurs sont décédés. Et pourtant, les dénominations suivies de l’indication « & fils » sont légion sans jamais transparaître dans la réalité si ce n’est au niveau basique notamment, dans certaines cultures où, quelques rares enfants héritent des activités commerciales ou des denrées livrées par leur parents pour perpétuer l’activité. Cette méthode qui lambine encore à atteindre les grandes entreprises mises en place en Afrique, entraine la disparition à petit coup des entreprises dès que, pour l’une ou l’autre des raisons, le promoteur n’est plus là. Enseignante de profession, Virginie Houndjava explique que sa mère, est la promotrice du plus du grand centre de distribution de commerce général dans leur localité mais sachant qu’aucun d’eux enfants n’a été formé pour prendre le relais, après sa disparition, le centre est confié à des tierces mais n’a pu survivre à sa disparition. Cependant du côté des parents évoluant dans la fonction publique, c’est beaucoup plus le contraire qui s’observe.
De l’entrepreneuriat au fonctionnariat public, le paradoxe
Si les promoteurs d’entreprises sont encore à la traine, du côté des agents de l’Etat, c’est tout le contraire. La majorité des fonctionnaires africains agissent de sorte à placer leurs enfants dans le système avant ou juste au lendemain de leur départ à la retraite. Les fonctions exercées de père en fils sont légion et nombre d’enfants accèdent aux administrations parce que leur parents y ont travaillé, maîtrisent mieux les rouages et pourront les aider à mieux s’en sortir. Certains parents se plaisent même à dire qu’on est plus à l’aise dans un circuit qu’on maîtrise et pour y avoir servir, les parents sont mieux placés pour les y aider. C’est donc une expérience qui a fait ses preuves. D’ailleurs, les grandes entreprises en occident sont conduites par des familles et l’Afrique doit en arriver là pour assurer la pérennité des idées d’entreprises au delà de la disparition du promoteur.