Le président de la Banque mondiale, David Malpass va démissionner d’ici le 30 juin de son poste à la tête de l’institution de développement. C’est dans un communiqué en date du mercredi 15 février 2023 qu’il l’a fait savoir.
Abdul Wahab ADO
Américain âgé de 66 ans et 13e président de l’institution de Washington, David Malpass a informé le Conseil des administrateurs de son intention de quitter ses fonctions d’ici la fin de l’exercice budgétaire en cours, le 30 juin, après plus de quatre années à la tête de l’institution. Selon M. Malpass, le Groupe de la Banque mondiale est bien placé pour relever les défis du développement, accroître son impact et soutenir la croissance économique. Durant son mandat, M. Malpass s’est attaché à renforcer les politiques destinées à accélérer la croissance économique, réduire la pauvreté, améliorer le niveau de vie des individus et alléger le fardeau de la dette publique des pays. Au cours des quatre dernières années, les cinq branches du Groupe (la BIRD, l’IDA, IFC, la MIGA et le CIRDI) ont réagi rapidement aux crises mondiales, mobilisant un montant record de 440 milliards de dollars pour aider à faire face à la pandémie de COVID-19, à la guerre en Ukraine, au grave ralentissement de l’économie mondiale, à des niveaux d’endettement non soutenables, au changement climatique et aux pénuries de nourriture, d’engrais et d’énergie.
Pour le patron de l’institution de Bretton Woods, « Ce fut un immense honneur et un privilège de présider la première institution de développement au monde, aux côtés de tant de personnes talentueuses et exceptionnelles ». « Alors que les pays en développement sont confrontés à des crises sans précédent, je suis fier que le Groupe de la Banque mondiale ait réagi avec rapidité, envergure, innovation et impact. Les quatre dernières années ont été parmi les plus riches de ma carrière. Après avoir réalisé d’importants progrès, et après mûre réflexion, j’ai décidé de me consacrer à de nouveaux défis. Je suis reconnaissant à nos personnels et à nos administrateurs d’avoir eu la chance de travailler chaque jour à leurs côtés afin de renforcer l’efficacité de nos opérations au cours d’une période particulièrement difficile », a déclaré David Malpass.
Alors que les pays en développement sont soumis à une forte pression financière, M. Malpass a multiplié les rencontres avec les dirigeants du monde entier afin de les soutenir dans leurs efforts pour briser des cycles d’endettement insoutenable, notamment à travers des mesures d’allégement de la dette. Sous sa direction, le Groupe de la Banque mondiale a plus que doublé les financements en faveur de l’action climatique dans les pays en développement, qui ont atteint le montant record de 32 milliards de dollars l’année dernière. M. Malpass a dirigé les efforts visant à catalyser et accroître les investissements privés et les échanges commerciaux, et a apporté son leadership intellectuel aux travaux analytiques du Groupe en matière de politiques budgétaire et monétaire, de systèmes monétaires et de réforme de la gouvernance. Il a également renforcé la gestion et les ressources humaines de l’institution qui bénéficie désormais d’une situation financière plus solide et d’une plus grande capacité à lever des fonds pour soutenir sa notation de crédit AAA.
« Le Groupe de la Banque mondiale est fondamentalement solide, financièrement viable et bien placé pour accroître son impact sur le développement face à des crises mondiales urgentes », a indiqué M. Malpass. Cette situation devrait permettre une transition de direction en douceur alors que le Groupe s’efforce de répondre à des défis mondiaux croissants, de faciliter l’investissement privé, de se concentrer davantage sur les biens publics mondiaux et de maintenir une forte dynamique en ce qui concerne l’exécution des opérations et la performance du portefeuille dans les pays clients. ».
De grandes réalisations au compteur du Président David Malpass
Sous la direction de M. Malpass, le Groupe de la Banque mondiale a accompli diverses réalisations. Il s’agit par exemple de : la mobilisation de financements records en réponse à la pandémie de COVID-19 (plus de 157 milliards de dollars) et à la suite de la guerre en Ukraine (plus de 170 milliards de dollars) ; les augmentations de capital de la BIRD et d’IFC, reconstitutions de fonds sans précédent dans le cadre des cycles IDA-19 et IDA-20, et intensification rapide des émissions d’obligations à moyen et long termes ; la Réalisation d’opérations d’urgence dans le domaine de la santé et de la vaccination dans plus de 100 pays ; la mobilisation de 18 milliards de dollars de financement d’urgence pour l’Ukraine afin de soutenir le maintien des services publics essentiels ; le lancement d’un processus avec les actionnaires du Groupe de la Banque mondiale pour faire évoluer la vision, la mission et modèle opérationnel de l’institution, ainsi que ses capacités et son modèle financiers, avec l’objectif d’augmenter les ressources au service du développement ; le lancement du Plan d’action sur le changement climatique pour mieux intégrer les enjeux du climat et de la biodiversité au développement et à la croissance ; Mise à disposition d’une enveloppe de 30 milliards de dollars pour lutter contre l’impact des crises touchant les aliments, les engrais et l’énergie dans les pays en développement. Il y a également le lancement du Fonds de lutte contre les pandémies (a) pour améliorer la préparation, avec des promesses initiales de 1,6 milliard de dollars de la part de 25 pays et bailleurs de fonds ; le Renforcement des ressources financières et humaines destinées aux régions en situation de fragilité et de conflit, ainsi qu’à l’accès à l’eau propre et à l’électricité et à l’amélioration de la nutrition ; l’Évolution de la relation du Groupe de la Banque mondiale avec la Chine, en réduisant les prêts et en se concentrant sur les biens publics mondiaux et la réduction de la pollution plastique marine ; le Lancement d’instruments financiers innovants, dont une émission obligataire conjointe avec l’UNICEF (a), des obligations pour la conservation de la faune et de la flore sauvages (a), une obligation liée à la réduction des émissions au Viet Nam (a) et un fonds fiduciaire de financement concessionnel destiné à fournir un soutien axé sur les résultats pour la réduction des émissions.
L’une des principales initiatives de M. Malpass a été de promouvoir la transparence et la viabilité de la dette, essentielles pour relancer l’investissement et la croissance. Sous sa direction, le Groupe de la Banque mondiale a lancé, en 2023, avec le FMI, la « table ronde » mondiale sur la dette souveraine pour renforcer le processus de restructuration de la dette ; travaillé avec les dirigeants mondiaux pour briser les cycles d’endettement insoutenable ; a mis en œuvre la nouvelle politique de la Banque mondiale pour le financement durable du développement qui vise à inciter les pays à s’orienter vers un financement transparent et durable ; œuvré au renforcement du rapprochement et la communication des données sur la dette, y compris les accords de swap des banques centrales, au sein de la base de données de la Banque mondiale dédiée aux Statistiques sur la dette internationale (IDS).
Renforcement de l’efficacité de la gestion du Groupe de la Banque mondiale
Durant son mandat, M. Malpass a priorisé la transparence des activités internes et externes, notamment par la divulgation d’informations financières et climatiques détaillées. Il a effectué une importante réorganisation des opérations de la Banque mondiale afin de renforcer la collaboration et de mieux intégrer les pôles mondiaux d’expertise et les unités opérationnelles régionales. L’américain a œuvré pour garantir la discipline budgétaire, accroître le recouvrement des coûts des fonds fiduciaires et réduire l’empreinte immobilière du Groupe de la Banque mondiale. L’homme a établi des partenariats avec les présidents de six collèges et universités servant historiquement la communauté noire (a) afin de promouvoir le partage des connaissances et des talents entre les institutions et les pays en développement. Il a également présidé à la création d’un groupe de travail sur le harcèlement sexuel, d’une équipe spéciale pour la lutte contre le racisme et d’une équipe spéciale sur la culture d’entreprise afin de contribuer à la mise en place d’un cadre de travail plus cohésif, collaboratif et réceptif. Il a aussi géré de multiples menaces pour la sécurité du personnel, dont l’évacuation du personnel d’Afghanistan, du Myanmar, du Soudan et de l’Ukraine, et à la suite de coups d’État au Sahel. En somme, il faut dire qu’il a marqué le groupe de la Banque mondiale par son savoir-faire, son management et son leadership.