A la Banque Africaine de Développement (BAD), une nouvelle tournure est engagée dans l’affaire liant le président Akinwumi Adesina et le groupe des « lanceurs d’alerte ». L’éponge semble être passée sur le verdict de la Commission d’Ethique de l’institution.
Sylvestre TCHOMAKOU
Longtemps attendue par les employés anonymes de la BAD réunis au sein du groupe des « lanceurs d’alertes », suivis des Etats Unis d’Amérique (USA), l’enquête indépendante exigée pour élucider les différentes accusations dont fait l’objet le président Akinwumi Adesina, est désormais ouverte. En séance le mardi 26 mai 2020 au siège de la BAD à Abidjan, le bureau du conseil des gouverneurs composé de trois pays (Côte d’Ivoire, Namibie et Argentine), ont acté le principe d’une enquête indépendante concernant l’affaire des allégations des lanceurs d’alertes. A l’origine, le président de la BAD était accusé par les « lanceurs d’alerte » de « comportement contraire à l’éthique, d’enrichissement personnel, d’obstacle à l’efficacité, de favoritisme, activités affectant la confiance dans l’intégrité de la banque et engagement dans des activités politiques ». En avril, un document d’une quinzaine de pages accusait l’ancien ministre de l’Agriculture de diverses malversations, notamment de favoritisme dans de nombreuses nominations de hauts responsables, en particulier de compatriotes nigérians. Le président de la BAD était aussi accusé d’avoir entre autres, nommé ou promu des personnes soupçonnées ou reconnues coupables de fraude ou de corruption, ou de leur avoir accordé de confortables indemnités de départ, sans les sanctionner. Entre 2016 et 2018, lors de « la grande campagne de recrutement qui a accompagné la restructuration lancée par le président Adesina », « environ 25 % des nouveaux managers recrutés ont été des Nigérians », alors qu’ils représentaient 9 % des embauches jusqu’alors. Ce qui correspondait à la part du Nigeria dans l’actionnariat de la BAD, dénoncent les lanceurs d’alerte.
Enquête indépendante sur la gestion du président Adesina