Le solde global de la balance des paiements du Bénin affiche un déficit de 118.287,1 millions en 2017 contre 168.012,8 millions, une année plus tôt, selon le rapport de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) sur la balance des paiements et position extérieure globale du Bénin en 2017. Une chute libre.
Joël YANCLO
En 2017, les échanges extérieurs du Bénin se sont déroulés dans un contexte international en phase d’amélioration, marqué par une demande plus vigoureuse et un redressement des cours des matières premières. Au plan interne, le rapport de la BCEAO sur la balance des paiements et position extérieure globale du Bénin en 2017 indique que la dynamique économique s’est traduite par la réalisation d’un taux de croissance estimé à 5,8% contre 4,0% en 2016. Ainsi, le solde global de la balance des paiements s’est ressenti de cet environnement, en affichant un déficit de 118.287,1 millions en 2017 contre 168.012,8 millions, une année plus tôt. Le déficit structurel de la balance des transactions courantes s’est accentué en ressortant à 539.779,3 millions en 2017, contre 479.648,3 millions l’année précédente. Cette évolution s’explique par une hausse du déficit de la balance des biens, dont les effets ont été modérés par la diminution des déficits des services et du revenu primaire, couplée à la consolidation de l’excédent du compte de capital. En effet, le déficit de la balance des biens s’est aggravé de 97.754,0 millions par rapport à 2016, en liaison avec une progression des importations de produits alimentaires. La hausse des importations a nourri la réexportation non officielle vers le Nigeria, en dépit des mesures en vigueur dans ce pays interdisant l’entrée de produits réexportés à partir du Bénin. En revanche, le rapport de la BCEAO sur la balance des paiements et position extérieure globale du Bénin en 2017 fait remarquer que le déficit des services nets s’est légèrement résorbé de 39.263,6 millions par rapport à l’année précédente, en s’affichant à 145.368,6 millions. Cette amélioration est à mettre en relation avec le recul des cours du pétrole sur les marchés internationaux. En ce qui concerne le revenu primaire, son déficit s’est réduit de 3.942,3 millions pour se situer à 18.456,1 millions en 2017, malgré une hausse de 1.558,4 millions du déficit du revenu des investissements. Le déficit du revenu des investissements est passé de 17.534,8 millions en 2016 à 19.093,2 millions en 2017. Son augmentation est imprimée par la progression des dividendes payés au titre des investissements directs reçus. Quant aux intérêts versés sur la dette publique, ils ont progressé pour se situer à 60.878,0 millions en 2017. Par ailleurs, l’excédent du revenu secondaire est ressorti à 118.612,0 millions, sous l’effet des appuis budgétaires reçus par les administrations publiques et des envois de fonds des travailleurs.
La PEG dégage un passif financier net de 1.877.972,9 millions
L’excédent du compte de capital s’est également consolidé de 32.316,6 millions, en ressortant à 113.884,9 millions au cours de l’année sous revue contre 81.568,3 millions en 2016, en liaison avec une augmentation des transferts en capital au profit des administrations publiques. Dans ces conditions, l’exécution des échanges avec l’extérieur s’est soldée par un besoin de financement de 425.894,4 millions partiellement couvert par les opérations financières. Le compte financier affiche ainsi un passif net de 303.620,0 millions. S’agissant de la Position Extérieure Globale (PEG), elle dégage un passif financier net de 1.877.972,9 millions au 31 décembre 2017 contre 1.552.001,3 millions au 31 décembre 2016. Les variations nettes induites par les autres changements d’actifs et de passifs se sont élevées à 23.898,7 millions, imputables essentiellement aux évolutions du taux de change entre le franc CFA et les principales devises étrangères, en particulier le dollar américain. Au Bénin, le taux de croissance économique réel est ressorti à 5,8% en 2017 contre 4,0% en 2016, selon les estimations des services officiels. Cette consolidation de la croissance s’explique principalement par les performances agricoles enregistrées au cours des dernières campagnes. En effet, la production cotonnière a progressé de 62,6% pour s’établir à 597.986 tonnes au titre de la campagne 2017-2018, contre une réalisation de 451.121 tonnes au cours de la campagne 2016-2017 et de 269.218 tonnes une campagne plus tôt. Cette forte progression notée depuis la campagne 2016-2017 est consécutive aux réformes engagées par le Gouvernement, qui a repositionné l’Association Interprofessionnelle du Coton(Aic) dans son rôle initial de gestionnaire de la filière coton, et aux efforts d’encadrement des cotonculteurs. Quant à la production vivrière, elle s’est renforcée de 7,8% durant la campagne 2017-2018 pour se situer à 10.748.542 tonnes en relation avec de meilleures conditions climatiques. La croissance enregistrée en 2017 est également liée à la hausse des activités de commerce, des télécommunications et des services financiers. En ce qui concerne le commerce, sa valeur ajoutée s’est consolidée de 5,2% en relation avec la réexportation informelle de produits alimentaires vers le Nigeria. Dans le secteur des télécommunications, le renforcement des investissements a notamment soutenu l’extension des réseaux et la diversification des offres. S’agissant des services financiers, ils se sont consolidés sous l’effet des activités bancaires et de microfinance.
Hausse des dépenses publiques
Les performances économiques en 2017 ont été soutenues par la hausse des dépenses publiques, principalement celles consacrées aux investissements. Les dépenses publiques ont été exécutées à hauteur de 1.318,1 milliards en 2017 contre une réalisation de 1.086,3 milliards l’année précédente, soit une hausse de 21,3%. Cette progression des dépenses publiques a été plus marquée au niveau de la composante dépenses en capital (64,0%) comparativement aux dépenses courantes (5,0%). L’inflation, mesurée par l’Indice Harmonisé des Prix à la Consommation (IHPC), s’est établie à 0,1% en 2017 contre -0,8% en 2016, se situant ainsi en dessous du seuil de 3% retenu dans le cadre de la surveillance multilatérale au sein de l’Uemoa. Cette évolution du niveau général des prix est en rapport avec la hausse très modérée des prix des produits pétroliers sur les marchés internationaux et les résultats positifs de la campagne agricole au plan local. Les opérations financières de l’Etat, quant à elles, se sont soldées par une réduction du déficit global dons compris (base ordonnancement) qui s’est établi à 5,9% du PIB courant contre 6,0% en 2016, sous l’effet de la gestion prudente des dépenses publiques par le Gouvernement. La situation monétaire a été marquée par une expansion de la masse monétaire de 21.815,3 millions pour s’établir à 2.111.622,1 millions, soit une augmentation de 1,0% comparativement aux réalisations de 2016. Cette expansion s’est traduite par un relèvement des dépôts en banques de 21.168,6 millions et une très faible progression de la circulation fiduciaire de 646,7 millions, en lien avec l’essor des services financiers via la téléphonie mobile. La consolidation de la masse monétaire s’est traduite par une hausse des créances sur l’économie, au terme des douze mois de l’année 2017, de l’ordre de 25.213,3 millions ou 1,9%, pour ressortir à 1.330.986,6 millions. La hausse des crédits résulte essentiellement de nouvelles mises en place de prêts en faveur d’entreprises évoluant dans les secteurs des télécommunications, de l’agro-industrie, de la distribution de produits pétroliers, de l’énergie et du commerce. Quant aux créances nettes des institutions de dépôt sur l’Administration Publique Centrale (APUC), la position du Gouvernement s’est détériorée de 158.832,4 millions, consécutivement au financement bancaire du déficit budgétaire de l’Etat. Les comptes extérieurs se sont ressentis de ces différentes évolutions, dégageant un déficit de 118.287,1 millions du solde global de la balance des paiements. Par ailleurs, il faut rappeler que la balance des paiements est un état statistique qui comptabilise l’ensemble des flux économiques et financiers entre les résidents d’un pays et les non-résidents au cours d’une période déterminée. Elle constitue, de ce fait, un outil indispensable d’aide à la décision pour les Autorités et les agents économiques.