(Environ 1500 milliards FCFA de financement nécessaires)
La représentation de la Banque mondiale au Bénin à travers la Société financière internationale (SFI) a présenté jeudi 07 décembre 2023 à Cotonou, le rapport national sur le climat et le développement (CCDR) du Bénin. C’était en présence de différents services et structures étatiques, des différentes composantes du Système des Nations Unies sous le leadership du coordonnateur, d’une équipe de la SFI conduite par Josiane Kwenda et Vincent Floreani sous la houlette du représentant résident de la Banque mondiale au Bénin, Nestor Coffi. Hermann Orou Takou, Directeur de cabinet du ministre d’Etat, ministre de l’économie et des finances représentant le ministre d’Etat, a présidé la cérémonie officielle du lancement.
Bidossessi WANOU
Classé au 152e rang sur 181 pays pour sa sensibilité aux phénomènes climatiques extrêmes, le Bénin fait face à un défi majeur car, ses émissions de GES devraient croître avec son développement. C’est l’un des pays les plus vulnérables aux impacts du changement climatique quoique comptant parmi les plus faibles niveaux de gaz à effet de serre (GES) au monde, représentant seulement 0,05 % des émissions mondiales. Permettre donc au pays d’appréhender assez tôt ses défis climatiques et de prendre les dispositions à court, moyen et long terme pour y faire face, c’est tout l’intérêt du rapport national sur le climat et le développement (CCDR). Selon Nestor Coffi, représentant résident de la Banque mondiale au Bénin, « l’objectif est de se doter d’un outil diagnostic afin d’aider les pays à atteindre leurs objectifs de développement tout en s’adaptant au changement climatique et en atténuant les émissions de gaz à effet de serre ». A l’en croire, « le CCDR explore les pistes, réformes, investissements et instruments de l’action publique qui permettront de tirer parti des ressources et des solutions du secteur privé, tant pour l’adaptation au changement climatique que pour l’atténuation ». C’est à cela que s’est attelée les équipes de l’IFC ou SFI depuis février pour enfin aboutir aux résultats et recommandations consignés dans ce rapport national. A terme, « le présent Rapport sur le climat et le développement (CCDR) propose que le Bénin se concentre sur l’édification d’une économie résiliente, en adoptant des options d’investissement et de politique principalement axées sur l’adaptation aux risques liés au changement climatique », a suggéré ledit rapport. Pour y parvenir, d’importants investissements seront nécessaires, selon le document. Ainsi, « les besoins de financement supplémentaires stricts au Bénin représentent un investissement annuel de 0,1 % du PIB jusqu’en 2030, passant à 0,3 % du PIB à l’horizon 2040 et à 0,8 % du PIB en 2050. Cela représenterait une moyenne annuelle de 0,3 % du PIB sur toute la durée de la période et coûterait 2,7 milliards de dollars EU à l’horizon 2030-32 », informe cette édition du CCDR. C’est environ 1500 milliards FCFA (Taux de change du dollar-FCFA au 07 décembre 2023). Représentant le ministre d’Etat, ministre de l’économie et des finances, Herman Orou Takou, Directeur de cabinet a salué l’intérêt du rapport et le travail des experts. « Les changements climatiques sont une réalité au Bénin avec des manifestations fréquentes sur le quotidien de nos populations. Ce qui appelle de notre part à la prise de mesures urgentes pour limiter les effets sur l’économie nationale », a fait remarquer le directeur. A cet effet « le rapport CCDR vient combler un vide en matière de mise en synergie des actions identifiées au niveau des secteurs vulnérables pour en évaluer leur impact sur l’économie. Le rapport met en évidence les résultats des simulations macroéconomiques de l’impact des changements climatiques sur l’économie avec des scénarii qui projettent le Bénin jusqu’en 2050. Le rapport souligne les défis et les enjeux pour soutenir la trajectoire de développement que le Bénin s’est donné », a poursuivi le représentant du ministre d’Etat.
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Des possibilités de financement de l’action climatique
Dans sa nouvelle version, le CCDR a mis l’accent sur trois possibilités de financement de l’action climatique. Primo, il propose d’accroître le financement public en collectant des recettes supplémentaires (par exemple, par le biais d’une taxe carbone) et en réalisant des gains d’efficacité dans les dépenses grâce à l’amélioration de l’investissement public et de la gestion financière. La capacité d’emprunt du Gouvernement sera limitée à l’avenir (…) En tant que membre de l’UEMOA, le Bénin doit se conformer aux critères de convergence, notamment la règle budgétaire, qui est supposée rester constante jusqu’en 2050, souligne le rapport. Secundo, il s’agira d’« obtenir davantage de ressources de la part des partenaires multilatéraux et bilatéraux au développement et pour le financement des risques de catastrophe (…). Tercio, le Bénin devrait tirer parti de l’investissement des entreprises en utilisant des instruments de tarification (par le biais de la fiscalité et des subventions) dans l’optique de réorienter l’allocation des capitaux vers des projets liés au climat ; en rendant le secteur financier plus écologique (par exemple, taxonomie et divulgation) ; et en développant des instruments basés sur le marché et des outils de réduction des risques (tels que des produits d’assurance) pour mieux partager la charge du risque entre le secteur public et le secteur privé. Pour mobiliser davantage l’épargne privée, le CCDR suggère au gouvernement de dresser une liste des transactions d’infrastructures vertes bancables (notamment par le biais de PPP). Globalement, « les efforts d’atténuation devraient éviter la dépendance excessive à l’égard du carbone et se focaliser sur la réduction de la déforestation. Investir dans les énergies renouvelables tout en élargissant l’accès de la population à l’électricité devrait constituer une priorité pour le Bénin », souligne le CCDR. Ce rapport, a conclu le représentant résident de la Banque Mondiale, n’est qu’un point de départ et il y aura une série d’actions pour permettre l’atteinte des objectifs. Représentant le ministre du Cadre de Vie et des Transports, chargé du Développement Durable, Ghislain Hounnou a rassuré que le gouvernement jouera sa partition et prendra en compte les recommandations pour faire face et atténuer les effets du changement climatique au Bénin.