La pérennisation des acquis d’une entreprise passe par le recours à un certain nombre d’outils qui permettent d’évaluer la gestion qui en est faite. Au nombre de ces outils, l’audit. Peu ancré dans les habitudes des entrepreneurs béninois, le recours à un auditeur pour évaluer le travail abattu et définir les orientations nécessaires à suivre pour accomplir des performances s’avère de plus en plus incontournable. En tout cas pour les entreprises qui entendent grandir.
A travers quelques questions posées au promoteur du cabinet STATECO-FICADEX, un auditeur comptable (financier) et auditeur QSE (qualité ISO 9001 ; santé et sécurité au travail ISO 45001 et environnement ISO 14001), nous avons voulu mieux comprendre comment cela se pratique au Bénin.
L’économiste du Bénin : Comment peut-on définir l’audit ? En quoi cela consiste ?
Antar-Cassir Badarou : A l’origine le mot ‘’audit’’ provient du latin « au dire » qui signifie (écouter). Ce terme était utilisé par les envoyés de l’empereur romain pour contrôler le montant des perceptions d’impôts. Toute démarche d’audit suppose la mise en œuvre d’une méthodologie prédéfinie à laquelle les auditeurs doivent se soumettre.Selon la norme ISO 19011 Version 2011 l’audit est un processus méthodique indépendant et documenté permettant d’obtenir des preuves d’audit.Selon les normes IFRS l’audit est une démarche cohérente de contrôle qui conduit à délivrer une opinion sur ce qui en fait l’objet, par rapport au référentiel applicable sur la base de preuves.
L’audit permet à une vision extérieure à l’entreprise de se prononcer ou de donner une opinion sur l’état général de l’entreprise sur une période donnée.Dans les deux contextes le mot « contrôle » est omniprésent.
Un exemple de processus d’audit dans une entreprise ?
Antar-Cassir Badarou : La démarche générale d’audit financier, peut être présentée en diverses phases distinctes au cours desquelles les travaux nécessaires au fondement de l’opinion sont effectués.
Ces diverses phases sont présentées dans le schéma figurant ci-après : acceptation de la mission ; prise de connaissance générale ; orientation et planification ; évaluation du contrôle interne ; contrôle physique ; phase pré-finale : confirmation directe ; phase finale : contrôle des comptes ; synthèse et bouclage/travaux de fin de mission ; rapports.
Qu’est-ce que l’audit financier apporte à une entreprise ?
Antar-Cassir Badarou : Certaines entreprises ont une obligation légale de faire contrôler leurs comptes au moins une fois par an ; si et seulement si elles répondent aux critères définis par le Syscohada en fonction de leur forme de leur chiffre d’affaires etc …
D’autres n’ont aucune obligation de faire auditer leurs comptes mais du fait de la complexité de leur activité ou de la taille de leur société, engagent à l’interne des auditeurs qui auront pour rôle de relever et de corriger toutes les faiblesses constatées de manière continue.
D’autres encore comme les banques en général fonctionnent avec les deux dispositifs en même temps.L’audit est un outil dont disposent les entreprises et les professionnels dans le domaine pourdéceler les éventuelles anomalies, non-conformités, erreurs ou encore faiblessessignificatives qui impacteraient la santé financière de l’entreprise.
Que perd une entreprise à ne pas se faire auditer ?
Antar-Cassir Badarou : Comme je l’expliquais précédemment, l’audit est un outil et tout le monde peut s’en servir ; il revientà l’entreprise et ses dirigeants d’évaluer le risque auquel ils s’exposent en ne faisant pas d’audit. Enfonction de ses objectifs l’entreprise privilégiera un système de contrôle ou non.
Quelle est la perception qu’on a de l’audit au Bénin ?
Antar-Cassir Badarou : Au Bénin aucun constat particulier n’a été fait jusque-là concernant le domaine.Au Bénin l’audit est perçu comme un contrôle qui entrainera forcément des conséquencesgraves. Les rapports d’audit ont des informations suffisamment importantes pour impacter lavie interne d’une entreprise.
La plupart des auditeurs sont soit des agents assermentés (les experts comptables) soitils sont tenus au secret professionnel. Dans le domaine de l’expertise comptable, les activitéssont bien régulées et contrôlées par un ordre alors que dans le domaine des QSE, nouspeinons encore à organiser une association qui ira dans ce sens.
Aujourd’hui on a des processus interconnectés dans les entreprises, ce qui oblige lesauditeurs à observer l’impact de toutes anomalies sur l’ensemble de l’entreprise et sesparties prenantes ce qui rend les auditeurs pluridisciplinaires. Le contexte économiqued’aujourd’hui fait que les entreprises développent des activités différentes de l’usage (ex : lesfermes agroalimentaires) ce qui pousse les auditeurs à s’enquérir de nouvelles normes et denouvelles méthodes d’audit.