Les micros, petites et moyennes entreprises (MPME) ont été confrontées à divers problèmes en 2021 en raison de la crise. Fidèle à sa mission qui est d’accompagner ces entreprises dans leur développement et l’amélioration de leur compétitivité, l’Agence nationale des petites et moyennes entreprises (ANPME) a poursuivi ses actions de renforcement de capacité, de coaching et de structuration. C’est dans ce cadre que le Directeur général de l’Agence, Alexandre Houédjoklounon a présenté ses priorités et ses perspectives à savoir structuration, déconcentration, coaching, promotion, etc.
La crise sanitaire a mis à rude épreuve les petites et moyennes entreprises béninoises. Quel bilan peut-on faire des chocs subis par les PME au titre de l’année 2021 ?
Les chocs que les Pme ont reçus se situent au niveau de leurs différentes fonctions d’approvisionnement, la gestion de leurs personnels, des commandes non exécutées parce que les clients ont décliné la demande. Il y a eu beaucoup de mévente due aux mesures de confinement. Les dommages ont été plus criards en 2020 et avec les mesures que le gouvernement a prises en 2021 pour atténuer les affres de la crise, il y a eu beaucoup de changement. En juillet 2020, nous avons commencé par assister à un certain lissage des problèmes. Aujourd’hui, on peut dire que les PME se relèvent petit à petit car elles sont très résilientes. Nombre de ces entreprises utilisent des techniques informelles pour s’en sortir.
Quelles ont été les actions de l’ANPME pour accompagner la relance qui s’amorce depuis le début de l’année 2021 ?
L’ANPME a conseillé et orienté un certain nombre d’entreprises. L’ANPME est dans une posture d’information et de coaching pour qu’à la sortie, nos entreprises soient très crédibles pour tous leurs partenaires, que ce soient les banques ou les institutions de financement. Par exemple pour les entreprises agroalimentaires, nous avons opté pour leur structuration afin qu’elles développent des services de livraison et qu’elles se mettent en réseau. L’utilisation de l’outil digital a beaucoup aidé dans le bon déroulement de nos programmes. L’ANPME a organisé des séances de renforcement de capacités en ligne et en présentiel pour informer les PME sur de nouveaux modes de communication. Spécifiquement pour la gente féminine, nous avons organisé trois jours de renforcement des capacités en faveur des femmes élites entrepreneures en marge de la célébration de la Journée internationale de la femme. Aussi, à la demande de l’ANPME, la Direction générale des impôts n’a pas été trop regardante sur les exigences fiscales. Nous avons demandé un petit moratoire pour que les entreprises rentrent de plain-pieds dans leurs activités. Donc je ne vais pas dire que le bilan est positif mais je ne dirai pas non plus qu’il est négatif, plutôt qu’il se stabilise et l’économie reprendra activement dès 2022. Il faut souligner que les entreprises ont brillé par leur force d’imagination. La crise du Covid-19 a permis de développer le génie béninois sur beaucoup de thématiques. Le gouvernement n’a pas été du reste. Même les entreprises du secteur informel ont été enregistrées sur une plateforme pour bénéficier des filets sociaux développés par le gouvernement. L’Etat a donné toute une gamme de filets sociaux et le taux de sortie de crise par exemple pour les entreprises agricoles oscillent autour de 2%. Le gouvernement a subventionné l’intérêt que les institutions de financement devraient prélever chez certaines entreprises. De plus le gouvernement a apuré beaucoup de dette des entreprises. La dernière en date a été soldée par la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM). Depuis 2019, le gouvernement a essayé de finir avec toutes les dettes que les entreprises béninoises ont avec l’Etat.
Toujours pour résoudre le problème de financement au niveau des entreprises, l’ANPME a lancé le programme élite qui cible des entreprises championnes qui peuvent déjà se présenter à la Bourse régionale des valeurs mobilières. Pour qu’une entreprise accède à ce compartiment, il faut une grande transparence dans ses activités. Si une entreprise réussit ce cap, elle est visible pour tous les investisseurs. Ainsi nous avons ciblé 4 entreprises éligibles, mais au terme des études faites par les experts, nous avons eu deux de ces entreprises qui seront présentées à la BRVM l’année prochaine.
Comment l’Agence s’organise-t-elle pour la prise en compte des entreprises qui sont en dehors de Cotonou ?
L’ANPME intervient dans les 77 communes. Nous avons trois antennes au sud, au centre et au nord. Dans notre projet de déconcentration, nous envisageons 10 antennes sur tout le territoire national. Pour le moment nous n’en sommes pas encore là. Nous avons récemment lancé un programme d’accompagnement des entreprises dans leur territoire. Nous venons de finir les 21 mairies de la zone méridionale de notre pays. Ces communes sont déjà inscrites dans une dynamique qui servira à recenser les PME grâce à des points focaux que nous avons déjà formés. L’année prochaine déjà à partir de janvier, nous irons dans chacune des communes des 8 autres départements. Les plans de développement communaux vont contenir des programmes spécifiques pour la capacitation des PME.
Quelles sont les prochains challenges de l’ANPME?
L’Agence est totalement en phase avec le PAG2. Les PME ont une place importante dans ce programme. Les questions de financement seront résolues. Il y aura beaucoup de programmes avec les partenaires financiers et techniques en vue de densifier la structure des entreprises des secteurs phares du PAG. Nous allons davantage renforcer les capacités des chefs d’entreprises. Il y aura une meilleure structuration de l’ANPME. La promotion des PME au niveau local sera un programme phare et des fonds compétitifs seront logés au niveau des mairies pour leur permettre de connaître leur PME et les promouvoir. Egalement, les outils digitaux seront multipliés pour le bon développement des entreprises. Nous avons déjà le mpme.bj qui est une plateforme où les PME peuvent s’enregistrer, se diagnostiquer et connaître tout ce qui est dans leur ressort. Il y aura également la plateforme de la commande publique où les entreprises pourraient aller se renseigner sur tout ce qui est commande publique.
Propos recueillis par Félicienne HOUESSOU