En saison des pluies tout comme en saison sèche, des produits issus du maraîchage ne manquent pas sur les différents marchés au Bénin.
Joël YANCLO
Choux, carottes, légumes de toutes sortes, tomates, citronnelles, betteraves, concombres, poivrons, persils, crin-crin, gombos, piments verts etc, sont toujours présents sur les étalages des bonnes dames vendeuses des produits de maraîchage tout au long de l’année, pour la satisfaction des besoins alimentaires, que cela soit en saison des pluies qu’en saison sèche. Les professionnels du maraîchage assurent la disponibilité de ces produits grâce à des techniques permettant de cultiver en saison sèche par le biais de l’arrosage simultanée notamment. Un peu partout sur le territoire béninois, le maraîchage assure aux jeunes qui s’y adonnent des revenus subséquents qui leur permettent de sortir des griffes du chômage. La commune de Sèmè-Podji dans le département de l’Ouémé située à seize kilomètres de Cotonou est la commune par excellence du maraîchage. Cette commune à l’instar d’autres comme Grand-Popo, s’illustre par une dense activité maraîchère. Un domaine d’environ 100 hectares, une bande de terre limitée par l’axe routier Cotonou – Porto-Novo et la mer, abrite depuis plus d’une décennie, des maraîchers hommes et femmes qui s’activent au quotidien pour la conquête du pain quotidien. Plusieurs spéculations sont identifiables sur le terrain. D’une part, des cultures traditionnelles de plein champ telles que la tomate, le piment, l’oignon, le gombo, les légumes feuilles… ; d’autre part, des cultures exotiques comme la carotte, le chou, la laitue, le concombre, la betterave, des plantes aromatiques, du haricot vert, etc. Le travail du maraîcher est plus facile en période des précipitations où les pluies assurent l’arrosage des cultures. Alors qu’en saison sèche, il faut assurer un arrosage permanent à l’aide des motopompes et autres installations permettant de tirer l’eau du sol pour l’arrosage régulier des cultures. Et cela a un coût car il faut acheter le carburant dans les motopompes, on a besoin d’au moins quatre litres d’essence, selon Dah Sèvèzoun, un jardinier expérimenté rencontré à PK 18 route de Porto-Novo. Pour lui, toutes les semences sont bonnes pourvu que tous les soins et attentions adéquats soient apportés aux cultures. Ainsi, il y a des spéculations adaptées à chaque période de l’année. « Par exemple pour avoir un bon rendement, il est plus indiqué de produire la tomate entre juin, juillet et août, les choux nécessite un traitement spécial. Un maraîcher qui exploite un hectare au moins de terrain, a besoin de deux ou trois collaborateurs rémunérés pour l’aider dans ses travaux notamment l’arrosage, le défrisage et autres tâches d’entretien » explique Dah Sèvèzoun. Actuellement ces collaborateurs qui ambitionnent devenir maraîchers, sont rémunérés entre 25 000 et 30 000 FCFA le mois selon leur niveau d’expérience.
Initiation au maraîchage
Plusieurs maladies et attaques d’insectes font obstacle au bon rendement des cultures de maraîchage. « Il y a par exemple l’hématode qui attaque souvent les carottes, l’acarien qui empêche le développement des légumes », aux dires de Dah Sèvèzoun. Aujourd’hui, le maraîchage est une profession à part entière et pour y adhérer, l’aspirant doit remplir les conditions qui réglementent la coopérative qui gouverne le site. « Pour intégrer la coopérative dont je suis membre et pratiquer dans la sérénité le maraîchage, l’adhérant doit s’acquitter d’un droit d’adhésion de 10 000 FCFA et d’une part sociale de 40 000 FCFA et généralement être parrainé par un coopérant qui lui facilite son intégration. Après avoir rempli ces conditions, le néo maraîchers doit réaliser un forage, acquérir une motopompe, des raccords, des semences, des intrants et le matériel de travail nécessaire à savoir houe, râteau, coupe-coupe, binette, traceur, arrosoir, pulvérisateur, etc. Une initiation aux itinéraires et techniques de maraîchage est également indispensable pour réussir dans ce secteur d’activité. « Oui, il faut nécessairement suivre une formation pratique sur le terrain car, la confection et l’entretien des planches, la mise en place des pépinières, l’utilisation des machines pour arroser requiert une certaine disposition », a fait savoir DahSèvèzoun qui indique que les cultures sont produites dans un système irrigué et sur sol sableux très pauvre en matières organiques. Pour la production de ces cultures, les maraichers suivent des itinéraires techniques bien définis et la commercialisation de ces produits est faite par les producteurs eux-mêmes et de façon individuelle.Aujourd’hui, le maraîchage représente une source importante d’emplois et de revenus pour les populations du Bénin. Plusieurs projets et programmes financés par l’Etat et des partenaires au développement apportent leurs contributions à une professionnalisation plus avancée du maraîchage. En somme le marîchage est une source d’autonomisation pérenne.