Disposant de jeunes entreprises innovantes dans l’agro-industrie, le Bénin peine à s’affirmer sur le marché du commerce extérieur et celui de la valorisation de sa « destination ». Mûe par le désir d’inverser la tendance, l’Agence Visuelle Logistique (AVL) Bénin Sarl, offre aux entreprises béninoises, la possibilité d’aller à la conquête des clients européens bien qu’étant surplace. Comment donc ?
L’économiste : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs s’il vous plaît ?
Camille Sègnigbindé : Je suis le Directeur de l’Agence Visuelle Logistique Bénin Sarl (AVL). Une entreprise qui s’est donnée pour vocation d’outiller les entreprises naissantes au plan management et matériel. Ce faisant nous avons un programme depuis 2016, le « Bénin Young Business Award » (BYBA) ; un programme d’accélérateur d’entreprises qui a révélé une cinquantaine de jeunes entreprises innovantes de 2016 à ce jour. En termes de formation, nous avons accompagné 500 autres entreprises.
Du 06 au 13 décembre 2019, votre structure a lancé un appel à manifestation d’intérêt à Africa Export Tour 2019-2020. De quoi s’agit-il ?
« Africa Export Tour 2019-2020 » est la suite logique du BYBA. Le BYBA a révélé tellement d’entreprises innovantes qui pour la plupart se trouvent dans le domaine de l’agro-industrie; des entités qui produisent des choses exportables, des productions qui peuvent donner de la valeur ajoutée au label made in Bénin. Après le diagnostic que nous avons réalisé, nous avons compris qu’il y en a qui ont besoin qu’on les aide dans l’export, qu’on les aide à mettre leurs produits sur d’autres marchés. Il est vrai qu’on aurait pu parler du marché ouest-africain d’abord avant d’aller en Europe. Mais il faut rappeler que l’Agence Visuelle Logistique (AVL) Bénin SARL fait partie d’un groupe d’entreprises détenu par les mêmes associés et positionnés de façon stratégique, en Europe précisément en Belgique avec l’entreprise « AVL Express », au Maroc pour couvrir la partie Afrique du nord avec l’entreprise « AVL Maroc » et au Bénin avec « AVL Bénin ». Puisque c’est dans ces zones que nous avons des représentants dynamiques, après avoir aidé les jeunes entreprises, nous nous sommes dit qu’il faut aller à l’export. Le concept vise donc à mobiliser ceux qui ont des produits et qui ont une certaine capacité financière à supporter les frais liés au transport et à certains frais. Nous, nous offrons tout ce qui est appui technique, appui informationnel et le travail de terrain, une fois en Europe. Déjà nous disposons d’un entrepôt, d’un magasin prêt à accueillir tout ce qui peut venir du Bénin. Nous avons déjà prospecté le terrain à travers des commerciaux recrutés là-bas, pour voir comment les produits béninois dont certains échantillons ont été envoyés en Belgique, peuvent être accueillis sur le marché européen. C’est un projet dont nous avons fait part aux responsables de la chambre de commerce et d’industrie de la Wallonie ; laquelle chambre est avec nous depuis 2016 sur le projet BYBA. Le projet Africa Export Tour reçoit également leur accord. L’objectif est de partir de la Belgique pour atteindre les autres pays de l’Europe.
Parlant du BYBA 2019, quelles ont été les réussites et les faiblesses ? Combien de participants avez-vous connus ?
En termes d’inscrits pour le compte de l’année 2019, après l’appel à candidature puis la sélection des meilleures startups, nous avons enregistré une trentaine de jeunes entreprises accélérées pour la phase finale. Avec l’appui de la Chambre d’Industrie et du Commerce du Bénin, ils ont suivi des formations de renforcement de capacité et s’en est suivie la seconde étape, l’évaluation par « speech ». A cette étape, ils sont appelés à défendre leur projet devant un jury composé de chef d’entreprises, d’acteurs de développement personnel, de comptables, de financiers, de spécialistes du marketing, etc. L’objectif de cette étape est de savoir jusqu’à quelle hauteur ils maitrisent leur projet et si le business est viable. En même temps, on les aide à améliorer leur idée d’entreprise. A partir de cette présentation, les trois meilleurs sont accompagnés matériellement avec l’appui des partenaires.
Quelles sont les opportunités qu’offre le programme Africa Export Tour aux startups ?
Les opportunités sont énormes. Nous avons par exemple un marché d’écoulement des produits à un prix mieux que celui à l’interne. La demande de nos produits en Europe est une réalité. Les fois où on a soumis nos produits à des séances de dégustation, les dégustateurs en ont redemandé. Quand on prend nos liqueurs, avec la même expérience, les demandes sont énormes. Le plus grand défi, c’est comment faire pour se rendre sur ce marché avec toutes les contraintes en termes de normes.
Ne pensez-vous pas que les différents coûts à la participation peuvent être un obstacle aux jeunes entrepreneurs qui ont envie de participer mais n’ont peut-être pas les moyens ?
Ce que nous voulons faire, ce sont des envois de produits en groupe et par conteneur. Un nombre de personnes intéressées se mettent ensemble et ils se partagent les charges pour l’envoi de leurs produits sans être forcément sur le terrain. Nous, nous nous occupons de la promotion de ces produits, de collecter les ressources des ventes qui reviennent aux promoteurs. Donc ils n’ont pas besoin de se déplacer sur la Belgique.
Quel lien avez-vous avec l’Etat béninois et l’Etat belge ?
Au Bénin, la seule institution avec laquelle nous travaillons, c’est la Chambre d’Industrie et du Commerce du Bénin (CCIB). Du côté de la Belgique, la seule institution impliquée dans nos activités, c’est la Chambre du Commerce et d’Industrie de la Wallonie; et quelques fois l’ambassade du Bénin près la Belgique. En 2017, nous avions représenté le Bénin avec la participation de l’ambassade, à plusieurs rencontres touristiques. C’est notre entreprise « AVL Express » sur place en Belgique qui a aidé l’ambassade du Bénin à vendre la « destination Bénin ». Nous sommes disponibles à toutes formes de collaboration. Et parce qu’on a pas de soutiens, cette année le programme a connu une modification. Ce changement, c’est que les jeunes ont suivi toutes les phases jusqu’à la formation au niveau de la CCIB mais la phase de dotation du matériel, nous ne l’avons plus fait en raison de nos moyens limités.
Votre mot de la fin
Si éventuellement une institution ou toute personne se sent intéressée, nous sommes ouverts à toutes les offres, pourvu que ça aide à concrétiser le projet qui a pour objectif premier de donner du contenu au Label made in Benin à l’international. Le second objectif vise à aider les jeunes promoteurs à ouvrir leur marché pour permettre aux producteurs de vivre de leurs activités; considérant que le marché béninois est trop exigüe. Au-delà, par ce projet, nous voulons travailler à éliminer les produits non compétitifs. Ceux qui ont l’habitude de nous suivre savent que ce que nous faisons est bien muri. Quant à ceux qui ne nous suivaient pas, nous les invitons à nous suivre désormais, à contribuer à la réussite de la chose et à être surtout rassurés. Nous le faisons pour le bien de tous.
Réalisation par Sylvestre TCHOMAKOU