L’affaissement du pont de Malanville, le mercredi 05 septembre dernier, a mis en péril le trafic entre le Bénin et le Niger. Un dommage socioéconomique causé entre autres par des chocs d’inondations qui durent depuis des années. Pourtant les prévisions laissent croire une possibilité d’anticiper sur ce risque.
La principale porte d’entrée et de sortie du Niger pour les piétons, les bus et les transporteurs, à plus de 700 kilomètres de Cotonou, a cédé. Tout est paralysé sur cet axe routier stratégique causant d’énormes conséquences économiques sur le Bénin, sur les pays de l’hinterland, principalement du Niger, du Mali et des Etats du nord du Nigeria. Ainsi, plusieurs économies de plusieurs pays, partenaires économiques, feront les frais de cette catastrophe qui pouvait être anticipée par les autorités béninoises. Car, chaque année l’on enregistre des inondations au niveau du bassin du Niger qui détruit peu à peu les infrastructures. Selon les chiffres de l’Agence nationale de la protection civile (Anpc), depuis le 30 août dernier les eaux ont atteint une hauteur de 9m avec un devis de 2800 m3 par seconde. Pour un pont vieux de la cinquantaine d’années, il est impossible de pointer un doigt accusateur sur la qualité de l’infrastructure. Alors que l’infrastructure reçoit des chocs avec chaque inondation, il était nécessaire d’effectuer l’étude des infrastructures après chaque inondation. C’est la seule solution pour s’assurer de la nécessité de réfectionner de telle infrastructure stratégique pour le développement du pays. Le pays a, comme le disait un ingénieur des ponts et chaussées, un vaste problème de remise à neuf de ses infrastructures. Car, la prévention coûte moins que la réparation des dégâts.
Prévenir les prochains drames
En effet, les gros porteurs qui circulaient sur ce pont pour ravitailler Malanville et ses villes environnantes en diverses marchandises doivent prendre jusqu’à nouvel ordre par des contournements fastidieux qui leur coûteront plus de temps et plus d’investissements financiers. Selon le ministre des infrastructures, la première voie de contournement, c’est au niveau de Parakou, la seconde possibilité est de passer par Bodjékali à Kamba et de Kamba à Gaya. Des contournements qui rallongent le trajet et occasionnent des dépenses supplémentaires en terme de carburants. De plus, il a fallu déployer les barques motorisées de l’armée pour assurer le trafic fluvial et le détachement des forces navales et de la police fluviale pour la sécurité. Tout ceci à un coût qui pèse lourd sur les caisses de l’Etat sans compter les nombreuses pertes de recettes douanières. Que cela occasionne. « Nous mettons l’accent sur la prévision car, à chaque inondation la durée de vie de l’infrastructure diminue, a déclaré un citoyen qui a requis l’anonymat. Le Bénin est en train de perdre des milliards faute d’anticipation», explique un agent de l’Anpc. Pire, il informe que face à ces prévisions sévères, il serait compliqué de faire des études adéquates à l’heure actuelle pour la construction d’un nouveau pont. A l’en croire, il va falloir attendre que l’eau issue de l’inondation se retire. Mais de son côté, le ministre des Infrastructures Alassane Seidou promet un nouveau pont en 45 jours : « une des plus grandes entreprises du pays nous a proposés la construction d’un pont neuf en un mois. Nos techniciens pensent que cela peut prendre jusqu’à 45 jours», a fait savoir le ministre. Reste à savoir si ce délai sera respecté avec l’inondation qui secoue tout le pays multipliant les zones d’alerte. Mais avant tout, pour pallier un nouveau choc de même nature, le pont de Porto-Novo, unique porte d’entrée au Nigéria mérite toutes les attentions, de même que celui de Guézin dans la commune de Comé, département du Mono. Comme le dit-on, il faut mieux prévenir que guérir.
Félicienne HOUESSOU