L’abattoir de Cotonou est au cœur d’une controverse née de la diffusion de certaines images sur les réseaux sociaux et d’une production médiatique assez incomplète. Après avoir mené des investigations dignes du nom, le constat sur le terrain est tout autre. Chassez le naturel et il revient au galop.
Nafiou OGOUCHOLA
Le directeur de l’abattoir de Cotonou, docteur Mohammed Sossouhounto, travaille à faire de l’abattoir de Cotonou une référence dans la sous-région. Pour ce faire, il a décidé de le rendre autonome et rentable. De sources concordantes, il ressort que cette entreprise fait difficilement face à ses charges d’exploitation. En effet, selon les informations recueillies, l’électricité, l’eau et l’entretien des infrastructures de l’abattoir de Cotonou reviennent assez chers à cette entreprise. De ces mêmes sources, il ressort que l’abattoir consomme environ 150.000 FCFA de frais d’électricité chaque jour. Ajoutés à cette triste réalité, les frais d’eau et d’entretien finissent par anéantir les efforts de l’administration de cette société. Ainsi, depuis sa nomination, docteur Sossouhounto a cherché des voies et moyens pour permettre à l’abattoir de Cotonou de rentabiliser l’investissement fait par l’Etat et pourquoi pas de faire des recettes au profit de l’Etat. Ce qui n’est pas du goût de certains usagers de cette société, selon leurs propos rapportés par une presse locale. Mais l’évidence est que depuis la création de l’abattoir de Cotonou en 1978, les usagers payaient 60 FCFA par kilogramme pour la carcasse de leurs animaux. Ainsi, alors que le prix du kilogramme de viande n’a cessé d’augmenter depuis des années sur le marché béninois, les propriétaires de bêtes continuaient par payer 60 FCFA par kilogramme. Pis, les tarifs d’électricité et d’eau ont aussi augmenté le long des années. Mais pas question de procéder à l’augmentation des frais de l’abattoir de Cotonou. « On me dit que l’abattoir fait déjà assez de recettes. Mais c’est mon souhait. Si je fais des recettes, je contribue ainsi à la réalisation des projets et programmes de développement de mon pays », a confié Mohammed Sossouhounto. « Si l’abattoir faisait des recettes conséquentes, plusieurs travaux confortatifs auraient déjà été entrepris dans la maison. Il y a quelques années vous savez l’insalubrité qui règne autour de l’abattoir. Mais c’est avec l’appui du gouvernement que nous avons pu investir pour assainir davantage notre cadre de vie. Et si nous avons plus de moyens, c’est d’abord les conditions que disent dénoncer ceux qui publient ces images que nous allons d’abord améliorer », a renseigné le directeur de l’abattoir.
La question de la coupure d’eau
La zone de l’abattoir de Cotonou est sujette à de fréquentes coupures d’eau depuis quelques semaines. Ce qui handicape le travail de certains agents qui extrapolent ce problème en brisant les interdictions du directeur. En effet, l’abattoir dispose d’un système de pompage d’eau. Mais cette eau n’est pas blanche, malgré les traitements. Ce qui a poussé docteur Sossouhounto à en interdire l’usage. Mais chose curieuse, les auteurs des images diffusées ont effectué les captures au moment où ils utilisaient cette eau qui n’est pas sale mais qui a le défaut de n’être pas incolore du fait de la nappe phréatique en mauvais état. Ainsi donc, c’est en désobéissant aux recommandations du directeur de l’abattoir que les auteurs du forfait sur l’image ont été filmés. De sources concordantes, il ressort que cela aurait été fait exprès car si les personnes qui utilisaient l’eau saumâtre sont identifiées, elles seront passibles de punition. « Le vrai problème, c’est les coupures d’eau. Sans cela, les agents indélicats ne pourraient pas passer outre mes prescriptions. Il nous faut de l’eau pour laver les moutons et quand c’est coupé, bonjour les forfaits divers », a commenté Mohammed Sossouhounto.
Le traitement des déchets solides et liquides
L’abattoir de Cotonou produit des déchets chaque jour. Très tôt le matin, la station d’épuration est mise en marche pour traiter les déchets liquides et un camion vient ramasser les déchets solides pour les servir aux fermiers qui en font de l’engrais. Les images diffusées pour décrédibiliser la qualité du travail qui se fait ont été prises alors que la station d’épuration n’avait pas fini de traiter les déchets liquides. De même, le camion n’était pas encore passé pour ramasser les déchets solides. « Il faut entreposer les déchets quelque part pendant quelques heures (NDLR : les travailleurs mettent l’abattoir en marche avant le lever du soleil) avant que ceux qui viennent les récupérer ne soient là. Ce sont les images de ces déchets qui attendaient d’être évacués qu’ils diffusent. La preuve, est-ce que vous voyez de déchets ici maintenant ? », s’est interrogé docteur Sossouhounto.
Le vrai problème de chambre froide est ailleurs
La gestion de la ‘’chambre froide’’ crée des mécontents. De sources concordantes, l’abattoir de Cotonou n’a pas une chambre froide digne du nom. En fait il dispose d’une ‘’chambre froide’’ pour donner une certaine couleur aux carcasses d’animaux avant de les mettre à la disposition des propriétaires. Mais les vendeurs y amènent leurs invendus et veulent que cela y soit conservé comme si c’était dans une chambre froide réalisée à cet effet. Ce qui les oppose au directeur Sossouhounto.