Le déficit actuel de logements au Nigeria est estimé entre 17 et 22 millions d’unités, selon les chiffres officiels. La crise continue de s’aggraver à mesure que la population augmente et l’exode rural dépasse ses limites. Le pays compte actuellement près de 200 millions d’habitants.
Issa SIKITI DA SILVA
Le déficit de logement augmente chaque année de 900 000 unités et nécessitera un investissement annuel de 6 000 milliards de nairas (16 milliards de dollars), ce qui incitera le secteur privé à jouer un rôle important aux côtés du gouvernement pour lutter contre le déficit de logement, a déclaré le Centre pour le financement du logement abordable en Afrique (CAHF) dans sa lettre d’information intitulée ‘Understanding the Nigerian Market’ de juillet 2019.
« Le chiffre de 900 000 est insignifiant. Il nous faut beaucoup plus car ce que j’ai vu au mois d’avril après avoir vécu deux ans en dehors du pays m’a fortement choqué. Je crains qu’il soit trop tard pour le gouvernement de rattraper le retard et combler ce déficit à cause de l’augmentation de la population », a déclaré David Nwakalor, un citoyen nigérian vivant au Bénin.
Il y une forte communauté de nigérians vivant au Bénin, y compris une masse énorme qui fait du commerce des friperies (habits et chaussures) au marché de Missèbo dans la capitale économique du Bénin.
« La population augmente mais les infrastructures de qualité n’accroissent pas. Pas assez d’électricité et d’eau. Et quand est-ce qu’on va construire toutes ces 17 ou 22 millions de maisons pendant que la corruption nous menace chaque jour ? », s’est interrogé un autre nigérian sous couvert de l’anonymat.
Financement du logement
« Pour remédier à la pénurie de logements abordablesles principaux acteurs du secteur du logement, y compris les banques hypothécaires, les institutions de financement et les promoteurs, travaillent ensemble de manière plus structurée pour renforcer le secteur du financement du logement au Nigéria », a indiqué le CAHF, citant l’amélioration de l’accès au financement pour la basse classe comme le plus grand défi.
« C’est compliqué d’acheter une maison à crédit au Nigeria, ici c’est mieux. C’est comme s’ils ne veulent pas vendre aux gens comme nous qui n’avons pas assez de moyens. Ils ciblent les riches et les stars. Ils croient qu’on ne sera pas en mesure de rembourser », a affirmé le commerçant de friperies.
« Il est clair que le secteur du financement hypothécaire au Nigéria en est encore à ses balbutiements, ciblant principalement les hauts revenus et excluant en grande partie les bas et moyens revenus », a renseigné CAHF, ajoutant toutefois que les coûts de remboursement des prêts restaient exorbitants.
Lagos ou Abuja ?
La demande du logement abordable au Nigeria continue d’accroitre plus vite par rapport à l’offre surtout dans les zones urbaines de Lagos, Port Harcourt et la capitale Abuja.Le Nigéria connaît une urbanisation rapide de 4,9% avec un taux de croissance démographique annuelle de 2,6%, et on prévoit que 75% de la population vivra en zone urbaine d’ici 2050, selon la lettre d’information de CAHF. « J’avais eu l’opportunité d’acheter une maison à Abuja mais j’ai dûdécliner parce que c’est trop loin de Cotonou. Comme mon business est ici, il serait préférable d’avoir une maison à Lagos qui est prêt de Cotonou. Le grand problème de Lagos, c’est le prix. C’est trop cher », a renchéri David Nwakalor.