Les dirigeants africains travaillent à ce que la monnaie unique des pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) devienne une réalité dans quelques mois. A la fin de la conférence des États membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), le vendredi 12 juillet 2019 à Abidjan, le président en exercice de l’Uemoa a donné quelques détails sur la valeur que pourrait avoir cette monnaie.
Nafiou OGOUCHOLA
Le président ivoirien Alassane Ouattara, au micro des journalistes de Radio France international (RFI) a levé un coin de voile sur ce qui pourrait se révéler être la valeur de la future monnaie ‘’Eco’’ sur le marché de change. Comparant le taux de change du franc CFA à l’Euro, Alassane Ouattara a soutenu : « … ce taux ne changerait pas dans l’immédiat… Aujourd’hui, le taux de change de l’euro par rapport au franc CFA est de 655,9. Et bien sûr, si les chefs d’État décidaient l’année prochaine de changer le franc CFA en Eco parce que nous avons respecté tous les critères de convergence, ce taux ne changerait pas dans l’immédiat ». Le président de la Côte d’Ivoire a appuyé son point de vue par des exemples concrets. « Nous considérons que ce taux de change fixe vis-à-vis de l’euro a bien servi nos économies, maîtrise l’inflation, nous permet d’avoir des taux de croissance les plus élevés du continent. Il n’y a rien de pire pour les populations que l’inflation. Je suis très fier de dire que la Côte d’Ivoire depuis sept ans n’a jamais dépassé un taux d’inflation de 1 à 2% par an, et il faut que cela soit maintenu », a-t-il confié.
Selon les explications fournies par le chef d’Etat ivoirien, la monnaie unique de la CEDEAO pourrait se contenter de la valeur du franc CFA dès ses premiers jours avant que des ajustements ne soient faits par la suite. L’adhésion d’autres Etats africains qui ne sont pas de la CEDEAO pourrait servir de tremplin pour réévaluer la monnaie unique, au moment opportun. « À terme, une fois que l’éco dépassera les frontières de l’Uemoa et intégrera des pays qui n’ont pas le franc pour monnaie, cette question d’un taux flexible pourra être remise sur la table des débats », a-t-il soutenu.
Amener le déficit à 3% pour que l’Eco puisse entrer en vigueur en 2020
Pour l’heure, les chefs d’Etats sont préoccupés par le fait que les Etats réunis au sein de la CEDEAO doivent remplir les conditions qu’il faut afin de donner corps au rêve de la monnaie unique qui est en train de se réaliser. Ainsi, les chefs d’Etats ont-ils plaidé pour que les critères de convergence économique nécessaires à la mise en place de cette monnaie soient atteints dès la fin de l’année 2019. Notamment le déficit à 3% du PIB. L’Uemoa est à 4% aujourd’hui. Objectif pour les États membres : descendre à 3% d’ici la fin de l’année pour que l’Eco puisse entrer en vigueur en juillet 2020. Toutefois, il est à noter que cette future monnaie commune commencera dès l’an prochain avec les pays qui sont prêts, c’est-à-dire ceux qui respectent le mieux les critères de convergence. Et c’est la zone CFA qui converge le mieux.