Selon les résultats de l’enquête d’Afrobaromètre sur comment les africains perçoivent la prestation des services publics, publié le mardi 2 avril 2019, il ressort qu’au Bénin, 55% de citoyens paie des pots-de-vin à la Police.
Abdul Wahab ADO
Plusieurs citoyens du Bénin affirment avoir payé des pots-de-vin à la Police. C’est ce que renseignent les résultats d’une nouvelle enquête d’Afrobaromètre à travers le continent africain dont le Bénin. D’après les résultats de l’enquête réalisée dans 34 pays africains, au Bénin, c’est 55% de citoyens qui paye des pots-de-vin à la Police. Selon les résultats, le Bénin est le deuxième pays africain avec ce taux derrière la Guinée dont 65% paye des pots-de-vin à la Police. Dans l’espace de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa), c’est le Bénin qui est en tête avec les 55% des populations victimes du paiement des pots-de-vin à la Police. En Côte d’Ivoire et au Togo, c’est 46% qui paient des pots-de-vin à la Police. Au Niger et au Mali, le taux ceux qui payent des pots-de-vin à la Police est de 41%. Quant au Sénégal et au Burkina-Faso, le taux de ceux qui payent des pots-de-vin à la Police est de 21%. Dans la première puissance économique en Afrique qu’est le Nigéria, le voisin du Bénin, le taux des citoyens qui payent des pots-de-vin à la Police est de 44%. Le Cap-Vert est le seul pays en Afrique où le taux de ceux qui payent des pots-de-vin à la Police est faible, soit 3%. En effet, lors de l’enquête d’Afrobaromètre, une question standard a été posée aux populations: « Combien de fois, le cas échéant, avez-vous dû verser des pots-de-vin, faire un cadeau ou une faveur à [responsable public] afin d’obtenir le service dont vous aviez besoin ? » En réaction, les répondants ayant eu contact avec les services pouvaient répondre « jamais », « une ou deux fois », « quelques fois », ou « souvent ».
Selon l’enquête sur la corruption, les perceptions populaires de changements dans la performance gouvernementale dépendent de ce que les citoyens se sentent obligés ou non de verser des pots-de-vin afin de bénéficier d’un service. L’expérience de cette forme de corruption à petite échelle mine profondément la confiance citoyenne en la performance gouvernementale. A travers cette nouvelle enquête d’Afrobaromètre sur le continent, les africains perçoivent plus une amélioration qu’un déclin de la prestation gouvernementale des services publics de base. Il faut préciser que la série des enquêtes du Round 7 s’appuie principalement sur les données de 34 pays collectées entre septembre 2016 et septembre 2018. Les pays couverts abritent presque 80% de la population du continent.
Comment sont payés les pots-de-vin dans les pays africains?
Selon les résultats de l’enquête d’Afrobaromètre, le versement de pots-de-vin est rapporté au moins « une ou deux fois » pour tous les services en étude, mais le moins souvent pour les soins médicaux (13%) et l’enseignement public (15%). De façon anecdotique, nous avons appris que les pots-de-vin facilitaient, entre autres, les inscriptions dans les écoles, les cours privés, les rendez-vous médicaux, et l’accès aux médicaments détournés. Le versement de pots-de-vin est encore plus commun pour l’acquisition ou l’accélération de l’accès aux documents d’identité (tels que les actes de naissance et les cartes d’identité nationales) et aux services domestiques (tels que les raccordements au réseau électrique, aussi bien légaux qu’illégaux). Un sur cinq clients (19%) rapportent avoir fait de tels paiements annexes. L’enquête mentionne que le versement de pots-de-vin est le plus courant dans le secteur des services de police. De tels paiements sont également probables, que le contact soit initié par le client (« requérant l’assistance de la police ») ou le prestataire (par exemple, « rencontre avec la police à un poste de contrôle »). A première vue, la classification des pays selon le paiement de pots-de-vin à la police semble valide. Elle place les pays ayant une réputation établie de probité dans la gouvernance (Cap Vert, île Maurice, le Botswana, et la Namibie) en queue de peloton et les pays bien connus pour la corruption à grande et petite échelle de la police (le Nigéria et le Kenya) vers la tête de peloton. Les africains sont environ deux fois plus susceptibles de rapporter avoir versé des pots-de-vin pour obtenir l’assistance de la police (26%) que pour obtenir les services éducationnels (15%) ou médicaux (13%). Par ailleurs, Afrobaromètre est un réseau de recherches panafricain et indépendant qui conduit des enquêtes sur les attitudes du public envers la démocratie, la gouvernance, les conditions économiques, et des questions connexes dans plus de 30 pays d’Afrique. Le vrai visage des pays africains est ainsi dévoilé à travers cette enquête d’Afrobaromètre.