La direction nationale de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) pour le Bénin a organisé le jeudi 14 février 2019, à Cotonou, la journée de diffusion des comptes extérieurs du Bénin au titre de l’année 2017. On en retient qu’en 2017, le déficit de la balance des paiements a été sensiblement réduit.
Joël YANCLO
Tous les ans donc, la BCEAO calcule les comptes extérieurs du Bénin en particulier la balance des paiements ainsi que la position extérieure globale. Ainsi, le jeudi 14 février 2019 à Cotonou, la direction nationale de la BCEAO pour le Bénin a diffusé les comptes extérieurs du Bénin au titre de l’année 2017. La manifestation a connu la participation d’une cinquantaine d’invités provenant de l’administration publique, des organisations internationales, du secteur privé, des banques, des universités et centres de recherches. Les membres du Comité national de la balance des paiements étaient également présents. Les travaux ont été consacrés à l’analyse des résultats de la balance des paiements de l’année 2017 et de la position extérieure globale à fin décembre 2017 du Bénin. La cérémonie d’ouverture de cette journée a été marquée par le discours de bienvenue d’Alain Komaclo, directeur national de la BCEAO pour le Bénin et l’allocution du représentant du ministre de l’économie et des finances. La modération des débats a été assurée par Laurent Hounsa, directeur général de l’INSAE. On retiendra qu’en 2017, les échanges extérieurs du Bénin se sont déroulés en cohérence avec un contexte international en phase d’amélioration, marqué par une demande plus vigoureuse et un redressement des cours des matières premières. Le solde global de la balance des paiements s’est ressenti sur cet environnement avec un déficit de 118.287,1 millions en 2017, en recul de 49.725,7 millions par rapport à celui enregistré en 2016. La présentation a mis en exergue une accentuation du déficit structurel du compte courant rapporté au produit intérieur brut (10,0% en 2017 contre 9,4% en 2016) essentiellement sous l’effet d’une hausse des importations de produits alimentaires. En valeur absolue, le déficit de la balance courante s’est creusé en s’établissant à 539.779,3 millions en 2017 contre 479.648,3 millions en 2016. Le déficit du compte courant a été compensé en partie par le compte de capital et le compte financier à la faveur du contexte économique international en amélioration. Le compte financier a enregistré une consolidation des mobilisations de ressources extérieures par le gouvernement, à travers les émissions de titres publics et les tirages de ressources effectués auprès des partenaires financiers. Les entrées d’investissement direct se sont établies à 116.655,5 millions en 2017 contre 78.100,0 millions en 2016, en progression de 38.555,5 millions, en liaison avec les perspectives favorables de l’économie béninoise. Les investissements directs étrangers ont notamment bénéficié aux secteurs de l’intermédiation financière (62,3%), des transports et entreposages (19,3%), de l’industrie (10,1%) et du commerce (8,3%). S’agissant de la Position extérieure globale, elle dégage un passif financier net de 1.877.972,9 millions à fin décembre 2017 contre 1.552.001,3 millions à fin 2016. Les variations nettes induites par les autres changements d’actifs et de passifs se sont élevées à 23.898,7 millions, imputables essentiellement aux évolutions du taux de change entre le franc CFA et les principales devises étrangères. Les actifs sont détenus sous forme d’investissements de portefeuille (44,5%), notamment les titres publics acquis sur le marché régional de la dette publique, sous forme de dépôts (14,2%) et de prêts (13,1%). Ces actifs sont concentrés dans la zone Uemoa (87,6%). Les passifs sont constitués d’emprunts (42,9%), d’investissements directs (32,7%) et d’investissements de portefeuille (14,0%). Ils sont contractés auprès des autres pays (43,7%), des pays de l’Uemoa (37,3%) et de la Zone euro (19,0%).
Perspectives de développement
Face à ces constats, les perspectives de développement des échanges extérieurs des pays de l’Uemoa et d’amélioration des soldes de la balance des paiements du Bénin pourraient être envisagées au plan régional à travers les pays membres de l’Union qui devraient, dans une perspective sous-régionale, poursuivre la mise en œuvre de mesures de promotion de la production de biens et de services de substitution aux importations qui pèsent sur les échanges extérieurs. Ces mesures pourraient notamment porter sur la levée des contraintes qui entravent le dynamisme et la compétitivité du secteur privé de l’Union, notamment par des politiques favorisant la réduction des coûts des facteurs et le soutien aux exportations ; l’approfondissement des réformes structurelles, à travers la consolidation des politiques sectorielles communes dans les domaines des transports et du tourisme ainsi que la poursuite de la restructuration des filières agricoles ; le renforcement des infrastructures (transport, énergie, télécommunication, finance). Au plan national, il apparaît opportun de poursuivre les efforts de diversification de l’économie, notamment à travers la valorisation des filières agricoles identifiées dans le Programme d’actions du gouvernement (PAG) ; d’améliorer le climat des affaires et de recourir davantage au Partenariat Public-Privé pour la réalisation des projets et programmes inscrits au PAG ; de renforcer l’offre d’énergie, conformément aux objectifs sectoriels et aux actions identifiées dans le cadre du deuxième compact du Millennium challenge account (MCA) ; de consolider la mobilisation des ressources intérieures, en lien avec les réformes en cours (connexion des bases de données des différentes régies financières, dématérialisation des procédures de déclaration et de paiement) et le renforcement de l’efficacité des dépenses publiques, afin de créer un espace budgétaire qui permettra d’accroître les investissements publics, tout en préservant la viabilité de la dette ; de poursuivre le reprofilage de la dette publique, pour tenir compte des risques de refinancement liés à la dette intérieure.