Le monde est en ébullition. Peut-être pire que celle de la période de la Deuxième Guerre mondiale et la crise financière de 2008. L’invasion russe en Ukraine vient de remuer la plaie infligée par le Covid-19 à l’économie mondiale. Les experts avertissent que les répercussions seront graves en Afrique. Ceci n’est que le commencement.
Issa SIKITI DA SILVA
La flambée des prix de biens de première nécessité comme, entre autres, le pain, l’huile et d’autres céréales, est imminente. La Russie et l’Ukraine, deux gros producteurs mondiaux de céréales, sont en guerre. La Russie est le premier vendeur de blé au monde, tandis que l’Ukraine est le cinquième. Tous deux fournissent 19% de l’orge, 14% du blé et 4% du maïs du monde, et vendent 52% de l’huile de tournesol, selon l’ONU.
L’arrêt des usines de production de blé en Ukraine et les sanctions de l’Occident envers la Russie vont perturber la production globale et les chaînes d’approvisionnement.
Les pays africains ont importé des produits agricoles d’une valeur de 4 milliards US en 2020, provenant de Russie. Environ 90% de ces produits étaient du blé, et 6 % de l’huile de tournesol. Selon Conversation.com, les principaux pays importateurs étaient l’Égypte, qui représentait près de la moitié des importations, suivie du Soudan, du Nigeria, de la Tanzanie, de l’Algérie, du Kenya et de l’Afrique du Sud.
Les prix alimentaires mondiaux pourraient enregistrer des hausses comprises entre 8% et 20% dans le sillage de la guerre en Ukraine, a alerté vendredi l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Le conflit pourrait entraîner une baisse soudaine des exportations de blé de la Russie et de l’Ukraine, alors que cette céréale est l’aliment de base pour plus de 35% de la population mondiale.
Insécurité alimentaire
La cherté de la vie et l’insécurité alimentaire, ces fléaux qui menacent l’Afrique pendant des décennies, pourraient s’aggraver si la guerre continue et s’étend dans d’autres parties de l’Europe.
L’Afrique, un continent qui ne produit que très peu de céréales ou rien et dépend des pays développés pour combler ses insuffisances pour nourrir ses populations affamées, malades et pauvres, serait confrontée à une terrible malnutrition à cause de la guerre.
« Devant un tel scénario, huit à treize millions de personnes supplémentaires pourraient souffrir de sous-nutrition à travers le monde en 2022/23 », alerte la FAO, ajoutant que la progression de la malnutrition sera particulièrement marquée dans les régions d’Asie-Pacifique et d’Afrique subsaharienne.
Récemment, un mur des lamentations de la cherté de la vie semble se construire dans de nombreux pays africains, y compris au Bénin, au Kenya, en Ouganda et en Afrique du Sud.
« Ceux qui se plaignent maintenant de la cherté de la vie n’ont encore rien vu. La situation va bientôt s’empirer. Comme toujours, les populations pauvres africaines vont payer un lourd tribut. Je crains qu’il y ait des soulèvements et des troubles internes si la situation devient intenable », a averti un professeur d’université qui a requis l’anonymat.